La Turquie, l’Algérie et la France

Suite à une récente et idiote loi française concernant l’indéniable génocide des Arméniens par la Turquie, le chef de ce pays a osé accuser la France d’avoir commis un génocide en Algérie !
L’africaniste Bernard Lugan fait pièce à ces élucubrations :

« Algérie : la Turquie a la mémoire courte

Les déclarations du Premier ministre turc, Monsieur Erdogan, à propos du « génocide » que la France aurait commis en Algérie, relèvent à la fois de l’hystérie verbale et de la plus grotesque manipulation historique. De plus, Monsieur Erdogan est bien mal placé pour parler de « génocide » en Algérie, région qui fut durant trois siècles une colonie ottomane sous le nom de Régence d’Alger (Wilayat el-Djezair en arabe et Gezayir-i Garp en turc), et dans laquelle les janissaires turcs s’illustrèrent par leurs méthodes particulièrement brutales et expéditives.

En 1520, Sidi Ahmed ou el Kadhi fut le premier résistant kabyle à la colonisation turque, réussissant même à s’emparer d’Alger et forçant le chef de bande Khar ad-Din Barberos à se replier à Djidjelli.

En 1609, les Kabyles vinrent battre les murs d’Alger puis, entre 1758 et 1770, ce fut toute la Kabylie qui se souleva. Au début du XIX° siècle, plusieurs autres insurrections se produisirent, notamment entre 1805 et 1813, puis en 1816 et enfin en 1823. Il en fut de même dans les Aurès où les Chaouias réussirent à interdire toute présence effective du pouvoir ottoman. Constantine fut un cas à part car les Ottomans y avaient de solides alliés avec la tribu des Zemoul, ce qui n’empêcha pas les autres tribus kabyles de se soulever régulièrement.

Tous ces mouvements furent noyés dans le sang, à l’image de ce qui fut la règle en Libye : « La force est employée à la turque : les colonnes de réguliers, Turcs et Couloughlis, usent du sabre, du fusil et du canon, brûlent récoltes et villages, s’emparent d’otages, empalent et décapitent, exposant par dizaines les têtes coupées. L’usage de la force démontre la résolution du maître et l’irréversibilité de la situation » [1]

Dans la Régence d’Alger, les Turcs pratiquèrent une ségrégation institutionnalisée, la politique de l’élite dirigeante militaro administrative ottomane étant d’éviter de se dissoudre par mariage dans la masse de la population.

La violence ottomane ne s’exerça pas uniquement contre les populations locales. Quelques exemples :

– Le 27 mai 1529, après un siège de trois semaines, les 25 survivants de la garnison espagnole qui défendait le fort construit dans la baie d’Alger capitulèrent contre la promesse qu’ils auraient la vie sauve ; or, leur chef, le comte Martin de Vargas, grièvement blessé, fut massacré à coups de bâton par les soldats turcs.

– Le 20 juillet 1535 Khayr ad-Din Barbaros lança un raid sur l’île de Minorque, aux Baléares, enlevant plusieurs centaines de captifs, hommes, femmes et enfants qui furent vendus sur le marché aux esclaves d’Alger.

– En 1682, après que le Dey eut déclaré la guerre à la France, l’amiral Duquesne se présenta devant Alger où les Turcs massacrèrent le père Jean Le Vacher, consul de France, en l’attachant à la bouche d’un canon [2]

– En 1688, pour lutter contre les pirates, le maréchal d’Estrées bombarda Alger et plusieurs captifs français furent également attachés à des canons.

La piraterie constitua jusqu’au début du XIXème siècle le cœur de la vie politique et économique de la Régence turque d’Alger. Il s’agissait bien de piraterie et non de Course puisque les raïs, les capitaines, n’obéissaient pas aux règles strictes caractérisant cette dernière. La recherche historique a en effet montré que son but n’était pas de s’attaquer, avec l’aval des autorités, à des navires ennemis en temps de guerre, mais que son seul objectif était le butin. A l’exception du raïs Hamidou, tous les acteurs de cette piraterie étaient des Turcs, de naissance ou renégats, aucun n’était d’origine algérienne.

Ceci étant, deux choses doivent être claires :

1) Les lois mémorielles (loi Gayssot, loi Taubira et autres) interdisent et assassinent la recherche historique et c’est pourquoi tout historien sérieux doit exiger leur abrogation.

2) Les politiques n’ont pas à encadrer l’Histoire ; quant aux députés, au lieu de voter des lois mémorielles électoralistes, ils feraient mieux de se préoccuper du sort des Français qui les ont élus. Mais, comme le disait Charles Maurras : « A quoi songe un élu ? A être réélu ».

Notes

[1] Martel, A., « Souveraineté et autorité ottomane : la Province de Tripoli du Couchant (1835-1918) ». Université Paul Valéry. Montpellier, en ligne.

[2] En 1830, après la prise d’Alger, le canon surnommé la « Consulaire », fut envoyé à Brest où il se trouve actuellement. »

9 commentaires concernant l'article “La Turquie, l’Algérie et la France”

  1. Heureusement que Bernard Lugan est là pour remettre les pendules à l’heure et faire littière des élucubrations de certains…

  2. Oui la France a commis un génocide.
    Pas en Algérie, mais en Vendée en 1793!
    Crève la ripoublique qui a exterminé nos ancêtres!

  3. Sans compter que la population autochtone de ce qui n’était pas encore l’Algérie, estimée à moins d’ 1 million personnes après 1830, se retrouvera à plus de 10 millions en 1962, année de « l’indépendance »! Une population multipliée par 10! pour un « génocide » c’est plutôt rare! 😀 Erdogan ferait mieux de balayer devant sa porte du Levan riche en massacres, et Sarközy de s’occuper de son cul qu’il pourrait se faire botter en 2012! 😀 si Mimolette est élu on rira moins 🙁 mais on peut pas tout avoir…

  4. Erdogan un lâche et menteur, la FRANCE n’a pas besoin des Turcks mais les Turcks on besoin de la FRANCE.

  5. Ces vendus vont bien finir par ‘ »reconnaitre » un génocide en Algérie, de tout façon c’est tacite.

  6. Et si cette loi grotesque sur le génocide arménien avait pour but de consolider les lois liberticides sur le petit peuple  » qui a tant souffert » et de nous préparer à de nouvelles repentances ?
    Sarkozy ou Hollande, membres de la même tribu, la France est étouffée par le serpent.
    Et les Français, ces lâches qui acceptent tout….

  7. Mais où est dont passé BHL ?????????????????????????????????????????????

    La ségrégation prônée par les juifs ultra-orthodoxes

    « Une frange de la population religieuse israélienne semble s’être récemment radicalisée, adoptant une lecture rigoriste de la séparation entre hommes et femmes, exigée, dans certains cas, par la Loi juive, la « Halakha ».  »

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/12/26/97001-20111226FILWWW00330-ultra-orthodoxes-heurts-en-israel.php

  8. Malheureusement, l’histoire qu’on m’a enseigne et très différente de celle que j’ai lu sur ce site et malheureusement je tend a croire la votre. Voyez-vous je suis Algérien et l’histoire de mon pays est assez difficile a suivre. En ce qui concerne la reconnaissance du génocide Français en Algérie, j’aimerais dire que c’est la moindre des chose quand même. car qu’on le veuille ou pas, la France a commis des choses abominable pendant l’occupation. Concernant la Turquie, on sait tous que la vrais raison est que la France et cie ne veulent pas d’un pays a plus de 95% musulman en Europe. Maintenant comme certains l’ont indique, ce serait fort apprecie si ces de[putés] s’affairent a régler les vrais problèmes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.