Il y a 50 ans : mort de Louis-Ferdinand Céline

Révolte et autres bagatelles: Louis-Ferdinand Céline, regard sur un artiste controversé

Cinquante ans après sa mort, son nom continue à susciter le trouble et la discorde : tout au long de son œuvre Céline s’est plu à semer le vent, à soulever tempête sur tempête – nous en sentons encore le souffle, amer et vivifiant à la fois. Tout récemment encore il faisait polémique : on pense à cette affaire au terme de laquelle M. Mitterrand a jugé bon de retirer le nom de Céline de la liste des célébrations nationales, pour le plus grand soulagement du président de l’association des fils et filles de déportés juifs de France, Serge Klarsfeld. « Je considère Céline comme un grand écrivain, déclare ce dernier, mais c’est un être abject également. (…) De ce point de vue-là, Céline n’avait pas sa place, ce n’était pas à la République de célébrer entre guillemets le plus antisémite de tous les Français de l’époque. »
On est pour ou contre Céline, par principe, par conformisme ou provocation. Surtout lorsqu’on ne l’a pas lu, cela va sans dire.

Il est si facile, si confortable de juger ainsi de loin celui qui est sans doute le plus ambigu des auteurs. Lire Céline, c’est un peu se jeter à l’eau, au risque d’y perdre pied ; lire Céline, cela demande, cela exige de renoncer à tout confort de la conscience comme à tout conformisme intellectuel.

On connaît bien l’artiste, Céline le romancier – on aura tout le loisir de consulter la débauche d’articles, de critiques, de thèses et autres gloses de littérateurs à son endroit. Parions qu’il saura encore longtemps émoustiller nos écrivaillons amateurs de liaisons sulfureuses, lorsqu’il ne suscitera pas la sainte indignation des gardiens du culte shoatique. Disons simplement, sûrs de rencontrer ici l’unanimité, que Céline fut d’abord un immense écrivain, véritable séisme dans l’histoire de la langue française : de la même façon que notre prose journalistique est, bien souvent, rimbaldienne sans le savoir, c’est toute la langue française qui est devenue, et restera pour longtemps, célinienne. Génial artisan du verbe, explorateur de la langue dans ses dehors les plus bleus et les plus coupants, il s’est livré à travers tout son œuvre à la recherche de l’authenticité première de mots qu’il recharge de toute leur violence émotionnelle. Son œuvre est, selon le mot de Gaëtan Picon, « l’un des cris les plus insoutenables que l’homme ait jamais poussés », cri de rage et de désespoir devant l’absurdité grotesque et cruelle des hommes et des choses. Le contraste est frappant entre la langue de Céline, crue et vraie jusqu’à l’insoutenable, et le dilué, l’édulcoré, le minimisé jusqu’à l’insignifiant du langage politico-médiatique des hommes à verticalité contrariée (comprenez « nains ») qui ont l’outrecuidance de nous gouverner. « A mon sens obtus, disait Céline, ils se ressemblent tous… farouchement dans l’insignifiance… Un petit peu plus un petit peu moins de plastronnage, de cuistrerie, tortillage, de velléités, d’onanisme. » On ne saurait mieux exprimer le fond de notre pensée…

Ayant fait justice à l’artiste, risquez-vous à présent, ne serait-ce qu’un instant, à évoquer l’homme, et chez l’homme, le pamphlétaire : silence confus, hostile. Frissons d’horreur de la critique effarouchée, petits poings rageurs, impuissants de scribouillards émasculés qui voudraient réduire à néant ce même génie qu’ils encensaient tout à l’heure – rien de plus éloigné des convenances et de la bien-pensance démocratique que l’une de ces exquises petites bagatelles céliniennes. Il n’y a plus d’artiste qui tienne : il n’y a qu’un monstre, un « être abject » – un antisémite. Qui pourtant a eu la hardiesse de lire une, deux, dix pages de L’Ecole des cadavres ? Qui s’est aventuré à feuilleter les Bagatelles ? Au-delà de la difficulté qu’il y a à se procurer de tels ouvrages qui, conformément à la volonté de Céline lui-même, n’ont jamais fait l’objet de la moindre réédition, le pamphlet célinien se heurte à toute l’épaisseur de ces bonnes consciences de Français dégénérés, incapables de rien regarder en face, pétris jusqu’à la moelle des refrains lénifiants du politiquement correct. Et pourtant homme, artiste et pamphlétaire ne font qu’un. Du roman au pamphlet c’est le même langage, la même démarche, le même but : l’ambition de Céline, c’est de « rendre à l’Aryen son rythme émotif propre », lui faire retrouver, notamment à travers le langage, le vieux fonds propre à sa race, seule façon pour Céline de s’opposer au rouleau compresseur du Système : « La seule défense, le seul recours du blanc contre le robotisme, et sans doute contre la guerre, la régression à « pire que cavernes » bien pire, c’est le retour à son rythme émotif propre. » Laissons donc à Céline le soin de nous expliquer lui-même le sens de sa démarche :

« Tout ce qui pourrait provoquer le moindre sursaut émotif, la plus furtive révolte, au sein des masses parfaitement avilies, abusées, trompées de cent mille manières, réveiller chez les indigènes la moindre velléité, le moindre rappel de leur authentique, instinctive émotion, trouve la critique en immédiate, haineuse, farouche, irréductible opposition. Le débat devient personnel. C’est leur propre viande commercialisée que l’on déprécie… Elle si benoîte, tellement passive, d’habitude, parfaitement prête à passer des « fourrées » d’un mètre dans toutes les fentes qu’on lui propose, estampillées juives… se crispe en quart, immédiat, au moindre rappel du fond émotif aryen, du fond spontané. Elle sursaute. Elle flaire qu’on va l’étrangler elle et tous les enjuivants négroïdes. L’authentique la tue c’est bien simple, elle le sait indéniablement.»

Contre l’avilissement, l’avachissement du « peuple sans vertèbres » alias le peuple français, Céline clame l’urgente nécessité d’un retour à la fierté nationale et à un amour de soi salutaire, à mille lieues des repentances à répétition que l’on prétend nous imposer pour tuer dans nos cœurs les dernières étincelles de vie authentiquement et profondément française, les derniers frémissements de poésie vraie. On ne dira jamais assez la haine de Céline pour toute cette fausse poésie dégoulinante de sentiments contrefaits et frelatés « à la Prout-Proust » , cet Amour mensonger, indécent et veule dont nous abreuvent à l’envi littérateurs et pseudo-poètes. Transposer directement la vie, dans toute sa nudité et son âpre vérité, dans sa tendresse aussi et sa beauté, voilà une entreprise autrement plus exigeante et ardue, c’est celle de Céline.

« Les bons rêves ne s’élèvent que de la vérité, de l’authentique, ceux qui naissent du mensonge, n’ont jamais ni grâce ni force. Qui s’en soucie ?… Le monde n’a plus de mélodie. C’est encore le folklore, les derniers murmures de nos folklores, qui nous bercent… Après ce sera fini, la nuit… et le tam-tam nègre. »

Isabelle de Rancourt,
pour lAcropole.info

9 commentaires concernant l'article “Il y a 50 ans : mort de Louis-Ferdinand Céline”

  1. L’immonde Klarsfeld se permet de condamner le plus grand écrivain du XX° siècle . Que peut-il invoquer pour cela ?
    Rien , strictement rien .
    Louuis-Ferdinand n’a pas même collaboré avec les Allemands . Il ne les aimait guère et leur nationalisme se situait aux antipodes du racialisme préconisé par Céline et quelques autres ( le PProf. Georges Montandon , le militant de la Gauche socialiste Vacher de Lapouge pour ne citer que des célébrités )
    Le crime des crimes de Louis-Ferdinand , c’est d’avoir eu du talent et d’avoir soutenu certaines idées qui évoquent le sionisme des pères-fondateurs .
    Louis-Feerdinand , comparé à Max Nordau ou au Dr. Theodor Herzl , était un anti-sémite des plus pondérés .0.
    C’est ce que nous dissimule la tribu des Klarsfeld .
    Des sacrés farceurs , ceux-là !
    Céline = Rabelais
    Les Klarsfeld , bons pour nettoyer les chiottes .

  2. @Lundi
    Parce que vous trouvez que les oeuvres de Céline sont à recommander aux catholiques ? Et en famille en plus ?!

  3. au Gaulois,

    bien sûr que les livres de Céline peuvent être lus par les Catholiques et en famille

    Déjà en son temps l’Eglise était infiltrée..

    Maintenant c’est vrai que Céline s’est trompé sur Jésus Christ ( qui est un aryen ) et se contredisait lui -même :

    Il se disait athée tout en affirmant que les cieux nous vomisssaient..

  4. L-F CELINE a lire et relire! tiens comme jean-Claude Albert-Weil, et son « Altermonde » un style puissant, un grand écrivain, pas correct, donc mis à l’écart… quel gâchis! peut-on encore descendre plus bas? sans doute…

  5. Personnellement, j’ai lu « Guignol’s band » et c’est tellement peu moral
    qu’il s’est retrouvé à la poubelle au bout d’une centaine de pages.
    Cela dit, on peut reconnaître le génie de Céline
    et déplorer son excès de vulgarité.

  6. @Gaulois

    Aux vues de l´urgence de la situation et de la vitesse de dégradation culturelle de la population , avec comme références intellectuelles un ministre nous racontant ces vacances á Bangkok et ses attouchements d´enfants en toutes ÍMPUNITEES , je dis que évidemment qu´il faut lire Céline … et de toutes urgences en plus …sans retenue , sans modération , avant que dans quelques années , le régime totalitaire qui se met en place ne le supprime complétement de la circulation , comme s´il n´avait jamais existé.

  7. J’observe avec horreur le mutisme de l’établissement à commencer par « le très Mauvais garçon »Frédéric Mitterrand exhalation nauséabonde de la sous-culture ,un garant d’une société en putréfaction dont l’objectif est d’accélérer la dégénérescence des neurones ,voulue par l’impensable au pouvoir.Le génie de Céline est ainsi passé sous silence tandis,que le crétinisme règne sans partage sur vos petits écrans.

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