Premier dimanche de Carême – textes et commentaire

Nous vous proposons une présentation des textes liturgiques propres à ce dimanche (rite catholique traditionnel), avec commentaire.

« La scène de la tentation, qui ouvre la vie publique de Jésus, proclame d’une manière saisissante, dans les évangiles, le renversement de situation qu’il va introduire dans le monde par son œuvre de rédemption. Là où Adam avait succombé, le Christ, nouveau chef de l’humanité, triomphe à jamais du pouvoir de Satan : à l’heure de la passion, le « prince de ce monde » sera jeté dehors. Placé en tête du Carême, au premier dimanche, l’évangile de la tentation proclame d’avance la victoire du Christ, qui doit être notre victoire.
La liturgie du Carême est commandée par cette pensée ; elle est tout entière une liturgie de confiance. Le psaume 90, qui est par excellence le psaume de la confiance, fournit le trait et tous les chants de la messe, comme il fournira tous les versets de l’office jusqu’au temps de la passion. »

Dom G. Lefebvre

 

INTRODUCTION sur les dimanches de Carême
PUIS COMMENTAIRE sur ce 1er dimanche
par DOM GUÉRANGER
(dans l’Année liturgiquedisponible ici avec ses autres livres) :

« Ce dimanche, le premier de ceux qui se rencontrent dans la sainte Quarantaine, est aussi l’un des plus solennels de l’année. Son privilège, qu’il partage avec le Dimanche de la Passion et celui des Rameaux, est de ne céder à aucune fête, pas même à celle du Patron, du Saint titulaire de l’Église, ou de la Dédicace. Sur les anciens Calendriers, il est appelé Invocabit, à cause du premier mot de l’Introït de la Messe. Au moyen âge on le nommait le Dimanche des brandons, par suite d’un usage dont le motif ne semble pas avoir été toujours ni partout le même ; en certains lieux, les jeunes gens qui s’étaient trop laissé aller aux dissipations du carnaval devaient se présenter ce jour-là à l’église, une torche à la main, pour faire satisfaction publique de leurs excès.

C’est aujourd’hui que le Carême apparaît dans toute sa solennité. On sait que les quatre jours qui précèdent ont été ajoutés assez tardivement, pour former le nombre de quarante jours de jeûne, et que, le Mercredi des Cendres, les fidèles n’ont pas l’obligation d’entendre la Messe. La sainte Église, voyant ses enfants rassemblés, leur adresse la parole, à l’Office des Matines, en se servant de l’éloquent et majestueux langage de saint Léon le Grand :

« Très chers fils, leur dit-elle, ayant a vous annoncer le jeûne sacré et solennel du Carême, puis-je mieux commencer mon discours qu’en empruntant les paroles de l’Apôtre en qui Jésus-Christ parlait, et en répétant ce qu’on vient de vous lire : Voici maintenant le temps favorable ; voici maintenant les jours du salut. Car encore qu’il n’y ait point de temps dans l’année qui ne soient signalés par les bienfaits de Dieu, et que, par sa grâce, nous ayons toujours accès auprès de sa miséricorde ; néanmoins nous devons en ce saint temps travailler avec plus de zèle à notre avancement spirituel et nous animer d’une nouvelle confiance. En effet, le Carême, nous ramenant le jour sacré dans lequel nous fûmes rachetés, nous invite à pratiquer tous les devoirs de la piété, afin de nous disposer, par la purification de nos corps et de nos âmes, à célébrer les mystères sublimes de la Passion du Seigneur.

« Il est vrai qu’un tel mystère mériterait de notre part un respect et une dévotion sans bornes, et que nous devrions toujours être devant Dieu tels que nous voulons être dans la fête de Pâques ; mais comme cette constance n’est pas le fait du grand nombre ; que la faiblesse de la chair nous oblige à relâcher l’austérité du jeûne et que les diverses occupations de cette vie divisent et partagent nos sollicitudes : il arrive que les cœurs religieux sont sujets à contracter quelque peu de la poussière de ce monde. C’est donc avec une grande utilité pour nous qu’a été établie cette institution divine qui nous donne quarante jours pour recouvrer la pureté de nos âmes, en rachetant par la sainteté de nos œuvres et par le mérite de nos jeûnes les fautes des autres temps de l’année.

« A notre entrée, mes très chers fils, en ces jours mystérieux qui ont été saintement institués pour la purification de nos âmes et de nos corps, ayons soin d’obéir au commandement de l’Apôtre, en nous affranchissant de tout ce qui peut souiller la chair et l’esprit, afin que le jeûne réprimant cette lutte qui existe entre les deux parties de nous-mêmes, l’âme recouvre la dignité de son empire, étant elle-même soumise à Dieu et se laissant gouverner par lui. Ne donnons à personne l’occasion de se plaindre de nous ; ne nous exposons point au juste blâme de ceux qui veulent trouver à redire. Car les infidèles auraient sujet de nous condamner, et nous armerions nous-mêmes, par notre faute, leurs langues impies contre la religion, si la pureté de notre vie ne répondait pas à la sainteté du jeûne que nous avons embrassé. Il ne faut donc pas s’imaginer que toute la perfection de notre jeûne consiste dans la seule abstinence des mets ; car ce serait en vain que l’on retrancherait au corps une partie de sa nourriture, si en même temps on n’éloignait pas son âme de l’iniquité. »

Chacun des Dimanches de Carême offre pour objet principal une lecture des saints Évangiles destinée à initier les fidèles aux sentiments que l’Église veut leur inspirer dans la journée. Aujourd’hui, elle nous donne à méditer la tentation de Jésus-Christ au désert. Rien de plus propre à nous éclairer et à nous fortifier que l’important récit qui nous est mis sous les yeux.

Nous confessons que nous sommes pécheurs, nous sommes en voie d’expier les péchés que nous avons commis ; mais comment sommes-nous tombés dans le mal ? Le démon nous a tentés ; nous n’avons pas repoussé la tentation. Bientôt nous avons cédé à la suggestion de notre adversaire, et le mal a été commis. Telle est notre histoire dans le passé, et telle elle serait dans l’avenir, si nous ne profitions pas de la leçon que nous donne aujourd’hui le Rédempteur.

Ce n’est pas sans raison que l’Apôtre, nous exposant l’ineffable miséricorde de ce divin consolateur des hommes, qui a daigné s’assimiler en toutes choses à ses frères, insiste sur les tentations qu’il a daigné souffrir[1]Hebr. IV, 15. . Cette marque d’un dévouement sans bornes ne nous a pas manqué ; et nous contemplons aujourd’hui l’adorable patience du Saint des Saints, qui ne répugne pas à laisser approcher de lui ce hideux ennemi de tout bien, afin de nous apprendre comment il en faut triompher.

Satan a vu avec inquiétude la sainteté incomparable qui brille en Jésus. Les merveilles qui accompagnèrent sa naissance, ces bergers convoqués par des Anges à la crèche, ces mages venus de l’Orient sous la conduite d’une étoile ; cette protection qui a soustrait l’enfant à la fureur d’Hérode ; le témoignage qu’a rendu Jean-Baptiste au nouveau prophète : tout cet ensemble de faits qui contrastent si étrangement avec l’humilité et l’obscurité qui ont semblé couvrir d’une apparence vulgaire les trente premières années du Nazaréen, excite les craintes du serpent infernal. L’ineffable mystère de l’incarnation s’est accompli loin de ses regards sacrilèges ; il ignore que Marie toujours vierge est celle que la prophétie d’Isaïe annonçait comme devant enfanter l’Emmanuel[2]ISAI. VII, 14.  ; mais il sait que les temps sont venus, que la dernière semaine de Daniel a ouvert son cours, que le monde païen lui-même attend de la Judée un libérateur. Dans son anxiété, il ose aborder Jésus, espérant tirer de sa bouche quelque parole dont il pourra conclure qu’il est ou qu’il n’est pas le Fils de Dieu, ou du moins l’induire à quelque faiblesse qui fera voir que l’objet de tant de terreurs pour lui n’est qu’un homme mortel et pécheur.

L’ennemi de Dieu et des hommes devait être déçu dans son attente. Il approche du Rédempteur ; mais tous ses efforts ne tournent qu’à sa confusion. Avec la simplicité et la majesté du juste, Jésus repousse toutes les attaques de Satan ; mais il ne révèle pas sa céleste origine. L’ange pervers se retire sans avoir pu reconnaître autre chose en Jésus qu’un prophète fidèle au Seigneur. Bientôt, lorsqu’il verra les mépris, les calomnies, les persécutions s’accumuler sur la tête du Fils de l’homme, quand ses efforts pour le perdre sembleront réussir si aisément, il s’aveuglera de plus en plus dans son orgueil ; et ce n’est qu’au moment où Jésus, rassasié d’opprobres et de souffrances, expirera sur la Croix, qu’il sentira enfin que sa victime n’est pas un homme, mais un Dieu, et que toutes les fureurs qu’il a conjurées contre le Juste n’ont servi qu’à manifester le dernier effort de la miséricorde qui sauve le genre humain, et de la justice qui brise à jamais la puissance de l’enfer.

Tel est le plan de la Providence divine, en permettant que l’esprit du mal ose souiller de sa présence la retraite de l’Homme-Dieu, lui adresser la parole et porter sur lui ses mains impies ; mais étudions les circonstances de cette triple tentation que Jésus ne subit que pour nous instruire et nous encourager.

Nous avons trois sortes d’ennemis à combattre, et notre âme est vulnérable par trois côtés ; car, comme parle le bien-aimé Disciple : « Tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie[3]I. JOHAN. II, 16.. » Par la concupiscence de la chair, il faut entendre l’amour des sens qui convoite tout ce qui flatte la chair, et entraîne l’âme, s’il n’est pas contenu, dans les voluptés illicites. La concupiscence des yeux signifie l’amour des biens de ce monde, des richesses, de la fortune, qui brillent à nos regards avant de séduire notre cœur. Enfin l’orgueil de la vie est cette confiance en nous-mêmes qui nous rend vains et présomptueux, et nous fait oublier que nous tenons de Dieu la vie et les dons qu’il a daigné répandre sur nous.

Il n’est pas un seul de nos péchés qui ne provienne de l’une de ces trois sources, pas une de nos tentations qui n’ait pour but de nous faire accepter la concupiscence de la chair, ou la concupiscence des yeux, ou l’orgueil de la vie. Le Sauveur, notre modèle en toutes choses, devait donc s’assujettir à ces trois épreuves.

Satan le tente d’abord dans la chair, en lui suggérant la pensée d’employer son pouvoir surnaturel à soulager sans délai la faim qui le presse. Dites que ces pierres deviennent des pains : tel est le conseil que le démon adresse au Fils de Dieu. Il veut voir si l’empressement de Jésus à donner satisfaction à son corps ne dénotera pas un homme faible et sujet à la convoitise. Lorsqu’il s’adresse à nous, tristes héritiers de la concupiscence d’Adam, ses suggestions vont plus avant : il aspire à souiller l’âme par le corps ; mais la souveraine sainteté du Verbe incarné ne pouvait permettre que Satan osât faire un tel essai du pouvoir qu’il a reçu de tenter l’homme dans ses sens. C’est donc une leçon de tempérance que nous donne le Fils de Dieu ; mais nous savons que pour nous la tempérance est mère de la pureté, et que l’intempérance soulève la révolte des sens.

La seconde tentation est celle de l’orgueil. Jetez-vous en bas ; les Anges vous recevront dans leurs mains. L’ennemi veut voir si les faveurs du ciel ont produit dans l’âme de Jésus cet élèvement, cette ingrate confiance qui fait que la créature s’attribue à elle-même les dons de Dieu, et oublie son bienfaiteur pour régner en sa place. Il est déçu encore, et l’humilité du Rédempteur épouvante l’orgueil de l’ange rebelle.

Il fait alors un dernier effort. Peut-être, pense-t-il, l’ambition de la richesse séduira celui qui s’est montré si tempérant et si humble. Voici tous les royaumes du monde dans leur éclat et leur gloire ; je puis vous les livrer ; seulement, adorez-moi. Jésus repousse cette offre méprisable avec dédain, et chasse de sa présence le séducteur maudit, le prince du monde, nous apprenant par cet exemple à dédaigner les richesses de la terre toutes les fois que, pour les conserver ou les acquérir, il faudrait violer la loi de Dieu et rendre hommage à Satan.

Or, comment le Rédempteur, notre divin chef, repousse-t-il la tentation ? Écoute-t-il les discours de son ennemi ? Lui laisse-t-il le temps de faire briller à ses yeux tous ses prestiges ? C’est ainsi que trop souvent nous avons fait nous-mêmes, et nous avons été vaincus. Jésus se contente d’opposer à l’ennemi le bouclier de l’inflexible Loi de Dieu. Il est écrit, lui dit-il : L’homme ne vit pas seulement de pain. Il est écrit : Vous ne tenterez point le Seigneur votre Dieu. Il est écrit : Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que lui seul. Suivons désormais cette grande leçon. Ève se perdit, et avec elle le genre humain, pour avoir lié entretien avec le serpent. Qui ménage la tentation y succombera. Dans ces saints jours, le cœur est plus attentif, les occasions sont éloignées, les habitudes sont interrompues ; purifiées par le jeûne, la prière et l’aumône, nos âmes ressusciteront avec Jésus-Christ ; mais conserveront-elles cette nouvelle vie ? Tout dépendra de notre attitude dans les tentations. Dès le début de la sainte Quarantaine, l’Église, en mettant sous nos yeux le récit du saint Évangile, veut joindre l’exemple au précepte. Si nous sommes attentifs et fidèles, la leçon fructifiera en nous ; et lorsque nous aurons atteint la fête de Pâques, la vigilance, la défiance de nous-mêmes, la prière, avec le secours divin qui ne manque jamais, assureront notre persévérance.

L’Église grecque célèbre aujourd’hui une de ses plus grandes solennités. Cette fête est appelée l’Orthodoxie, et a pour but d’honorer le rétablissement des saintes Images à Constantinople et dans l’empire d’Orient, en 842, lorsque l’impératrice Théodora, avec le secours du saint patriarche Méthodius, mit fin à l’affreuse persécution des iconoclastes, et fit replacer dans toutes les églises les effigies sacrées que la fureur des hérétiques en avait fait disparaître.

A LA MESSE.
[…]
L’Introït est tiré du Psaume 90, qui forme à lui seul la matière de tous les chants de cette Messe. Nous avons parlé déjà de l’appropriation que l’Église a faite de ce beau cantique, à la situation du chrétien durant le Carême. Tout nous y entretient de l’espérance que l’âme chrétienne doit concevoir dans le secours divin, en ces jours où elle a résolu de se livrer tout entière à la prière et à la lutte contre les ennemis de Dieu et d’elle-même. Le Seigneur lui promet, dans l’Introït, que sa confiance ne sera pas vaine.

Introït (Ps. 90, 15 et 16.):
Il m’invoquera, et je l’exaucerai : je le délivrerai je le glorifierai : je le rassasierai de longs jours.

 Ps (ibid, 1). Celui qui habite dans l’asile du Très-Haut demeurera sous la protection du Dieu du ciel. Gloire au Père. Il m’invoquera.

Dans la Collecte, l’Église recommande à Dieu tous ses enfants, et demande que leur jeûne non seulement les purifie, mais obtienne d’en haut ce secours puissant qui les rendra féconds en bonnes œuvres pour leur salut.

Collecte :
O Dieu ! qui purifiez chaque année votre Église par la pratique du Carême : faites que vos serviteurs accomplissent par leurs bonnes œuvres le bien qu’ils s’efforcent de mériter par leur abstinence. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

L’Église ajoute ensuite les deux Oraisons suivantes pour les besoins généraux des fidèles et de la société chrétienne.

Deuxième collecte :
Préservez-nous, s’il vous plaît, Seigneur, de tous les périls de l’âme et du corps, et, vous laissant fléchir par l’intercession de la bienheureuse et glorieuse Mère de Dieu Marie toujours vierge, du bienheureux Joseph, de vos bienheureux Apôtres Pierre et Paul, du bienheureux N. ( on nomme ici le Patron de l’église), et de tous les Saints, accordez-nous dans votre bonté le salut et la paix, afin que toutes les erreurs et les adversités étant écartées, votre Église vous serve dans une liberté tranquille.

Troisième collecte :
Dieu tout-puissant et éternel, qui régnez sur les vivants et sur les morts, et qui répandez votre miséricorde sur tous ceux que vous savez devoir se donner à vous par la foi et par les œuvres : nous vous supplions d’accorder dans votre bonté et votre clémence, et par l’intercession de tous vos Saints, le pardon des péchés à ceux pour qui nous allons répandre devant vous nos prières, soit que le siècle présent les retienne encore dans la chair, soit que, ayant déposé leurs corps, ils soient déjà entrés dans le siècle futur. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

ÉPÎTRE.
Lecture de l’Épître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Corinthiens (II, Chap. VI., 1-10) :
Mes Frères, nous vous exhortons de ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu ; car il est dit : Je t’ai exaucé au temps favorable, et je t’ai aidé au jour du salut. Voici maintenant ce temps favorable ; voici maintenant les jours du salut. Prenons garde de ne blesser personne, afin que notre ministère ne soit point un sujet de blâme ; mais agissons en toutes choses comme des serviteurs de Dieu, et avec une grande patience dans les tribulations, dans les nécessités, dans les angoisses, sous les coups, dans les prisons, dans les séditions, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes ; par la chasteté, par la science, par la longanimité, par la douceur, par le Saint-Esprit, par une charité sincère, par la parole de vérité, par la force de Dieu, par les armes de la justice dont nous combattons à droite et à gauche ; dans l’honneur et dans l’ignominie, dans la bonne et la mauvaise renommée ; comme des séducteurs, quoique sincères et véritables ; comme des inconnus, quoique très connus ; comme toujours à la mort, et vivant néanmoins ; comme châtiés, mais non jusqu’à en mourir ; comme tristes, et cependant sans cesse dans la joie ; comme pauvres, et toutefois enrichissant plusieurs ; comme n’ayant rien, et possédant tout.

Ce passage de l’Apôtre nous montre la vie chrétienne sous un aspect bien différent de celui sous lequel l’envisage ordinairement notre mollesse. Pour en éviter la portée, nous serions aisément disposés à penser que de tels conseils convenaient au premier âge de l’Église, où les fidèles, sans cesse exposés à la persécution et à la mort, avaient besoin d’un degré particulier de renoncement et d’héroïsme. Cependant ce serait une grande illusion de croire que tous les combats du chrétien sont finis. Reste toujours la lutte avec les démons, avec le monde, avec la chair et le sang ; et c’est pour cela que l’Église nous envoie au désert avec Jésus-Christ pour y apprendre à combattre. C’est là que nous comprendrons que la vie de l’homme sur la terre est une milice 4 , et que si nous ne luttons pas courageusement et toujours, cette vie que nous voudrions passer dans le repos finira par notre défaite. C’est pour nous faire éviter ce malheur que l’Église nous dit aujourd’hui, par l’organe de l’Apôtre : « Voici maintenant le temps favorable ; voici maintenant les jours du salut. » Agissons donc en toutes choses « comme des serviteurs de Dieu » ; et tenons ferme jusqu’à la fin de cette sainte carrière. Dieu veille sur nous, comme il a veillé sur son Fils au désert.

Le Graduel nous assure de la protection des saints Anges, dont la sollicitude ne nous abandonne ni le jour ni la nuit. Durant le Carême, ils redoublent d’efforts contre nos ennemis, et se réjouissent de voir le pécheur accepter enfin la pénitence qui doit le sauver.

Graduel (Ps. 90,11-1 2.):
Le Seigneur a commandé à ses Anges de te garder en toutes tes voies.
V/. Ils te porteront sur leurs mains, dans la crainte que tu ne heurtes ton pied contre la pierre.

Le Trait se compose du Psaume XC°, auquel sont empruntés le Graduel, l’Introït et les autres cantiques de cette Messe. Que notre cœur se rassure donc : tout nous parle de la bonté de Dieu et de sa vigilance paternelle sur des enfants ingrats dont il veut faire ses amis fidèles et les cohéritiers de son royaume.

Trait(Ibid., 1-7 et 11-16.):
V/. Celui qui habite dans l’asile du Très-Haut, demeurera sous la protection du Dieu du ciel !
 V/. Il dira au Seigneur : Vous êtes mon protecteur et mon refuge ! Il est mon Dieu, j’espérerai en lui.
 V/. Car c’est lui qui m’a délivré du filet des chasseurs, et des paroles fâcheuses.
V/. Le Seigneur te couvrira de son ombre : tu seras dans l’espérance sous ses ailes.
V/. Sa vérité sera ton bouclier : tu ne craindras ni les alarmes de la nuit.
V/. Ni la flèche qui vole pendant le jour, ni la contagion qui se glisse dans les ténèbres, ni les attaques du démon du midi.
V/. Mille tomberont à ta gauche, et dix mille à ta droite ; mais la mort n’approchera pas de toi.
V/. Car le Seigneur a commandé à ses Anges de te garder en toutes tes voies.
V/. Ils te porteront sur leurs mains, dans la crainte que tu ne heurtes ton pied contre la pierre.
V/. Tu marcheras sur l’aspic et le basilic, et tu fouleras aux pieds le lion et le dragon.
V/. Parce qu’il a espère en moi, je le délivrerai : je le protégerai, parce qu’il a connu mon Nom.
V/. Il m’invoquera, et je l’exaucerai : je suis avec lui dans la tribulation.
V/. Je l’en retirerai et le glorifierai : je le rassasierai de longs jours, et je lui montrerai le Sauveur que je lui ai préparé.

ÉVANGILE.
La suite du saint Évangile selon saint Matthieu (Chap. IV, 1-11) :
En ce temps-là, Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert pour y être tente par le diable. Et après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Et le tentateur, s’approchant, lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, commande que ces pierres deviennent des pains. Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Alors le diable le transporta dans la ville sainte, et l’ayant posé sur le sommet du temple, lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il a commandé à ses Anges de prendre soin de toi ; ils te soutiendront de leurs mains, de peur que tu ne heurtes du pied contre la pierre. Jésus lui dit : Il est écrit aussi : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu. Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, et, lui montrant tous les royaumes du monde avec leur pompe, il lui dit : Je te donnerai tout cela, si tu veux te prosterner devant moi et m’adorer. Alors Jésus lui dit : Arrière ! Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul. Alors le diable le laissa, et aussitôt les Anges s’approchèrent de lui, et le servaient.

Admirons l’ineffable bonté du Fils de Dieu qui, non content d’expier par la croix tous nos pèches, a daigné, pour nous encourager à la pénitence, s’imposer un jeûne de quarante jours et de quarante nuits. Il n’a pas voulu que la justice de son Père pût exiger de nous un sacrifice qu’il n’eût offert lui-même le premier en sa personne, et toujours avec des circonstances mille fois plus rigoureuses que celles qui peuvent se rencontrer en nous. Que sont nos œuvres de pénitence, si souvent encore disputées à la justice de Dieu par notre lâcheté, si nous les comparons à la rigueur de ce jeûne du Sauveur sur la montagne ? Chercherons nous encore à nous dispenser de ces légères satisfactions dont le Seigneur daigne se contenter, et qui sont si loin de ce qu’ont mérite nos fautes ? Au lieu de plaindre une légère incommodité, une fatigue de quelques jours, compatissons plutôt à ce tourment de la faim qu’éprouve notre Rédempteur innocent, durant ces longs jours et ces longues nuits du désert.

La prière, le dévouement pour nous, la pensée des justices de son Père le soutiennent dans ses défaillances ; mais, à l’expiration de la quarantaine, la nature humaine est aux abois. C’est alors que la tentation vient l’assaillir ; mais il en triomphe avec un calme et une fermeté qui doivent nous servir d’exemple. Quelle audace chez Satan d’oser approcher du Juste par excellence ! mais aussi quelle patience en Jésus ! Il daigne souffrir que le monstre de l’abîme mette la main sur lui, qu’il le transporte par les airs d’un lieu à un autre. L’âme chrétienne est souvent exposée à de cruelles insultes de la part de son ennemi ; quelquefois même, elle serait tentée de se plaindre à Dieu de l’humiliation qu’elle souffre. Qu’elle songe alors à Jésus, le Saint des Saints, donné, pour ainsi dire, en proie à l’esprit du mal. Il n’en est pas moins le Fils de Dieu, le vainqueur de l’enfer ; et Satan n’aura recueilli qu’une honteuse défaite. De même, l’âme chrétienne, sous l’effort de la tentation, si elle résiste de toute son énergie, n’en reste pas moins l’objet des plus tendres complaisances de Dieu, à la honte et au châtiment éternel de Satan. Unissons-nous aux Anges fidèles qui, après le départ du prince des ténèbres, s’empressent de réparer les forces épuisées du Rédempteur, en lui présentant de la nourriture. Comme ils compatissent a ses divines fatigues ! Comme ils réparent, dans leurs adorations, l’horrible outrage dont Satan vient de se rendre coupable envers le souverain Maître de toutes choses ! Comme ils admirent cette charité d’un Dieu qui, dans son amour pour les hommes, semble avoir oublié jusqu’à sa dignité, pour ne plus songer qu’aux malheurs et aux besoins des enfants d’Adam !

Dans l’Offertoire, l’Église, empruntant toujours les paroles de David, nous montre le Seigneur couvrant d’une protection spéciale le troupeau fidèle, et l’armant contre toute attaque de ce bouclier invincible que nous offre la foi[4]Eph. VI, 16..

Offertoire (Ps. 90, 4-5) :
Le Seigneur te couvrira de son ombre : tu seras dans l’espérance sous ses ailes : sa vérité sera ton bouclier.

Le Carême ne consiste pas seulement dans le jeune ; il ne sera efficace pour la réforme de notre âme que si nous y joignons la fuite des occasions nuisibles, qui détruiraient en un instant l’œuvre de la grâce divine. C’est pourquoi l’Église demande pour nous, dans la Secrète, un secours particulier à cet effet.

Secrète :
 Seigneur, nous immolons solennellement ce Sacrifice, à l’ouverture du Carême, vous suppliant de faire que, restreignant la nourriture de nos corps, nous nous abstenions aussi des plaisirs dangereux. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Seconde secrète :
Exaucez-nous, ô Dieu notre Sauveur ! et par la vertu de ce Sacrement, défendez-nous de tous les ennemis de l’âme et du corps, nous accordant votre grâce en cette vie, et votre gloire en l’autre.

Troisième secrète :
O Dieu , qui seul connaissez le nombre des élus à qui vous devez donner place dans la céleste béatitude, accordez, par l’intercession de tous vos Saints, que les noms de tous ceux que nous avons résolu de vous recommander dans notre prière, ainsi que les noms de tous les fidèles, demeurent écrits dans le livre de la bienheureuse prédestination. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Afin d’inculquer plus fortement encorda confiance dans nos âmes, la sainte Église répète dans l’Antienne de la Communion les paroles d’espérance qu’elle nous a proposées dans l’Offertoire. Le Sacrifice qui vient d’être offert nous est un nouveau gage de la bonté divine.

Préface du Carême

Communion (Ps. 90,4-5.) :
Le Seigneur te couvrira de son ombre : tu seras dans l’espérance sous ses ailes : sa vérité sera ton bouclier.

Dans la Postcommunion, l’Église nous apprend à regarder la sainte Eucharistie comme le grand moyen d’accroître nos forces, en purifiant nos souillures. Que le pécheur se hâte donc de faire sa paix avec Dieu, et qu’il n’attende pas le festin de la Pâque pour faire l’essai de l’aliment divin qui nous sauve de la divine justice, en nous incorporant l’auteur même du salut.

Postcommunion :
Que la participation sainte à votre Sacrement, Seigneur, rétablisse nos forces : qu’elle nous purifie du vieil homme, et qu’elle nous établisse dans la communion du mystère de notre salut. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Seconde postcommunion :
Que Sacrifice nous purifie et nous protège, Seigneur nous vous en supplions ; et par l’intercession de la bien heureuse Vierge Marie Mère de Dieu, du bienheureux Joseph, de vos bienheureux Apôtres Pierre et Paul, du bienheureux AT. (on nomme ici le Patron de l’église) , et de tous les Saints, qu’elle soit pour nous l’expiation de tous nos péchés et la délivrance de toute adversité.

Troisième postcommunion :
 Purifiez-nous , ô Dieu tout-puissant et miséricordieux, par les Sacrements que nous avons reçus, et faites, par l’intercession de tous vos Saints, que votre Sacrement ne soit pas en nous un crime digne de châtiment, mais une intercession puissante pour le pardon : qu’il efface nos péchés, qu’il soit notre force dans notre fragilité, et notre défense contre tous les dangers du monde ; qu’il opère dans les fidèles vivants et défunts la rémission de toutes leurs fautes. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

COMMENTAIRE DE DOM PIUS PARSCH
dans son Guide dans l’Année Liturgique



« Suivons le Christ dans sa mortification et ses combats.

 1. Premières impressions. — Le dimanche de la Septuagésime, nous nous rendions au tombeau de saint Laurent ; le dimanche de la Sexagésime, à celui de saint Paul ; et le dimanche de la Quinquagésime, à celui de saint Pierre. Aujourd’hui, la liturgie nous conduit dans le sanctuaire du “ Saint Sauveur “, dans la première église de la chrétienté romaine. Cela nous indique, déjà, que ce jour est d’une grande importance. Il est très important, en effet. C’est dans l’église du Baptiste, l’homme du désert, que nous accompagnons le Seigneur au désert pour son jeûne de quarante jours. C’est dans cette église baptismale, que nous reviendrons, dans quarante jours, célébrer, dans la nuit pascale, le mystère de la Résurrection. Nous venons y demander, aujourd’hui, la grâce pour le temps de la préparation. L’église de station est donc le cadre qui convient pour célébrer aujourd’hui le commencement du Carême.
La liturgie de ce jour est très ancienne. Nous ne trouvons qu’un petit nombre de ces messes antiques et classiques, dans le missel. L’Église nous propose aujourd’hui trois choses : 1. L’invitation au Carême et le programme de ce saint temps ; 2. Un modèle, et 3. Un chant de combat.
a) L’invitation a un ton très solennel. Je la compare il, celle du premier dimanche de l’Avent. L’Église considérait tout le cycle de Noël comme un seul jour, dont l’aurore est le premier dimanche de l’Avent, alors que le jour de Noël en est le lever du soleil et l’Épiphanie, le plein midi. Il y a quelque chose de semblable dans le cycle pascal. Tout ce temps est “le jour du salut ” qui se lève aujourd’hui. A Pâques, le soleil monte il, l’horizon et, il, la Pentecôte, il est il, son zénith. L’Église nous rappelle notre devoir de “ ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu “). Maintenant, le programme de Carême. Il est vrai que nous avons déjà dit bien des choses, pendant l’avant-Carême, sur notre travail de Carême : l’invitation à se rendre dans la vigne, à prendre part il, la lutte ; la préparation du sol pour recevoir la semence ; la primauté de la charité. Aujourd’hui, l’Église nous donne de nouveau un programme de Carême :Ce qui est encore plus important que le jeûne, la prière et l’aumône, c’est une bonne vie chrétienne qui surmonte toutes les difficultés. L’Église formule ce programme dans l’antienne de Magnificat : “ Voici le temps de grâce, voici les jours du salut ; dans ces jours, montrons-nous les serviteurs de Dieu dans beaucoup de patience, dans le jeûne, dans la vigilance, dans la charité non feinte. “ Le travail principal, c’est une vie chrétienne véritable, une vie sanctifiée, un cœur purifié du péché et de l’amour-propre. — Saint Paul nous expose d’une manière merveilleuse sa propre vie chrétienne et nous la propose en exemple : “ traités d’imposteurs et pourtant véridiques ; d’inconnus et pourtant bien connus ; regardés comme mourants bien que nous vivions, comme châtiés et nous ne sommes pas mis à mort, comme attristés nous qui sommes toujours joyeux, comme pauvres nous qui enrichissons plusieurs, comme dépourvus de tout nous qui possédons tout. “ C’est là le sort du chrétien dans sa pauvreté extérieure et sa richesse intérieure. C’est ce double état que doit nous faire acquérir le Carême, le dépouillement (par le jeûne) et la possession de tout (nous serons d’autant plus riches dans notre âme).
b) L’Évangile nous montre le Christ sous un double aspect : le Christ mortifié et le Christ combattant. Nous suivons maintenant le Christ mortifié, dans le désert du renoncement, pour y jeûner quarante jours avec lui. Son jeûne sanctifie le nôtre, parce que nous jeûnons en union avec lui et participons à son propre jeûne. Cette pensée doit nous rendre le Carême plus vénérable ; les membres sont unis à leur Chef. Le jeûne du Christ appartient à son œuvre rédemptrice ; de même, notre jeûne de quarante jours contribue à édifier le royaume de Dieu sur la terre. C’est peut-être le temps le plus important de toute l’année. Ainsi donc, le Chef et les membres entrent dans la grande période de la pénitence. — Le Seigneur nous précède aussi comme combattant. Nous voyons le divin héros remporter la victoire dans trois passes d’armes. Les deux princes sont en face l’un de l’autre, le prince du monde et le prince du royaume de Dieu. lis se mesurent dans le combat. Le prince de ce monde fait avancer toute son armée : le monde avec toutes ses pompes, l’enfer, le moi avec ses désirs insatiables. Le Christ est vainqueur. Le champ de bataille où nous entrons n’est pas loin de nous, il est dans notre âme ; l’homme inférieur y lutte contre l’homme supérieur. Mais le Christ, qui est en nous, doit vaincre. C’est là, pour nous, une force et une consolation. Nous ne sommes pas seuls au combat : le Chef et les membres combattent, le Chef et les membres doivent remporter la victoire. Ainsi l’Évangile nous mène à l’école de combat du Christ ; aujourd’hui, nous ne sommes encore que des recrues ; à Pâques, nous devons être des vainqueurs.
Autrefois, nous nous sommes peut-être représenté notre travail de Carême comme une œuvre purement personnelle et nous l’avons accompli sans tenir compte de la grande communauté. Aujourd’hui, nous apprenons et nous comprenons, d’une manière toujours plus profonde, que nous devons accomplir ce travail comme membres de l’Église et membres du Christ. L’oraison nous dit, d’une manière caractéristique, que Dieu, “ par l’exercice du jeûne de quarante jours, purifie son Église ”. Tout péché que nous commettons souille aussi l’Église, toute vertu qui orne notre âme ajoute une parure à la robe de l’Église. Disons plus. L’Église est le Christ mystique dont nous sommes les membres. Nous devons ressembler en tout au Christ, ici-bas dans l’humiliation, là-haut dans la gloire. Le travail du Carême nous rend semblables au Christ.
c) Nous comprendrons mieux maintenant le troisième morceau liturgique, le psaume directeur du jour, le psaume 90. C’est notre char de combat pendant tout le temps de Carême. Le psaume décrit le champ de bataille horrible ; des milliers tombent à droite et à gauche, les flèches sifflent ; il faut marcher sur des aspics et des dragons. Néanmoins, la troupe des héros ne craint rien : elle est enveloppée des ailes de Dieu et les anges la gardent sur son chemin. Son épée est la confiance en Dieu.
Voici le texte du psaume :

Celui qui se tient sous la protection du Très-Haut, qui habite sous la garde du Roi du ciel,
Il peut dire au Seigneur : “ Tu es mon refuge et ma forteresse, mon Dieu, en toi je me confie. ”
Car c’est lui qui te délivre des filets de l’oiseleur et de la peste funeste.
Il te couvrira de ses ailes et, sous ses plumes, tu trouveras un refuge ;
Sa fidélité est un bouclier et une cuirasse.
Tu n’auras à craindre ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole pendant le jour, ni la peste qui se glisse dans les ténèbres, ni l’attaque du démon en plein midi.
Que mille tombent à ton côté et dix mille à ta droite, tu ne seras pas atteint.
Mais de tes yeux tu regarderas et tu verras la rétribution des méchants.
“ Tu es mon refuge, ô Dieu “ ;
Oui, tu as fait du Très-Haut ton refuge.
Aucun malheur ne t’atteindra, aucun fléau n’approchera de ta tente,
Car il ordonnera pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies.
Ils te porteront dans leurs mains, pour que tu ne heurtes pas ton pied à la pierre.
Tu marcheras sur l’aspic et le basilic et tu fouleras aux pieds les lions et les dragons.
“ Puisqu’il a espéré en moi, je le délivrerai, je le protégerai, car il honore mon nom ;
Il m’invoquera et je l’exaucerai, je serai avec lui dans la détresse,
Je le délivrerai et le glorifierai, je le rassasierai de longs jours et je lui ferai voir mon salut. “

Ce que l’on chante ici déborde de cœur et de sens. Entrons donc avec courage dans le combat. L’Église nous donne t’arme la plus puissante ; c’est le “ Saint Sauveur “ lui-même, dans l’église duquel nous nous trouvons. Nous nous y sentons sous sa protection. Le divin Maître de maison se tient à la porte et nous parle ainsi : “ Il m’invoquera et je le délivrerai et je le glorifierai, je le rassasierai de longs jours “ (Introït). Quand, aujourd’hui, à l’Offertoire et à la Communion, nous nous approchons de l’autel (l’autel est le Christ), nous sentons bien que, dans le Saint-Sacrifice, le Christ est notre bouclier protecteur, l’aile qui nous couvre.
2. La messe (Invocabit). — La messe a la simplicité d’un monument classique. A l’Introït, le Christ nous accueille comme ses compagnons de combat et nous adresse cette parole de consolation : Après le combat de Carême viendra la “ gloire” du Baptême et le “ rassasiement de la vie éternelle “. L’oraison nous dit que Dieu, par le jeûne de quarante jours, “ purifie “ son Église. C’est donc la grande purification du temple de Dieu. Elle nomme en même temps deux moyens de purification : l’abstinence et la pratique des bonnes œuvres. L’Épître est l’invitation solennelle de l’Église, ainsi que son programme pour le temps qui commence. Aujourd’hui, l’Église prend les candidats au baptême sous son aile tutélaire. Alors même que tout l’enfer est déchaîné contre eux, ils sont protégés ; l’armée céleste les accompagne. Au Trait, nous chantons presque en entier le psaume 9° comme introduction à l’Évangile. Dans les deux processions eucharistiques (l’Offertoire et la Communion), nous entrons dans le combat héroïque du Christ, protégés par les ailes et le bouclier de Dieu, c’est-à-dire l’Eucharistie.
3. La prière des Heures. — La prière des Heures d’aujourd’hui nous apparaît comme un monument d’antiquité. Peu de jours présentent une pareille unité et une telle beauté classique. Les leçons du premier nocturne nous annoncent le programme du Carême, c’est l’Épître, plus développée ; au second nocturne, nous entendons un beau sermon de Carême du pape saint Léon 1er. Au troisième nocturne, c’est saint Grégoire-le-Grand qui est notre docteur ; il nous donne une explication édifiante de l’Évangile. Saint Paul, saint Léon, saint Grégoire, trois voix qui nous viennent de Rome ! Les répons qui suivent les neuf leçons sont riches de pensées et de sentiments ; ils chantent le caractère sérieux de la pénitence et disent notre travail de Carême.
Voici quelques-uns de ces répons :

“Corrigeons-nos fautes commises dans l’ignorance, de peur que, surpris soudain par le jour de la mort, nous cherchions le temps de la pénitence, sans pouvoir le trouver.
Fais attention à nous, Seigneur, et aie pitié, car nous avons péché contre toi.
Aide-nous, Ô Dieu, toi notre salut ; à cause de ton nom, délivre-nous Seigneur. “
“ Déchirez vos cœurs et non vos vêtements et convertissez-vous au Seigneur votre Dieu,
Car il est bon et miséricordieux.
Que le pécheur abandonne sa voie de péché, et l’injuste ses mauvais desseins ; qu’il se convertisse au Seigneur et Dieu sera bienveillant pour lui,
Car il est bon et miséricordieux. “»

Notes   [ + ]

1. Hebr. IV, 15.
2. ISAI. VII, 14.
3. I. JOHAN. II, 16.
4. Eph. VI, 16.

1 commentaire concernant l'article “Premier dimanche de Carême – textes et commentaire”

  1. bonjour! le monde est ds. un triste état,il a mis Dieu à la porte et dit ensuite qu’Il n’existe pas, se vautrant ainsi ds. sa médiocrité!! les formes pensées égoistes de sexe, fric,conso-poubelle agissent sur les éléments qui dérangent le temps; Il faut savoir que cette attitude contribue à renforcer le pouvoir occulte de la franc-maçonnerie et illuminati eux-même à la solde d’extra-terrestres malveillants adombrés par les démons, on les nourris de notre émotionnel débridé qu’ils entretiennent, c’est bien bouclé. On ne peut en sortir qu’en changeant nos coeurs en se branchant sur Jésus- Christ et Ses Enseignements Sacrés de Sagesse, en se mettant en état de méditation-réception, les Aides se manifestent et on devient travailleurs de Lumière. Bon travail! (l’apocalypse décrit ésotériquement l’état du monde depuis Abraham jusqu’au retour du Christ!…. comprenne qui sera éclairé!…dans l’humilité!

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