Chibanis : « 1.100 euros de retraite de base, beaucoup en France s’en contenteraient, et au Maroc, c’est Byzance »

Excellent texte de Pauline Mille pour Reinformation.tv, qui revient sur la forfaiture de ces contractuels marocains embauchés par la SNCF, ainsi que leur instrumentalisation par les immigrationnistes.

La Cour d’appel de Paris vient de confirmer l’indemnisation de 848 Chibanis, ces travailleurs marocains engagés par la SNCF comme contractuels voilà quarante ans. Les juges ont ainsi condamné le statut de la SNCF et à travers lui la nationalité française.

Ceux qu’on appelle les Chibanis (littéralement les chenus) sont des marocains blanchis sous le harnois de la SNCF comme jadis le père du Cid dans les travaux guerriers. Ils ont été engagés dans les années soixante-dix et quatre-vingt comme contractuels, le statut de la SNCF étant réservé alors aux employés de nationalité française, avant qu’il ne s’ouvre récemment aux ressortissants de l’union européenne. Ils se plaignent d’avoir subi tout au long de leur carrière des salaires, formations et promotions inférieurs à ceux dont bénéficiaient les « cadres permanents » et « agents de statut », et de retraites moindres. En 2015, le conseil des prudhommes de Paris leur a donné raison, fixant leur indemnisation à environ 170 millions d’euros, soit deux cent mille euros par plaignant en moyenne. Mais la SNCF avait fait appel, et la cour d’appel a rendu son jugement.

L’indemnisation des Chibanis augmentée en appel

Elle a aggravé la condamnation de la SNCF. Les Chibanis avaient augmenté leurs prétentions puisqu’ils demandaient cette fois 628 millions. Leurs avocats avaient rajouté aux premiers griefs un préjudice moral et un préjudice de formation. Sans accorder l’indemnisation financière demandée, la cour d’appel a donné une satisfaction de principe aux Chibanis, elle a condamné la SNCF sur les deux nouvelles qualifications. Elle a également donné son autorité à un jugement qui jusque là n’engageait que les prud’hommes. Il risque désormais de faire jurisprudence. C’est pourquoi la SNCF a décidé d’examiner chaque cas en détail, se réservant le droit d’aller en cassation.

Le statut de la SNCF intègre la nationalité française

Ce qui est en jeu, c’est tout simplement le statut de la SNCF. La SNCF l’a encore rappelé avant le jugement : « En application des règles de droit (…) les salariés doivent obligatoirement posséder la nationalité française pour être recrutés au statut de cheminot ». Il ne faut pas oublier en effet que la SNCF est une société nationale de service public. Ses agents sont apparentés à ceux de l’Etat, et les agents de l’Etat se recrutent parmi les personnes de nationalité française. Un Chibani interrogé par le Parisien se rappelle d’ailleurs que la CGT menaçait de se mettre en grève quand les employés étrangers voulaient donner des coups de canifs dans le statut. C’était le temps où le parti communiste défendait becs et ongles le service public, et même, dans les banlieues, une forme de préférence nationale.

La CFDT et le syndicat Sud-Rail, conformément à la stratégie socialiste définie par le think tank Terranova, ont joué, eux, dès le début, la carte immigrée, et donc la remise en cause du statut. Jean-Marc Hernandez, de Sud-Rail, a salué le jugement de la Cour et en tire des conséquences juridico-politiques : « C’est très fort comme décision. Aujourd’hui, vous êtes embauchés au statut, avec les avantages qui vont avec, lorsque vous avez moins de trente ans, et comme contractuel quand vous êtes plus âgé. C’est une discrimination par rapport à l’âge ».

Les juges ont condamné la discrimination

Le raisonnement est aussi simple que révolutionnaire : une fois acquise la fin des discriminations en fonction de la nationalité, c’est toutes les formes de discrimination qu’il faut faire sauter, donc en fin de compte, le statut de la SNCF lui-même. Il y a peu de chance que ce point de vue l’emporte. Pour une raison financière d’abord : 20.000 salariés de la SNCF sur 150.000 pourraient en l’invoquant saisir les prud’hommes, ce qui coûterait cher. Et puis ce n’est pas le but de l’agitation menée autour de l’affaire : ce qui compte pour les juges qui ont jugé, c’est que soit condamnée la discrimination en fonction de la nationalité. Un survol de la presse suffit à s’en convaincre. Ses différents organes chantent à l’unisson « les indigènes du rail », ou « les déclassés de la SNCF », les « retraites au rabais », les « souffrances », les « humiliations », leur terrible « vie au service de la SNCF », victimes de « dumping social », au « visage marqué », qui « ont vu mourir nombre de leurs camarades avant que justice ne soit faite ». C’est la discrimination envers de pauvres étrangers maghrébins qui est condamnée.

Derrière l’indemnisation une attaque contre la nationalité française

La même unanimité se retrouve dans l’institution judiciaire : les juges sont d’accord avec l’avocat général, qui est d’accord avec l’avocate des plaignants. Celle-ci, Clélie de Lesquen-Jonas, s’est écriée dans un grand mouvement de manche : « C’est 40 ans de discrimination qui sont posés devant vous. » Et l’avocat général, à sa manière plus chattemite : « D’une manière générale, la discrimination pourra être retenue ».

On devrait embarquer tout ce beau monde et le coller en prison pour forfaiture. Car il n’y a pas plus de discrimination que de beurre en broche, le statut de la SNCF est un statut légal reconnu comme tel par la société française, et l’application stricte de la loi suffit à rejeter les prétentions des Chibanis et du puissant lobby qui les instrumentalise. Il ne s’agit pas ici pour eux de « retrouver leur dignité perdue », il ne s’agit pas de « réhabilitation morale », il s’agit, par le moyen d’un gros cadeau financier, de faire participer ces hommes à une opération politique.

Les Chibanis instrumentalisés par les juges et les médias

Car les Chibanis eux-mêmes n’ont d’abord rien demandé. On a fait dire à quelques-uns « au nom de leur collègues de travail », qu’ils auraient travaillé « comme des moutons », tête baissée, car ils avaient « une famille sur le dos ». Non. Plus prosaïquement, ils ont été embauchés dans leurs douars natals, souvent très jeunes, à dix-huit ans, avant d’être mariés, sous des contrats privés qui ont été intégralement respectés. Ils ont été très correctement payés, beaucoup ont d’ailleurs profité de la proposition de la SNCF de les envoyer en retraite à 55 ans, comme les agents du statut. C’était quand même, quand on voit d’où ils venaient, l’Eldorado. Ce qui les a fait tiquer, en vieillissant, c’est la réussite de leurs cadets : « Quand on a vu les jeunes qu’on avait formés devenir nos chefs, on s’est posé des questions ». Ces jeunes, nés en France, avaient donc la nationalité française et pouvaient profiter du statut. Alors les Chibanis se sont renseignés et ont appris que la retraite de leurs collègues jouissant du statut était plus importante que la leur. Et ils se sont laissés instrumentaliser par le lobby de l’immigration.

Procès abusifs contre la SNCF = insécurité des usagers

Smaïn Laacher, professeur de sociologie, l’a expliqué à notre confrère Le Monde : « C’est aussi lié au contexte historique : quand ils ont été embauchés, il n’était nullement question de lutte contre les discriminations et les inégalités sociales. C’est devenu un sujet majeur au tournant du siècle». Car les Chibanis contrairement à ce que veut faire croire la campagne de presse qui les a pris pour prétexte, ne sont pas malheureux. Ils se plaignent, mais pour ce qu’on leur a appris à considérer comme une injustice, contre ceux qu’ils jugent injustement privilégiés. En valeur absolue, ça va pour eux : 1.100 euros de retraite de base, beaucoup en France s’en contenteraient, et au Maroc, c’est Byzance.

C’est pourquoi les nombreux procès politiques menés sous des prétextes moraux, tant en France qu’aux Etats-Unis, ont quelque chose de profondément immoral : chaque fois qu’une indemnisation abusive est prononcée, les bénéfices déjà légers de la SNCF s’évanouissent, et les investissements nécessaires à la sécurité des usagers aussi. Les aiguillages, les passages à niveau, qui tombent en panne, sont la conséquence de la guerre politique menée par les juges contre la nationalité française à travers la SNCF.

Nationalité française : les contradictions de la gauche

Les hésitations et les changements de pieds des syndicats sont révélateurs à cet égard, ils éclairent les contradictions de la gauche. Le statut de la SNCF, le service public, c’est très bien quand il s’agit de critiquer, dans l’abstrait, les excès putatifs de l’hyper-libéralisme. Mais c’est très mal quand il s’agit de défendre l’intérêt national. Telles sont les contradictions que la France insoumise résout par son international-socialisme, par la mondialisation des revendications, sans égard ni pour les intérêts des travailleurs français ni pour les lois de la république française.

1 commentaire concernant l'article “Chibanis : « 1.100 euros de retraite de base, beaucoup en France s’en contenteraient, et au Maroc, c’est Byzance »”

  1. Ils ne sont pas français, le peule de France n’a pas eu de référendum pour çà, qui s’est permis de leur donner la nationalité française ?

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