22 août 1914 : mort au front d’Ernest Psichari,

à l’âge de 31 ans. Ce jeune écrivain était le petit-fils d’Ernest Renan.

Il rejeta tôt les idées exprimées par le milieu de la bourgeoisie intellectuelle dreyfusarde de sa jeunesse.
Au pacifisme succéda la ferveur nationale, au culte du moi celui de la communauté enracinée, au rationalisme la ferveur des sentiments.
Psichari est, par sa personnalité, ses préoccupations, ses aspirations morales et son engagement, emblématique d’une jeunesse exaltée dont fit aussi partie Charles Péguy par exemple.

Engagé dans l’artillerie à l’âge de vingt ans, il servit d’abord au Congo, puis en Mauritanie, ce qui lui inspira des récits de voyages (Terres de soleil et de sommeil, 1908). Ayant choisi l’armée par idéal, il y éprouva la satisfaction d’appartenir à un corps dépositaire d’une longue tradition. Il se mit également à soutenir les idées de Charles Maurras et de l’Action française.

En 1913, il publia L’Appel des armes, contre l’humanitarisme pacifiste et le déclin moral qui lui sembla en être la conséquence, au profit d’un idéal de dévouement et de grandeur.

Cette attitude s’exprima avec encore plus de force dans son second livre, publié à titre posthume, Le voyage du centurion (1916). Il s’agit de la transposition (à peine masquée) de son expérience et de son évolution spirituelle. Longtemps à la recherche de certitudes intellectuelles, le jeune homme se tourna vers la foi catholique et la méditation. De simple croyant, il devint pratiquant en 1912, puis décida d’entrer dans l’ordre des dominicains.

La guerre, qui éclata peu après, l’empêcha de concrétiser son vœu. Sous-lieutenant au 2e régiment d’artillerie coloniale, il fut tué à Rossignol en Belgique le 22 août 1914. Les monarchistes de l’Action française tels Henri Massis et Paul Bourget, mais aussi Maurice Barrès ont vu en Psichari un héros national et ont entretenu sa mémoire par diverses publications.

Une stèle puis un monument-autel ont été érigés à la mémoire de Psichari à Rossignol, à l’initiative du poète Thomas Braun et de Henri Massis.

Quelques-uns de ses livres sont commandables ici.

Stèle à Rossignol

9 commentaires concernant l'article “22 août 1914 : mort au front d’Ernest Psichari,”

  1. Ok…

    Mais en cet anniversaire, qui rappelera toutes les particularités de cet écrivain, qui ne cadrent pas avec les opinions de beaucoup de gens de ce site qui, logiquement, devraient le vouer aux gémonies et inscrire un tag supplémentaire sur cet article, vous voyez lequel ?

    On lit en effet, dans le livre de Frédérique Néau-Dufour, Ernest Psichari : l’ordre et l’errance, pages 113 et suivantes :

    « Un dernier ensemble de documents, resté jusque-là à l’écart des différentes recherches sur Psichari, vient confirmer son homosexualité. Il s’agit d’un échange de lettres entre Maritain et Massis, les deux meilleurs amis d’Ernest, qui abordent le sujet après avoir pris connaissance d’un article d’André Gide dans la Nouvelle Revue française du 1er septembre 1932. Le fondateur de la NRF y fait mine de s’étonner que Massis « ignorât les moeurs de Radiguet et de Psichari. » Massis s’indigne dans son journal de la « nouvelle attaque d’André Gide -et celle-là particulièrement odieuse » contre lui-même et surtout contre Psichari : l’inimitié que Gide voue à Psichari et à l’ensemble des convertis après la Première Guerre est notoire. Il n’empêche que l’attaque de 1932 semble fondée, au regard de l’inquiétude qu’elle suscite chez Massis et Maritain.

    La première réaction de Massis à la lecture des insinuations de Gide est une profonde colère, suivie d’une interrogation : « En l’occurrence que faire ? Que ferait Michel, le frère d’Ernest, s’il vivait encore, mais comment ne pas songer que sa mère, ses soeurs, vont recevoir cet outrage ? (…) Puis-je laisser mon ami -et quel ami!- sans défense ? » La contre-attaque est cependant malaisée : répondre publiquement à Gide reviendrait à donner à ses allusions publicité et crédibilité. Massis décide donc d’écrire à Maritain pour lui demander son avis. Dans sa réponse, Jacques préconise d’ignorer les propos de Gide :

    « Mon bien cher Henri,
    Je reçois votre lettre et vous réponds en hâte, je n’avais pas lu ce texte de Gide. J’en ai une grande peine pour vous, pour la mémoire d’Ernest, pour notre foi (…) Pour ce qui est d’Ernest, je crois que votre dernière impression est la plus sage, et qu’il faut se détourner sans répondre. »

    L’argument apporté par Jacques pour justifier ce nécessaire silence est particulièrement intéressant, puisqu’il justifie la vérité des propos de Gide :
    « Une seule réponse vaudrait devant un tel adversaire : le démenti pur et simple. Or cette réponse n’est pas possible, à cause de certains faits de la vie passée de notre cher Ernest au temps de son grand désarroi, fait que sa famille connaît d’ailleurs (c’est Mme Revault d’Allonnes qui m’en a parlé.) Alors protester ou s’engager dans une discussion ne ferait qu’aggraver les choses et prêter à un redoublement d’horreurs. Mon premier mouvement était d’écrire moi-même à Gide, mais je crois que cela aussi est contre-indiqué pour les raisons que je viens de dire.

    Si Jacques et Henri veulent à tout prix étouffer l’affaire, ce n’est pas parce qu’ils condamnent l’homosexualité mais parce qu’il leur est impossible de démentir celle de Psichari, avérée. »

    On lit plus loin, page 115 : « Massis reprend là l’argumentaire élaboré par Claudel quand il s’entend confirmer par Henriette (sa soeur) l’homosexualité d’Ernest : « Est-ce vrai ? » lui demanda-t-il, et sur un signe qu’elle fit en fermant les yeux et qui signifiait : « Hélas oui!… » : « Mais tant mieux fit-il, l’oeuvre de Dieu dans une telle âme n’en est que plus admirable. »

    Alors… Tant mieux ?

  2. Eh bien ?
    Les débauches de jeunesse de quelqu’un qui allait ensuite se convertir doivent-elles être étalées dans une biographie de quelques lignes ?!
    Surtout qu’elles furent si peu notoires que l’un de ses amis les plus proches ne les soupçonna jamais !
    Quel est l’intérêt, outre la polémique à 2 balles et la curiosité vicieuse ?
    J’ai hésité à valider votre commentaire inutilement scandaleux (au sens classique) et un peu méchant.
    Mais finalement et pour paraphraser Massis, votre propos, s’il veut salir la mémoire de cet homme à l’instar de l’immonde Gide, rend aussi (et peut-être surtout) hommage à la profondeur et la beauté de cette conversion intellectuelle, morale et spirituelle.

  3. Et bien oui tant mieux si par la grâce, Psichari avait réussi à lutter et à vaincre de telles tentations.
    Je comprends également qu’il était ridicule de polémiquer avec Gide qui n’aurait jamais compris les luttes de Psichari.
    Comme a dit Daudet, je crois :  » La nature a horreur du Gide »

  4. Oh non, je ne souhaite salir personne et rien ne me choque.
    La seule chose c’est qu’une attitude authentiquement virile commande de tout assumer dans la vie, part d’ombre et de lumière.

  5. On doit assumer ses propres actes mauvais. Sur ceux des autres, et sauf nécessité, il est normal et sain de jeter le manteau de Noé.

    Et c’est un peu dommage, si rien ne vous choque…

  6. « mort au front d’Ernest Psichari » …. ça ne suffit pas??? on va chercher quoi? qu’il fumait du belge ou je ne sais quoi? Et…? ça change quoi? sa mort…son courage…

  7. bonjour, j’ai décidé de publier quotidiennement et 100 exactement après qu’ils aient été écrits,sur un blog accessible à tous (http://unjouruneguerre.canalblog.com/) les mémoires de campagne de mon grand père, le Capitaine Proutaux.
    Nous sommes le 27 septembre 1914, un mois et demi s’est écoulé depuis la mobilisation et le 226e RI a beaucoup bougé en Meurthe et Moselle et subi de lourdes pertes le 25 août. Le 17 septembre, il est décidé de faire cantonner les hommes une dizaine de jours à Einville-au-Jard. Le Capitaine Proutaux reprend sa plume le 27, après cette pause et voici ce qu’il écrit (à paraître le 27 septembre 2014):
    27 Septembre 1914
    On dit que les peuples heureux n’ont pas d’histoire… Si ce vieil adage est toujours vrai, et peut, sans conteste s’appliquer à nous pendant la période qui vient de s’écouler depuis notre arrivée à Einville(1)
    (1) Au cours de notre séjour à Einville, j’ai fait la connaissance d’un petit-fils d’Ernest Renan, Serge Psichari (frère plus jeune d’Ernest Psichari, homme de lettres et lieutenant d’Artillerie Coloniale, tué sur ses pièces à Rossignol en Belgique le 22 août 1914), sergent au Régiment. En temps normal, il appartenait à la rédaction de l’Illustration et a été tué, courant de 1916, je crois, comme sous-Lieutenant au 156e ou au 160e.
    Il avait un signe reconnaissable, quand il était au 226e, c’est que quand sa pipe n’était pas à sa bouche, elle était accrochée par une ficelle, à un bouton de sa capote.

    J’avais entendu parler de Michel Psichari, autre frère d’Ernest, mais pas de Serge.
    Bien cordialement
    Bidaoui2f

  8. A cette époque la Grande Faucheuse ne faisait aucune distinction entre les malheureux qui tombaient sous sa coupe. Ils sont morts pour défendre leur famille, leur village, leur pays. Quels qu’ils soient, quoiqu’ils aient fait de bon ou de moins bon, ils méritent le respect et le repos de leurs âmes.

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