Au Mali rien n’est réglé


Éditorial de Bernard Lugan pour L’Afrique Réelle n°72 : La prise d’otages de l’hôtel Radisson à Bamako marque un tournant dans la guerre de conquête déclenchée par les islamistes. Ses auteurs ne sont en effet pas des nordistes « blancs », Maures ou Touareg, mais des sudistes « noirs ».
Grâce aux financements des monarchies pétrolières du Golfe, au premier rang desquelles l’Arabie saoudite, un nouvel islam arabo-africain est aujourd’hui en pleine expansion face à l’islam africain traditionnel. Vecteur d’un jihadisme ayant métastasé dans le sud du Sahel, irrigué par les trafics en tous genres, il recrute désormais au sud du fleuve Niger où il offre une perspective de revanche à certains peuples en s’enkystant sur leurs résurgences identitaires.

Comme le Mali partage 1000 kilomètres de frontière avec le Burkina Faso, 858 avec la Guinée et 532 avec la Côte d’Ivoire, les porosités qui en découlent sont annonciatrices de futurs embrasements.
Après la région saharo-sahélienne nos forces vont donc devoir se préparer à intervenir dans la bande sahélo-guinéenne. C’est donc à une refondation de notre outil militaire que vont devoir penser les dirigeants politiques français. C’est en effet à un véritable quadrillage de toute cette immense zone qu’il va falloir peu à peu procéder en reconstituant, aux côtés des unités tournantes, des éléments spécialisés. Composés de Français et de nationaux encadrés par des officiers formés aux méthodes des anciennes « Affaires indigènes », ils seront à même à la fois de recueillir le renseignement, de « loger » les groupes armés et d’éviter le basculement des populations.
Le temps long du climat africain
Sans entrer dans la querelle entre « réchauffistes » et « climatosceptiques », au moment où se tient la Conférence sur le climat (Cop21), le passé de l’Afrique permet de mettre en perspective certaines affirmations assénées comme le credo d’une nouvelle religion à laquelle nous sommes sommés de croire avec la même obligation qu’à celle du « vivre ensemble ».
Par le passé, l’Afrique a connu de très amples variations climatiques, et, comme son actuel réchauffement a débuté vers 2500 avant JC, quatre questions méritent d’être posées :
1) Ce réchauffement est-il cyclique ?
2) Est-il global ?
3) Est-il naturel ou d’origine humaine ?
4) Est-il une calamité annoncée ?
C’est à ces questions que répond ce dernier numéro de l’année 2015 en partant d’une réalité scientifique, c’est à dire observable et vérifiée, qui est qu’il est démontré que le désert du Sahara n’a pas toujours occupé l’espace qui est le sien aujourd’hui. Par le passé, il fut en effet tantôt plus vaste, tantôt plus réduit (voir les cartes de la page 11 de la revue) et cela, en fonction de la succession d’épisodes chauds, donc humides, ou bien froids, donc arides, que connut l’Afrique.
Or, durant ces lointaines époques, les hommes ne faisaient que saupoudrer de leur présence les immensités continentales, ils ignoraient le moteur diesel et ils n’utilisaient pas l’énergie tirée du charbon. Il est donc difficile de leur attribuer la responsabilité de ces bouleversements climatiques dont les causes étaient bien évidemment naturelles.
Bernard Lugan