Une enseignante juive trop zélée ?

NANCY — Une enseignante de Nancy de confession juive a dénoncé mercredi « un abus de pouvoir » du rectorat qui l’a suspendue pour manquement aux obligations de neutralité et de laïcité dans le cadre de voyages scolaires dans d’anciens camps de concentration.

Catherine Pederzoli, 58 ans, qui a été suspendue quatre mois par le recteur de l’académie de Nancy-Metz, a déclaré à des journalistes: « je vis un abus de pouvoir et un déni d’Histoire parce qu’on m’interdit de travailler sur la Shoah. L’enseignement de la Shoah doit déranger, moi je fais mon travail et mes élèves réussissent au bac », a-t-elle dit.

« On salit ma vie privée et on dit que je manipule mes élèves, c’est gravissime. Je reste la tête haute, je n’ai commis aucune faute je ne me sens nullement coupable », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Son avocate a saisi en référé le tribunal administratif qui devrait statuer sous quinzaine.

Le représentant de la communauté juive de Nancy, Etienne Heymann, a estimé mercredi que cette suspension constituait un « véritable scandale d’Etat ». Il a réclamé « une réaction soit du ministre, soit du président de la République ».

Selon lui, les auteurs du rapport défavorable à l’enseignante d’histoire « se sont complètement fourvoyés, pour des considérations politiques et raciales ».

L’enseignante a été suspendue sur la base d’un rapport de l’Inspection générale demandé par le rectorat à la suite d’un « certain nombre de dysfonctionnements » au lycée public Henri-Loritz de Nancy.

La suspension d’une enseignante d’histoire de confession juive par le recteur de l’académie de Nancy-Metz n’a rien à voir avec l’appartenance religieuse du professeur, a affirmé mercredi à Europe 1 le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel.

Il est reproché à Mme Pederzoli des « manquements aux obligations de réserve, de neutralité et de laïcité » et l' »instrumentalisation des élèves » par des « lavages de cerveau », selon le document que l’AFP a pu lire.

Elle consacrerait trop de temps à l’organisation de voyages sur l’histoire des juifs en Europe centrale, comprenant des visites à des camps comme celui d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne. « Un temps non négligeable de préparation étant consacré au projet, des parties du programme risquent de lui être plus ou moins sacrifiés », observent les auteurs.

Ils ont par ailleurs comptabilisé que lors de leur entretien avec la professeur, celle-ci a prononcé 14 fois le mot « Shoah », « tandis que le terme à la fois plus neutre et juridiquement fondé de +génocide+ n'(a été) mentionné que deux fois », « comme en passant », ajoutent-ils.

Mardi, le rectorat avait insisté « sur le fait qu’il s’agit d’un dossier relevant de la problématique générale de l’organisation des voyages scolaires (…), sans rapport avec le sujet de la transmission de l’histoire et de la mémoire de la Shoah, à laquelle l’Education Nationale est très attachée ».

Source : AFP

4 commentaires concernant l'article “Une enseignante juive trop zélée ?”

  1. Elle est passée sur différents JT. Je cite : « La Shoah a été perpétuée de 1933 à 1945. »

  2. Le Crif défend une enseignante suspendue

    Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s’est insurgé jeudi contre la suspension d’une enseignante soupçonnée de manquements au principe de laïcité dans sa façon d’enseigner la Shoah. « Les manquements à la laïcité, c’est une absurdité totale », a confié à Reuters Richard Prasquier, le président du Crif. Catherine Pederzoli, professeur d’histoire-géographie du lycée Henri Lortiz de Nancy, a été suspendue à titre conservatoire pour quatre mois sur la base d’un pré-rapport de l’Inspection générale de l’Education nationale relatif à l’organisation de voyages sur les lieux de l’extermination des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Les inspecteurs lui reprochent dans leur rapport de consacrer trop de temps au sujet et d’abuser du terme de Shoah au lieu d’employer celui, plus générique, de génocide.

    JDD

  3. elle a vraiment du en faire énormément pourqu’elle se fasse suspendre, la france aime la shoah.

    enfin bref, ça me fait bcp de plaisir.
    j’aimerai enendre les élèves et les parents

  4. Je suis un ancien élève de Madame Pederzoli. Je l’ai eus en seconde et en terminale. J’ai eus 15 au bac, information que vous êtes libre de croire ou non. J’ai effectué le voyage en Pologne avec Madame Pederzoli. On a eut un peu peur de temps à autre parce que Madame Pederzoli est une femme strict qui n’aime pas qu’on fasse le bordel.

    Elle savait comment organiser son voyage avec le transport, les lieux, les nuits à l’hotel, le paiement tout ça ce qui n’est pas le cas de tous les professeurs organisant de telles voyages. J’ai beaucoup étudié la Shoah en seconde, pas pour rien si vous voulez mon avis, le reste du programme n’a pas été sacrifié contrairement aux suppositions des « observateurs ».

    Quand quelqu’un gène le recteur a pour habitude d’utiliser le « parapluie » comme ils appellent, à savoir la suspension temporaire. Dommage pour eux ils sont tombés sur une bosseuse qui sait ce qu’elle fait et qui a une grande gueule. Ils vont devoir faire demi-tour ou bien foncer dans le mur.

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