Décès du patriote Lajos Marton (un homme condamné deux fois à mort!)

C’est un homme hors du commun, acteur et témoin des grandes déchirures du XXe siècle, qui s’est éteint ce 7 décembre, à l’âge de 94 ans.

Né en 1931 dans une famille paysanne à Pósfa, un village de l’ouest de la Hongrie.
Excellent élève, il veut devenir officier, et intègre très vite l’état-major de l’armée de l’air où il a accès à des informations importantes sur l’organisation du Pacte de Varsovie. Il constitue des dossiers qu’il transmet à l’OTAN par l’intermédiaire de la des États-Unis. En octobre 1956, il participe à l’insurrection anti-communiste, et lorsque les Soviétiques attaquent la Hongrie en novembre 1956, il prend la fuite vers la France (la justice hongroise le condamnera à mort par contumace en 1959).
Anticommuniste, il se lie à des milieux militants et militaires français, et participe à l’Opération Résurrection en mai 1958 qui contribue à la prise de pouvoir en France de De Gaulle. Plus tard, il est recruté dans le commando du colonel Bastien-Thiry :

« J’ai pris part en mai 1958 à l’opération « Ré­surrection » qui a porté De Gaulle au pouvoir. Hélas, De Gaulle a trompé le pays et trahi ses promesses les plus solennelles en livrant finalement l’Algérie aux pires tueurs du FLN. J’étais révolté par le sort tragique des pieds-noirs, chassés de chez eux comme nous, Hongrois, l’avions été, et par l’abandon des harkis qui avaient servi la France. Nous avons toujours agi sous les ordres de militaires français, qui représentaient à nos yeux la légalité et « la plus grande France », pour reprendre les mots du général Weygand. Nous aurions pu mener des vies paisibles dans une France alors prospère. Au lieu de cela, nous avons risqué notre vie par amour de ce grand pays ! »

Après l’opération du Petit-Clamart contre De Gaulle, il parviendra à vivre dans la clandestinité pendant plus d’un an et sera condamné à mort par contumace.
Arrêté en septembre 1963, Lajos Marton a droit à un nouveau procès, où il écope d’une peine de 20 ans de prison. Comme la plupart des combattants de l’OAS, il sera gracié et libéré en 1968. Il obtient la nationalité française dans les années 80.

En juillet-aôut 1983, Lajos Marton fait partie du Commando Omega en tant que « conseiller technique » dans le cadre de l’intervention de la DGSE au Tchad, pour préparer l’Opération Manta qui repoussa une offensive sur le Tchad composée de rebelles tchadiens menés par Goukouni Oueddei et dirigée en sous-main par Mouammar Kadhafi.

Quand on lui avait demandé si, finalement, 50 ans après l’attentat du Petit-Clamart, il avait des regrets, il avait répondu :

« je ne peux que répéter ce que j’ai répondu au général Gardet, président de la cour militaire de Justice à sa dernière question pendant mon procès : « Je regrette que l’opération n’ait pas réussi ».

► Quelques exemplaires des mémoires de cet homme remarquable sont encore disponibles : Ma vie pour la patrie.

 

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