« La charge mentale », ou quand les néo-féministes découvrent la responsabilité de la femme et la refusent

Extrait de la BD « Fallait demander », sur la « charge mentale » des femmes

Une tribune de Christine Dol :

« Tout faire » dans la maison et auprès des enfants est fatigant.
C’est pourquoi la femme a de plus en plus demandé l’aide de son conjoint pour accomplir certaines tâches domestiques.
Mais avoir un mari gentil et serviable ne suffirait pas selon certaines !
Car si les hommes s’investissent davantage au foyer, ils ne sont que des exécutants ; ce sont encore les femmes qui gardent, comme disent les féministes, « la charge mentale » du foyer, c’est-à-dire qui pensent, anticipent et organisent tous les besoins de chaque membre de la famille. Pour simplifier, cette « charge mentale » est, en fait, la responsabilité du bon fonctionnement au jour le jour de la maison. Même si la femme travaille à l’extérieur de celle-ci et fait appel à une femme de ménage et une nounou, l’organisation en amont lui revient, les préoccupations incessantes sont pour sa pomme.

La dessinatrice Emma a récemment mis en ligne la BD « Fallait demander », traitant de cette fameuse « charge mentale » ; cette publication a eu un immense succès sur internet et a le mérite -le seul ? – de mettre des mots sur les pressions que beaucoup de femmes ressentent.

En d’autres termes, serait responsable des problèmes des femmes la non-égalité parfaite entre l’homme et la femme, même concernant ce qui se passe dans leur tête… Car, concrètement, Emma, suivie par tant de féministes, se plaint de constater que la femme pense – trop ? – à tout, et qu’elle est plus consciencieuse dans le travail domestique ; elles se plaignent d’être les plus aptes à la fonction de maîtresse de maison ; elles se plaignent d’avoir des responsabilités fatigantes. Ce sont les mêmes qui aspirent à de hauts postes à responsabilité dans la vie civile ; ce sont les mêmes qui jalousent la vie des hommes… sans partager pour autant leur « charge mentale ».

Car, ce n’est pas parce que les hommes ne s’en lamentent pas, qu’ils n’ont pas, eux aussi, leur « charge mentale » ; malgré tous les efforts de la femme moderne pour s’en convaincre, elle ne la partage pas. Elle ne connaît rien de cette épée de Damoclès qui pèse au-dessus de sa tête, qui le mine, qui le fait lutter contre son égoïsme et sa paresse, qui doit sans cesse stimuler son ambition et son honneur : la responsabilité morale et matérielle de toute la famille, non pas au jour le jour mais au long terme. C’est bien l’homme qui porte cette responsabilité, et la femme attend cela de lui (peu de femmes divorcent parce que leur mari ne fait pas de bonnes tartes aux pommes). Une femme moderne qui rapporte de l’argent, c’est comme un homme moderne qui change les couches, c’est une aide bien sympathique, mais cela reste une aide ; de plus, cela donne l’illusion d’une égalité en réalité inexistante.

Selon Emma, la solution pour alléger la « charge mentale » de la femme serait de la déverser sur l’homme et de prôner l’égalité parfaite, même mentale. Il semblerait qu’une solution plus judicieuse s’impose : que la femme accepte ses responsabilités avec humilité et intelligence (demander de l’aide lors de difficultés est humble et intelligent) en faisant de son mieux, car elle est douée pour cela ; qu’elle admire son mari pour sa « charge mentale » propre car elle ne serait pas capable de la porter.