France : Pour la première fois, un homme est condamné pour avoir laissé conduire son ami ivre

Attention, sous couvert de bonnes intentions ce jugement est extrêmement dangereux. En poussant un peu plus loin le raisonnement nous pourrions être tenus responsables des actes de nos amis et pourquoi pas de nos voisins. Espérons que cette condamnation ne fasse pas jurisprudence.

Le 22 décembre 2012, vers 5h du matin, Charlotte, 18 ans, mourrait après avoir été renversée par un automobiliste. Roulant à toute vitesse, sous l’emprise de l’alcool et de stupéfiants, et sans permis de conduire valide, ce Montpelliérain de 35 ans avait pris la fuite après le drame avant d’être arrêté quelques heures plus tard. Ce jeudi après-midi, plus de deux ans après les faits, la cour d’appel de Montpellier a confirmé le jugement de la première instance, soit une condamnation à six ans de réclusion criminelle.
Une première en France

Le caractère «historique» de l’arrêt de la cour est ailleurs: l’ami du chauffard, qui a fauché Charlotte, a lui aussi été condamné. Il avait prêté son véhicule et laissé partir son ami: il écope de dix-huit mois de prison avec sursis, contre un an dont six mois avec sursis en première instance. Etre condamné pour avoir laissé conduire un ami ivre qui commet un homicide sur la route, c’est une première en France. «C’est un combat que l’on avait engagé il y a deux ans, explique Stéphane Landais, le père de Charlotte. Si on peut empêcher quelqu’un de prendre le volant, il faut le faire. Cela peut sauver des vies. On espère que ce jugement permettra d’aller vers plus de responsabilisation des citoyens. Il y a un vide juridique en France, qu’il faut combler…»

Pour maître Carron, l’avocat des parents de Charlotte, ce combat quitte la sphère judiciaire, pour rejoindre «le terrain politique». «Les responsabilités des deux hommes ont été reconnues au même niveau: l’homicide involontaire. C’est une décision très forte, qui doit bénéficier d’un large écho dans la société. J’invite les gens à se responsabiliser, sur la sécurité routière», note-t-il. De son côté, maître Poilpré, l’avocat de l’ami du chauffard, n’adhère pas à l’arrêt de la cour d’appel prononcé ce jeudi. «La culpabilité ne peut pas être retenue… La cour a retenu que mon client n’avait pas fait le nécessaire, pour empêcher son ami de prendre le volant, arguant le fait que c’était un ami de très longue date. Je ne vois pas le rapport. Il n’avait pas le pouvoir de lui prendre sa clé…» L’homme devrait se pouvoir en cassation pour contester la décision.

Source : 20minutes