
Le village de Taybeh, qui lance aujourd’hui un appel à l’aide, était déjà évoqué dans la Bible :
Depuis ce jour, ils délibérèrent sur les moyens de le faire mourir. C’est pourquoi Jésus ne se montrait plus en public parmi les Juifs ; mais il se retira dans la contrée voisine du désert, dans une ville nommée Ephrem, et il y séjourna avec ses disciples. (Ev. selon St Jean, Chap XI, v. 53-54)
L’agence Fides rapporte :
« Aujourd’hui, Ephraïm s’appelle Taybeh. Il s’agit d’un village palestinien de Cisjordanie situé à quelques kilomètres au nord-est de Jérusalem. La communauté chrétienne y est présente depuis deux mille ans. Seuls des chrétiens arabes y vivent.
Hier, mardi 8 juillet, des groupes de colons israéliens ont allumé plusieurs incendies près du cimetière municipal et de l’ancienne église Al-Khader (Saint-Georges), datant du Ve siècle, menaçant l’un des plus anciens lieux d’intérêt religieux de Palestine. C’est ce qu’ont rapporté les prêtres Daoud Khoury, Jacques-Noble Abed et Bashar Fawdeh, appartenant aux trois communautés chrétiennes de Taybeh (grecque orthodoxe, catholique latine et catholique grecque-melkite).
Dans un message commun, publié ces dernières heures et rédigé « au nom de la population de notre ville et de nos paroissiens », les trois prêtres décrivent une situation d’urgence marquée par « une série d’attaques graves et répétées contre notre ville, qui menacent sa sécurité et sa stabilité et portent atteinte à la dignité de ses habitants et à ses lieux saints ».
« Sans l’attention des habitants et l’intervention des pompiers », peut-on lire dans le texte, « une grave catastrophe aurait eu lieu. Dans un contexte marqué par des provocations quotidiennes, les colons continuent de faire paître leurs vaches sur les terres agricoles de Taybeh, au cœur des champs appartenant aux familles de la ville et même à proximité de leurs maisons, sans aucune dissuasion ni intervention de la part des autorités compétentes ».
Et « ces violations », précisent les prêtres, « ne se limitent pas à de simples provocations ; elles endommagent aussi directement les oliviers, qui constituent la principale source de subsistance des citoyens et empêchent les agriculteurs d’accéder à leurs terres et de les travailler ».
La partie orientale du village de Taybeh, qui couvre plus de la moitié du territoire communal et abrite la plupart de ses activités agricoles, « est devenue une cible ouverte pour les avant-postes de colonies illégales qui s’étendent silencieusement sous la protection de l’armée et servent de tremplin pour de nouvelles attaques contre les terres et les personnes ».
Dans leur message, les prêtres lancent également un appel aux organismes locaux et internationaux, « en particulier aux consuls, ambassadeurs et représentants de l’Église dans le monde entier », demandant « une enquête immédiate et transparente sur les incendies criminels et les attaques incessantes contre des biens, terres agricoles et lieux saints, et à faire pression sur les autorités d’occupation afin qu’elles mettent fin aux pratiques des colons et les empêchent d’entrer sur les terres de la ville ou d’y faire paître leur bétail ».
Gageons qu’on n’entendra pas les politiciens, journalistes et éditorialistes de droite qui prétendent hystériquement que l’Occident et Israël ont les mêmes ennemis, les mêmes valeurs, le même destin, s’émouvoir des chrétiens palestiniens persécutés par les colons ou bombardés par Tsahal…
PS : Charles de Foucauld a visité Taybeh en janvier 1889 pendant son premier pèlerinage en Terre sainte. Il y est retourné en 1898 et cela l’a mené à écrire Huit jours à Ephrem, décrivant sa retraite ici – notamment auprès des ruines de l’église Saint-Georges – qui a inspiré quarante-cinq pages de ses Écrits spirituels.
Le Centre de pèlerinage Charles-de-Foucauld, hôtellerie pour pèlerins, a ouvert à Taybeh en 1986, à l’initiative des chevaliers de l’ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.