Xi, Erdogan : les dictateurs qui piétinent l’Occident

Tribune d’Olivier Piacentini (ses livres ici) pour Contre-info :

« La crise du coronavirus a véritablement affaibli l’Occident à un point tel que nos ennemis ne cachent même plus leurs intentions.
Turquie et Chine avancent leurs pions, piétinent l’Occident, n’ont que faire du droit international, des incantations de l’Union Européenne, de la Communauté internationale.
Eux agissent, à visage découvert, ils ne craignent plus personne.
La Chine a promulgué une loi sécuritaire pour « normaliser » Hong Kong, la soumettre au droit chinois commun, à savoir celui d’une dictature totalitaire impitoyable : il faut rappeler que depuis son retour dans le giron de Pékin en 1997, après des décennies de protectorat britannique, Hong Kong bénéficiait d’un statut dérogatoire qui maintenait les libertés publiques en l’état. Statut que Pékin s’emploie depuis maintenant deux ans à démolir, et qui y est parvenu, désormais :
dès l’annonce de la promulgation de la loi sécuritaire, plusieurs centaines d’opposants ont été interpellés, pour avoir porté des tee-shirts appelant à la révolte, ou pour s’être exprimé sur les réseaux sociaux.
Les injonctions de l’Union Européenne, de la Grande Bretagne, doivent faire ricaner Xi, plutôt que l’angoisser.
Xi a désormais la main, sans que personne ne semble en mesure de s’opposer à ses ambitions.
La seule chose que Johnson ait pu faire, c’est accorder aux Hong-Kongais qui le veulent le statut de réfugié politique.

La semaine dernière, c’est l’Inde qui a fait les frais de cette situation, l’armée chinoise pénétrant sur son territoire, dans la région de Pangong Tso revendiquée depuis des décennies par la Chine.
Mais c’est maintenant que Xi se sent les mains libres pour agir : pas plus qu’à Hong-Kong, les Européens ne seront en mesure d’aider l’Inde.
Il y a quelques semaines, c’est un navire Français qui a été intercepté en mer de Chine par la marine chinoise : la France a avalé son chapeau, et fait comme si de rien n’était.
Taiwan et le Japon ont du souci à se faire, car plus personne ne semble en mesure d’arrêter les projets impérialistes de Xi.

Erdogan, Xi y vont de concert : les deux semblent s’être passés le mot. Le mot d’un Occident faible, impotent, incapable de freiner leurs ambitions. En Méditerranée, au large des côtes libyennes, c’est encore une fois un navire français que la flotte turque a agressé l’autre nuit.
Cette fois, Macron a protesté, dénoncé la violation du droit en Libye par Erdogan, et l’envoi massif de troupes en renfort de Sarraj, maître de Tripoli mais en sursis. Il a également critiqué les forages gaziers illégaux au large de Chypre par Ankara.
Chypre, qui illustre parfaitement la faiblesse européenne vis à vis de la Turquie : cela fait maintenant plus de quarante ans que l’est de l’île est occupé illégalement par l’armée turque, sans que l’Union Européenne ni l’Otan ne fassent quoi que ce soit.
Le dernier livre de Jean-Claude Rolinat paru aux Éditions des Cimes sur la question est édifiant.
Entre la Grèce, pays membre de l’Union, et mère de l’Europe et de sa culture, et la Turquie islamiste, Bruxelles a choisi : c’est Erdogan et l’AKP qu’ils préfèrent. Car la Turquie est membre de l’Otan, un membre essentiel aux yeux de Washington, car collé à la frontière russe. Or, pour la diplomatie américaine, Poutine est un danger bien plus grand que l’islamisme. Alors, il faut ménager Erdogan. Et Berlin embraie : l’Allemagne et la Turquie ne sont-ils pas de vieux alliés ?
Erdogan a désormais les mains libres pour envahir l’Europe : il a la garde de 3 millions de réfugiés, dont Bruxelles lui a confié la garde moyennant 6 milliards d’euros ; et il a déjà engagé une invasion migratoire de l’Europe, en lançant en mars dernier des migrants sur les côtes grecques.
Maintenant qu’il est engagé en Libye, il maitrisera les deux frontières d’entrée de l’Union Européenne, par la Grèce à l’Est, par l’Italie à l’Ouest. Qui l’arrêtera ?
Madame Merkel est son alliée, c’est elle qui avait négocié cet accord lamentable sur les réfugiés, sans même en référer aux « partenaires » européens.
Bruxelles est aux ordres de Berlin, et se fiche pas mal de l’immigration de masse.
Quant à Washington, ils ne feront rien contre Erdogan.
Seul Poutine est en mesure de l’arrêter, ce qu’il a déjà fait en début d’année, au nord de la Syrie. La diplomatie française ferait bien de se rapprocher de Moscou, c’est une fois de plus notre dernière planche de salut.
Comme ce fut le cas après les attentats de 2015, où seul Poutine s’activa pour porter à Daesh un coup fatal, pendant que les Obama, Merkel et consorts laissaient la France seule face au terrorisme islamiste.
L’Europe et la France ont depuis longtemps abandonné la défense de leurs intérêts, le maintien de leur puissance : c’est à présent que nous allons payer le tribut de cette politique, et que notre modèle occidental va subir les première attaques frontales des dictatures totalitaires qu’on a voulu voir pendant trente ans comme des partenaires… »