Le projet de drone européen tourne au fiasco

Trouvé sur Challenges : « Avant même d’avoir décollé, le projet de futur drone européen a déjà du plomb dans l’aile. Un rapport de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, publié le 26 juin, procède à un dézingage en règle de ce projet de drone MALE (moyenne altitude, longue endurance), confié à Airbus, Dassault Aviation et l’italien Leonardo avec l’objectif d’une entrée en service en 2025. Le président de la commission, Christian Cambon, n’y va pas de main morte : « La France dénonce depuis le début de ce projet un problème d’ »obésité », en raison des spécifications allemandes, assurait-il lors de l’examen du texte en commission. Avec deux moteurs et un poids de dix tonnes, ce drone sera trop lourd, trop cher et donc difficile à exporter. »

Cette sortie n’a rien d’anodin. Le drone MALE européen est un programme stratégique pour l’Europe : il vise à réduire la dépendance des armées européennes au drone américain Reaper, commandé par la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne et la Belgique. L’Eurodrone, programme soutenu par l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne, a aussi été un des premiers projets à bénéficier du soutien du Fonds européen de défense, avec un chèque de 100 millions d’euros sur les 520 millions de la phase expérimentale de ce futur fonds de 13 milliards d’euros. Un contrat est espéré avant la fin de l’année, avec l’objectif d’une première livraison en 2025.

Ce calendrier peut-il être tenu ? Pas sûr. Le Sénat n’est pas le seul à trouver le projet trop onéreux. La France, l’Allemagne et l’Espagne ont retoqué début juin un premier devis des industriels, de 2 milliards d’euros. « L’offre remise est excessive à ce stade, assurait-on mi-juin dans l’entourage de la ministre des armées Florence Parly. Il faudra quelques mois de discussions pour atterrir sur un montant raisonnable. » La ministre elle-même a adressé un message sans équivoque aux industriels le 18 juin au salon du Bourget : « Ce programme ne pourra aller au bout que si le drone qu’ils proposent est compétitif, soulignait-elle. C’est une question non seulement pour les acheteurs déjà en lice, je veux parler de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie, mais également pour les futurs clients export. » »