Pas bon être blanche en Afrique du Sud !

A lire dans le Rivarol de cette semaine :

Jessica Leandra Dos Santos a 20 ans. Native de Johannesburg, elle était depuis quelques mois en Afrique du Sud le mannequin qui montait dans la publicité. L’an dernier elle avait été désignée comme « modèle de l’année » par FHM’s, For Him Magazine, un des principaux magazines internationaux pour hommes avec 22 éditions dans le monde. On y est par principe et par intérêt peu regardant sur la morale en général. En général, bien sûr, pas en particulier. Tout dépend ce qu’on entend par morale. Chaque année il décerne également le trophée des « 100 femmes les plus sexys du monde ». Au cours des 18 dernières années ont figuré au palmarès des modèles — comme Claudia Schiffer —, des actrices — comme Jennifer Lopez ou Gillian Anderson —, des sportives — comme Anna Kournikova —, des chanteuses — comme Britney Spears ou Tulisa Contostavlos — Bref une carrière internationale exceptionnelle s’ouvrait à elle, alors que les contrats de publicité affluaient.

Jusqu’à ce qu’éclate « l’Affaire Leandra ». Laquelle, par une curieuse collusion événementielle, était reprise dans la presse internationale le 4 mai 2012.

Ce jour-là, la France, tétanisée, apprenait que le Conseil Constitutionnel avait annulé la loi contre le harcèlement sexuel. En pleine épilogue de la présidentielle, un tintamarre exceptionnel prenait la place de celle-ci. On organisait des défilés de protestation à Paris. On envahissait les ondes et les écrans. Sur France-Info, le 5 mai, c’était un chevauchement ininterrompu de féministes furibardes, de gauchistes et d’anti-machistes exacerbées. Et certes on serait un peu tenté de les suivre tant on n’aime pas ici ceux qui tabassent les femmes et ceux qui profitent de leur pouvoir de petits chefs rouleurs de mécaniques pour les plier à leurs désirs. Pourtant nous avons tant de doutes sur la sincérité de ces débordements et la franchise de cette petite planète d’hypocrites…

Ce que vient justement illustrer le sort fait à Jessica Leandra. Il y a quelques jours, dans un magasin Spar de Johannesburg où elle faisait quelques courses, elle était sexuellement agressée par un Noir. Parvenant à s’en dépêtrer, encore sous le coup de la colère, elle “twittait” sur son portable : « Ça arrive à l’instant, j’ai eu des mots avec un kaffir arrogant et grossier à Spar. J’aurais dû lui foutre sur la gueule… Sur la gueule ». En trente secondes elle est submergée de “twits” d’insultes. Non à cause de ce qu’elle a subi mais pour avoir utilisé le mot “kaffir”, devenu tabou en Afrique du Sud depuis 1994 et qui, pendant des siècles, fut utilisé par les Boers, un peu à la façon de “notre” nègre, pour désigner les Africains.

BLANCHE, ELLE EST AGRESSEUR, NOIR IL EST VICTIME !

Aussitôt, comprenant son erreur, elle tentait de se défendre sur son site Internet, s’enfonçant un peu plus : « J’ai “twitté” de façon assez irresponsable, convint-elle, à propos d’un incident survenu la nuit dernière en utilisant un mot un peu brutal concernant un monsieur qui m’a agressé de propos et de grognements sexuels. Vous êtes nombreux à ne pas connaître les détails de l’incident. Comprenez, s’il vous plaît, que j’ai réagi en pleine colère ». Peine perdue, le déchaînement se poursuit. Elle est attaquée par la porte-parole de l’UD — le Modem du coin — : « Ça ne suffit pas, lui écrit-on, de dire que vous étiez en colère. Le racisme n’a pas d’excuse ! ». Une éditorialiste en vogue, Mabine Seabe, interpelle la Commission des Droits de l’Homme. Le rapper américain, Talib Kweli, l’apostrophe, lui-même utilisant le terme dérogatoire de “Whitey” pour désigner les Blancs, de préférence, précise-il, « ces crazy Whiteys… ces blancos débiles ». Mais personne ne s’en prendra à un rapper raciste, bon raciste, bien sûr. Alors, elle s’emporte : « Ça suffit, là, tous. Il s’agissait de ce genre de personnes qui finit toujours dans notre pays par violer une fille. Je n’allais tout de même pas le laisser s’en sortir comme ça ? ». Et non, elle n’allait pas ! D’autant que si elle aura aussitôt effacé la phrase criminelle, une autre plus ancienne ne l’avait pas été : peu de jours avant, faisant le plein à une station, elle avait déjà été importunée par un Noir. Là encore, elle avait passé sa colère sur son portable : « Le sommet de mon week-end, avait-elle encore “twitté” ? J’ai failli boxer le pompiste de Engen. Pas de tolérance d’aucune sorte pour ces singes africains grossiers ».

Alors en quelques minutes Jessica Leandra a tout perdu. FHM’s l’a déclassée. […]

Jim REEVES