Vers la première transplantation de tête ? Un défi ouvert au Créateur

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On a d’abord cru à un canular – mais non, c’est très sérieux. Un neurochirurgien italien, le Dr Sergio Canavero, espère réussir dès 2017 une opération encore inédite dans le monde animal, en s’attaquant directement à l’être humain : une transplantation de la tête. Il a déjà son cobaye : un jeune homme russe, Valery Spiridonov, qui souffre d’atrophie musculaire. Cloué dans son fauteuil, paralysé, cet homme de 29 ans veut participer à l’expérience, malgré les énormes risques qui y sont liés. Mais au-delà des risques, l’affaire révèle une mentalité de révolte contre Dieu. Tel est l’état d’esprit du neurochirurgien qui a longuement décrit son initiative – un véritable défi au Créateur – dans un entretien publié à la suite d’une conférence « TEDx » (Technology, Entertainment and Design) à Vérone au début du mois.
Sergio Canavero explique son projet à l’aide d’une… banane. L’écrasant entre ses doigts, il montre combien il est illusoire de vouloir la raccommoder alors qu’elle s’est transformée en purée. Avec une coupe nette, les choses sont très différentes.

Sergio Canavero compare la transplantation de tête au raccommodage d’une banane sectionnée
Pour la transplantation de tête, il propose de faire la même chose. Après avoir refroidi la tête et le corps de Valery, il entend organiser un double tranchage de têtes, le premier sur « son » homme et le deuxième, simultanément, sur un homme déclaré en état de mort cérébrale dont il est communément admis aujourd’hui qu’on peut en prélever les organes vitaux. Puis vient la phase la plus complexe : le raccommodage de la moelle épinière et du reste des tissus sectionnés, avant de recoller le tout avec du polyéthylène glycol. Et d’attendre. Quatre semaines de coma artificiel, un an avant de pouvoir marcher.

Qui sera le « nouvel homme » ainsi rafistolé ? Valery ? Si c’est bien lui, assure Canavero, les implications seront profondes. « L’Eglise russe orthodoxe vient d’aboyer contre ce projet, disant que si Valery subit cette intervention, il mêlera son âme à celle de l’autre corps. C’est important. C’est la vraie implication de ce type de chirurgie : réduire les religions à néant. Si nous faisons cela, et que rien ne se passe comme les religions l’avaient prévu, ils vont avoir des moments difficiles à traverser : cela signifiera que nous démontrons scientifiquement que leur point de vue spécifique est erroné. »

Un projet d’immortalité : le défi de Sergio Canavero au Créateur
L’idée de Sergio Canavero en proposant cette transplantation de tête est d’abord de soulager des malades dans des situations « terribles ». Mais le neurochirurgien cherche bien plus à transformer le « rêve de l’humanité » – la jeunesse perpétuelle et l’immortalité – en réalité. Il espère à terme que les hommes pourront faire pousser des clones de leur corps afin d’y transplanter régulièrement leur tête. (N’ayez pas l’impertinence de demander comment celle-ci conservera ses traits de jeunesse et sa forme cérébrale…)

Coût estimé de l’opération : 13 millions de dollars, avec la participation d’une équipe de 150 médecins et infirmiers, pour 36 heures d’intervention. Il faudra trouver des collègues et un lieu : si les Etats-Unis, que vise Canavero, ne se montrent pas hospitaliers, ce sera la Chine, un an plus tard, espère-t-il. Pour le financement, il entend obtenir quelques fonds de Bill Gates, qu’il sollicitera, et des fonds de particuliers à travers le « crowdfunding ». Une fois la technique perfectionnée, elle coûtera moins cher, assure-t-il.

La transplantation de tête, un défi impossible ?
De nombreuses critiques ont accueilli son projet, portant à la fois sur la quasi impossibilité de réaliser un tel exploit technique, sur les conséquences probablement néfastes pour le receveur du corps qui n’est pas assuré de pouvoir bouger, ni même de respirer sans assistance, et des risques identitaires, de rejet immunitaire et encore de bouleversement insupportable des « habitudes » du cerveau par rapport au nouveau corps. Des spécialistes en neurologie évoquent une « farce », une « opération publicitaire », l’absence d’essais sérieux.

Un projet de fou – que la presse accueille néanmoins avec un certain sérieux, tant on nous habitue aux projets les plus invraisemblables. Celui-ci porte un nom révélateur : Canavero l’a baptisé HEAVEN, « head anastomosis venture ». « Heaven » qui, en anglais, signifie « ciel ».

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