Pour Marine Le Pen, la défense de la famille n’est pas une priorité

Marine le Pen a évoqué hier sur LCI la manifestation du 13 janvier, pour la défense de la famille naturelle. « Même si je vais manifester, ce que je n’ai pas encore décidé, je le ferai pour dire attention, il y a d’autres sujets qui sont des sujets bien plus importants que cela, et auquel le gouvernement se refuse de répondre » a-t-elle déclaré, soulignant que, selon elle, la « priorité aujourd’hui, c’est de s’attaquer à la situation sociale qu’aggrave le gouvernement par des mesures d’austérité qui sont épouvantables« .

On l’aura compris, la défense de la cellule familiale n’est plus une priorité pour le Front National, qui l’a d’ailleurs déclassé dans son programme de 2012 : Marine le Pen préfère s’attaquer d’abord à la situation économique et sociale. C’est bien dommage, car à moins de réduire l’homme à n’être qu’un producteur ou un consommateur, l’économie n’est pas première : elle doit rester subordonnée au politique. L’homme en effet ne vit pas que de pain. Quant à la question sociale, qui peut ignorer qu’elle est aussi relative à la politique familiale et aux problématiques de l’éducation et de la démographie ?

En tout état de cause, les questions sociétales ne sont pas marginales : les interrogations qu’elle impliquent sous tendent en effet une idée de l’homme et de la place qu’il tient dans la société. En dernière analyse, toute politique repose donc sur une anthropologie. En l’occurrence, face à la mondialisation, et au mondialisme qui la prétexte pour émanciper l’homme de toutes attaches et de tout passé, pour niveler les différences et uniformiser nos sociétés, l’opposition nationale doit entretenir la vision de l’homme enraciné, rattaché à la planète par un ensemble de liens concentriques qui le constituent héritier aux sein des structures traditionnelles et historiques. A cette école, il existe principalement deux communautés naturelles d’appartenance : la famille d’abord, condition de la transmission de la vie et de l’éducation ; puis la nation, société plus vaste dans laquelle s’achève la cellule domestique.  La famille est ici un élément structurel de la nation,  puisque en organisant la filiation, elle devient la condition d’une société pérenne ; elle devient le fondement objectif d’une société qui ne peut s’inscrire dans la durée sans que soit assuré le renouvellement des générations et l’éducation des enfants.

Ce que Marine le Pen doit comprendre, c’est qu’il n’y a finalement pas de politique nationale sans politique familiale. Ce qu’elle doit comprendre, c’est que les ennemis de la famille sont les ennemis de nation. Car leur ressort idéologique est le même : dépasser les structures d’enracinement et d’appartenance pour libérer l’homme de tout lien de dépendance, de toute attache. Comme s’il n’était plus débiteur de rien ni de personne et qu’il pouvait se réaliser en dehors de toute relation à l’altérité. Un besoin d’indépendance jusqu’à l’absurde. Le ressort idéologique de ces négateurs du réel, c’est la volonté de rentrer dans un rapport de propriété aussi bien avec la famille qu’avec la nation, pour les soumettre à leurs caprices et à toutes les expérimentations possibles. Dans le sillage des théories du contrat social qui récusent le caractère naturel et organique de toute société humaine.

Ce que Marine le Pen doit saisir, ce sont les implications ultimes des principes qu’elle prétend défendre. Sans boussole idéologique, ni colonne vertébrale doctrinale, pas de crédibilité pour l’homme politique.

Jean de Rouen

Bruno Gollnisch pris à partie sur le site officiel du FN

La campagne interne de succession s’est brusquement tendue, avec un flot d’attaques envers Bruno Gollnisch, se reprenant les unes les autres. Celle d’Alain Jamet, directeur de campagne de Marine Le Pen, a même été reprise sur le site officiel du parti ! On y lit notamment que « la démarche de Bruno Gollnisch, à quelques semaines d’un congrès essentiel, n’est pas rassurante pour l’unité de notre famille, elle m’affecte et m’inquiète profondément. »
Il est reproché à Bruno Gollnisch d’avoir dit vouloir la réconciliation avec les nombreux cadres et militants ayant quitté le parti pour continuer l’action politique sans être sous la houlette de la fille du chef, et leur retour au bercail.
Rien de choquant en soi, mais on peut deviner dans ces réactions agressives et disproportionnées la crainte, chez les partisans de Marine, que la victoire puisse échapper à celle-ci en janvier.
N’ayant pas peur de la contradiction, ces cadres font semblant d’oublier que si Bruno Gollnisch veut rassembler la « famille nationale » en tournant la page des crises internes passées, Jean-Marie Le Pen a accueilli sans difficulté des dirigeants du MNR qui se présentaient il y a peu contre le FN. Comme Nicolas Bay – en pointe aujourd’hui dans la lutte anti-gollnisch – que l’on peut retrouver dans la video ci-dessous, quand il s’exprimait sur les Le Pen.
Les anciens scissionistes et nouveaux adhérents ne seraient-ils bienvenus dans le parti qu’à condition qu’ils soutiennent Marine ?

On pourra lire la réaction de Bruno Gollnisch ici. « Etrangement », elle n’a pas été reprise sur le site du FN, ce qui semble confirmer la confiscation de l’appareil frontiste par le clan mariniste.