3e Dimanche de l’Avent (textes et commentaires)

Nous vous proposons une présentation des textes liturgiques propres à ce dimanche (rite catholique traditionnel, tel que le connaissaient nos ancêtres).

« Toute cette messe est imprégnée des sentiments de joie dont l’Église, émue à l’approche du Sauveur, veut pénétrer nos âmes. « Le Seigneur est proche, dit l’Épître, réjouissez-vous » ; et dans l’Évangile, nous voyons Jean le Précurseur qui annonce la venue du Messie, qui en dit les grandeurs et qui s’efface devant lui. Attendons dans une sainte joie   « la grâce de la visite de Dieu ». (Oraison) »

Dom G. Lefebvre

COMMENTAIRE DE DOM GUÉRANGER
(dans l’Année liturgiquedisponible ici avec ses autres livres) :

« La joie de l’Église s’accroît encore dans ce Dimanche. Elle soupire toujours après le Seigneur ; mais elle sent qu’il approche, et elle croit pouvoir tempérer l’austérité de cette carrière de pénitence par l’innocente allégresse des pompes religieuses.
D’abord, ce Dimanche a reçu le nom de Gaudete, du premier mot de son Introït ; mais, de plus, on y observe les touchants usages qui sont propres au quatrième Dimanche de Carême appelé Laetare. On touche l’orgue à la Messe ; les ornements sont de la couleur rose ; le Diacre reprend la dalmatique, et le Sous-Diacre la tunique ; dans les Cathédrales, l’Évêque assiste, paré de la mitre précieuse. Admirable condescendance de l’Église, qui sait si bien unir la sévérité des croyances à la gracieuse poésie des formes liturgiques ! Entrons dans son esprit, et réjouissons-nous aujourd’hui, à cause de l’approche du Seigneur. Demain, nos soupirs reprendront leur cours ; car bien qu’il ne doive par tarder, il ne sera pas venu encore.

La Station a lieu dans la Basilique de Saint-Pierre, au Vatican. Ce temple auguste qui couvre le tombeau du Prince des Apôtres est l’asile universel du peuple chrétien ; il convient qu’il soit témoin des joies comme des tristesses de l’Église. L’Office de la nuit débute par un nouvel Invitatoire : la voix de l’Église ne convie plus les fidèles à venir adorer avec terreur le Roi qui doit venir, le Seigneur. Son langage change de caractère ; son cri est un cri d’allégresse ; tous les jours, jusqu’à la Vigile de Noël, elle ouvre les Nocturnes par ces grandes paroles :

Prope est iam Dóminus : veníte, adorémus. Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

Prenons maintenant le livre du Prophète, et lisons avec la sainte Église  (du Prophète Isaïe. CHAP. XXVI.) :
O sainte Église Romaine, Cité de notre force ! Nous voici rassemblés dans tes murs, autour du tombeau de ce pêcheur dont la cendre te protège sur la terre, tandis que son immuable doctrine t’éclaire du haut du ciel. Mais, si tu es forte, c’est par le Sauveur qui va venir. Il est ta muraille d’enceinte ; car c’est lui qui enveloppe tous tes enfants dans sa miséricorde ; il est ton rempart invincible ; car c’est par lui que les puissances de l’enfer ne prévaudront jamais contre toi. Dilate tes portes, afin que tous les peuples se pressent dans ton enceinte : car tu es la maîtresse de la sainteté, la gardienne de la vérité. Puisse l’antique erreur qui s’oppose à la foi finir bientôt, et la paix s’étendre sur tout le troupeau ! O sainte Église Romaine ! Tu as mis à jamais ton espérance dans le Seigneur ; et à son tour fidèle à sa promesse, il a humilié devant toi les hauteurs superbes, les cités d’orgueil. Où sont les Césars qui crurent t’avoir noyée dans ton propre sang ? Où sont les Empereurs qui voulurent forcer l’inviolable virginité de ta foi ? Où sont les sectaires que chaque siècle, pour ainsi dire, a vus s’attaquer successivement à tous les articles de ta doctrine ? Où sont les princes ingrats qui tentèrent de t’asservir, toi qui les avais faits ce qu’ils étaient ? Où est cet Empire du Croissant qui tant de fois rugit contre toi, lorsque, désarmée, tu refoulais si loin l’orgueil de ses conquêtes ? Où sont les Réformateurs qui prétendirent constituer un Christianisme sans toi ? Où sont ces sophistes modernes, aux yeux desquels tu n’étais plus qu’un fantôme impuissant et vermoulu ? Où seront, dans un siècle, ces rois tyrans de l’Église, ces peuples qui cherchent la liberté hors de la vérité ? Ils auront passé avec le fracas du torrent ; et toi, tu seras toujours calme, toujours jeune, toujours sans rides, ô sainte Église Romaine, assise sur la pierre inébranlable. Ta marche à travers tant de siècles aura été droite, comme celle du juste ; tu te retrouveras toujours semblable à toi-même, comme déjà tu n’as cessé de l’être durant dix-huit siècles, sous le soleil qui hors de toi n’éclaire que les variations de l’humanité. D’où te vient cette solidité, si ce n’est de celui qui lui-même est la Vérité et la Justice ? Gloire à lui en toi ! Chaque année, il te visite ; chaque année, il t’apporte de nouveaux dons, pour t’aider à achever le pèlerinage ; et jusqu’à la fin des siècles, il viendra ainsi te visiter, te renouveler, non seulement par la puissance de ce regard avec lequel il renouvela Pierre, mais en te remplissant de lui-même, comme il remplit la glorieuse Vierge, l’objet de ton plus doux amour, après celui que tu portes à l’Époux. Nous prions avec toi, ô notre Mère ! et nous disons : Venez, Seigneur Jésus ! « Votre Nom et votre souvenir sont les délices de nos âmes ; elles vous désirent durant la nuit, et dès le point du jour nous nous réveillons pour songer à vous. »

A LA MESSE.
Tout le peuple étant attentif, la voix des chantres entonne la mélodie grégorienne, et fait retentir ces consolantes paroles de l’Apôtre :

Introït (Phil. 4, 4-6):
Soyez toujours joyeux dans le Seigneur ! Je vous le répète : soyez joyeux. Votre sérénité dans la vie doit frapper tous les regards, car le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien, mais dans toutes vos prières exposez à Dieu vos besoins.
Ps, 84,2 : Seigneur, vous avez béni votre domaine, vous avez délivré Jacob de la captivité.

L’Église demande, dans la Collecte, la grâce de cette visite qui apporte la lumière et dissipe les ténèbres. Les ténèbres causent la terreur à l’âme ; la lumière, au contraire, réjouit et raffermit le cœur.

Collecte :
Seigneur, prêtez l’oreille à nos prières : et quand vous nous ferez la grâce de venir parmi nous, apportez votre lumière dans l’obscurité de nos âmes.

ÉPÎTRE.
Lecture de l’Epitre de Saint Paul aux Philippiens
:
Mes Frères : Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous. Que votre modération soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute circonstance faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus.

Nous devons, nous réjouir dans le Seigneur ; car le Prophète et l’Apôtre s’accordent à encourager nos désirs vers le Sauveur : l’un et l’autre nous annoncent la paix. Soyons donc sans inquiétude : Le Seigneur est proche ; il est proche de son Église ; il est proche de chacune de nos âmes. Pouvons-nous demeurer auprès d’un feu aussi ardent, et demeurer glacés ? Ne le sentons-nous pas venir, à travers tous les obstacles que sa souveraine élévation, notre profonde bassesse, nos nombreux péchés lui suscitaient ? Il franchit tout. Encore un pas, et il sera en nous. Allons au-devant de lui par ces prières, ces supplications, ces actions de grâces dont parle l’Apôtre. Redoublons de ferveur et de zèle pour nous unir à la sainte Église, dont les vœux vont devenir de jour en jour plus ardents vers celui qui est sa lumière et son amour. Répétons d’abord avec elle :

Graduel :
Vous, Seigneur, dont le trône est porté par les Chérubins, réveillez votre puissance et venez.
V./ Ecoutez-nous, Pasteur d’Israël, vous qui menez le peuple de Joseph comme un berger son troupeau.
Allelúia, allelúia.
V/. Réveillez votre puissance Seigneur, et venez pour nous sauver. Alléluia.

ÉVANGILE.
Suite du Saint Evangile selon saint Jean :
En ce temps-là : Les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites vers Jean pour demander : « Qui êtes-vous ? » Il déclara, et ne le nia point ; il déclara : « Je ne suis point le Christ. » Et ils lui demandèrent : « Quoi donc ! Etes-vous Elie ? » Il dit « Je ne le suis point » « Etes-vous le prophète ? » Il répondit « Non » « Qui êtes-vous donc », lui dirent-ils, « afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés ». « Que dites-vous de vous-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme l’a dit le prophète Isaïe. » Or ceux qu’on lui avait envoyés étaient des Pharisiens. Et ils l’interrogèrent, et lui dirent : « Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n’êtes ni le Christ, ni Elie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi je baptise dans l’eau ; mais au milieu de vous il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas, C’est celui qui vient après moi ; je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure. » Cela se passait à Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisait.

Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas, dit saint Jean-Baptiste aux envoyés des Juifs. Le Seigneur peut donc être proche ; il peut même être venu, et cependant demeurer encore inconnu à plusieurs. Ce divin Agneau fait la consolation du saint Précurseur, qui estime à si grand honneur de n’être que la Voix qui crie aux hommes de préparer les sentiers du Rédempteur. Saint Jean est en cela le type de l’Église et de toutes les âmes qui cherchent Jésus-Christ. Sa joie est entière à cause de l’arrivée de l’Époux ; mais il est entouré d’hommes pour qui ce divin Sauveur est comme s’il n’était pas. Or, nous voici parvenus à la troisième semaine de ce saint temps de l’Avent : tous les cœurs sont-ils ébranlés au bruit de la grande nouvelle de l’arrivée du Messie ? Ceux qui ne veulent pas l’aimer comme Sauveur, songent-ils du moins à le craindre comme juge ? Les voies tortueuses se redressent-elles ? les collines songent-elles à s’abaisser ? la cupidité et la sensualité ont-elles été sérieusement attaquées dans le cœur des chrétiens ? Le temps presse : Le Seigneur est proche ! Si ces lignes tombaient sous les yeux de quelques-uns de ceux qui dorment au lieu de veiller dans l’attente du divin Enfant, nous les conjurerions d’ouvrir les yeux et de ne plus tarder à se rendre dignes d’une visite qui sera pour eux, dans le temps, l’objet d’une grande consolation, et qui les rassurera contre les terreurs du dernier jour. O Jésus ! Envoyez votre grâce avec plus d’abondance encore ; forcez-les d’entrer, afin que ce que saint Jean disait de la Synagogue ne soit pas dit du peuple chrétien : Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas.

Pendant l’oblation, on doit s’unir au vœu de l’Église, et demander avec elle la fin de la captivité dans laquelle nos péchés nous retiennent, et l’arrivée du Libérateur.

Offertoire :
Seigneur, vous avez béni votre domaine, vous avez délivré Jacob de la captivité. Vous avez pardonné les fautes de votre peuple.

Secrète :
Faites, Seigneur, que sans cesse vous soit offerte la victime de notre sacrifice, pour que s’accomplisse le mystère divin que vous avez institué, et que s’opère en nous l’œuvre merveilleuse de notre salut.

Préface de la Sainte Trinité

Pendant la Communion, les paroles que l’Église chante sont empruntées du Prophète Isaïe ; elles ont pour but de rassurer le cœur de l’homme faible et pécheur.

Communion :
Dites à ceux dont le cœur défaille : « Courage ! n’ayez plus peur !Voici notre Dieu qui vient : il va nous sauver. »

La sainte Église, dans la postcommunion, demande que la visite secrète qu’elle vient de recevoir de son Époux la dispose à la solennelle visite qu’il s’apprête à lui faire dans la solennité de Noël.

Postcommunion :
Nous implorons Votre clémence, Seigneur : que cette nourriture divine nous purifie de nos fautes et nous prépare ainsi aux fêtes qui approchent.

Si le troisième dimanche de l’Avent tombe le 17 Décembre, en place de l’antienne prévue, on dit la première des Grandes Antiennes (O Sapientia) »

Source Introibo