LIESI : la guerre scrète du pétrole, de Pierre Fontaine

[ …] En juin 1927, une revue parisienne annonçait «l’offensive mondiale des pétroliers contre les carburants de remplacement». En 1935, lord Bearsted, fondateur de la Shell, avait adressé, de Londres, un cynique avertissement aux gouvernements étrangers qui, «désireux d’atteindre une prétendue indépendance économique  engageaient des dépenses pour construire des raffineries, même lorsqu’elles ne disposent pas de ressources en pétrole brut». Les gouvernants français se rendirent les premiers et devinrent les agents d’exécution des consignes des trusts pétroliers, ainsi que le député Margaine l’expliqua à ses collègues. Ils étouffèrent toute rivalité à l’industrie du pétrole anglo-saxon. En avant la valse des dollars et des sterlings pour acheter l’huile (oil) étrangère que la France refusait de puiser dans ses richesses nationales inutilisées.
Ce bilan est pénible, mais il faut avoir le courage d’aller jusqu’au bout, ne serait-ce que pour réaliser le sens de la véritable révolution économique à entreprendre. Il est clair que l’essence de pétrole, imposée au monde par les trusts, n’est pas indispensable à la bonne marche des moteurs. […]


La plupart des savants se penchèrent sur le problème des carburants de remplacement. Les uns par curiosité scientifique, les autres par souci de détacher leur pays de la sujétion du pétrole étranger. Le professeur Jean Laigret ne trouva-t-il pas, dans son laboratoire de l’Institut Pasteur de Tunis, le microbe de la fermentation pétrolière ? Cette fermentation ayant été reproduite, il créa des hydrocarbures par le même processus que la nature employait pour transformer des matières végétales ou animales en pétrole. Découverte sensationnelle permettant de transformer des multitudes de choses qui se perdent annuellement en huile qui ne serait plus à chercher dans les entrailles de la terre. La découverte du professeur Laigret fut rendue publique en 1947. Quelles suites depuis ? Dans le même sac que le carburant par catalyse de l’eau et que les roches pétroligènes.
L’ingénieur Roger François expliqua, au Congrès soudanais de technique agricole (février 1936), comment on produisait de l’huile lourde pour moteurs en partant des graines oléagineuses, arachide y compris, appelé «pétrole végétal». Des noms de grands savants français sont attachés à cette recherche : Sabatier, Maille, Charles Roux, etc… Depuis la mission Roux de 1932, il y eut de catastrophiques méventes de produits oléagineux en Afrique noire et particulièrement d’arachides. Elles pourrirent ou furent brûlées pour le simple spectacle des colonnes de fumée qui s’élevèrent dans le ciel.
En 1932, à Bamako, avec du matériel de fortune, on obtint le «pétrole végétal» qui fut immédiatement utilisé dans des moteurs fixes, moteurs de camions et de remorqueurs du Niger… alors que l’on importait à grands frais des combustibles étrangers pour les centrales électriques. […]
L’achat assuré aux indigènes des graines riches et même des graines pauvres sans utilité, d’une valeur marchande actuellement presque nulle, permettrait une rapide revalorisation de la production locale non exportable, tout en évitant de débourser des devises lourdes pour l’achat de produits pétroliers.

Il serait fastidieux de citer toutes les initiatives de savants tendant au remplacement des essences de pétrole. Notons néanmoins que, voici presque trente ans, le technicien Jean Brémond réalisa la production industrielle de l’alcool de sisal sur laquelle avaient échoué tous les spécialistes du monde entier. Imaginons que le moteur à alcool du marquis de Dion ait acquis droit de cité, l’Afrique, avec l’alcool et le «pétrole végétal» pouvait acquérir rapidement une cadence économique favorable à son développement accéléré. […]

Le pétrole est une matière avant tout «politique». Jadis, il s’appuyait sur la «droite» ; aujourd’hui, il mise à gauche. En réalité, il a des garants politiques partout, mais il ne faut pas oublier que ce sont des ministres socialistes de la S.F.I.O. qui introduisirent le trust mondial n° 2, Royal Dutch Shell, au Sahara et, ainsi, mirent le feu aux poudres en Afrique du Nord française. Par exemple, M. Robert Lacoste, ancien ministre qui, simple syndicaliste gazier voulait pendre les banquiers, devint actionnaire de la Société pétrolière Francarep (groupe Rothschild) aux actions à un million de francs anciens chacune.
Cette puissance pétrolière est présente quel que soit le régime. Sous l’Etat français, en pleine guerre, le 13 juin 1944, le «Comité d’organisation des combustibles liquides» et le «Comité d’organisation des carburants et lubrifiants de remplacement» créèrent conjointement l’Institut du pétrole. Lequel Institut s’empressa de placer les carburants nationaux sur un plan inférieur au pétrole. Nous étions alors dans une époque cruciale  où la France était paralysée par le manque de carburant. Mais les hommes dans les coulisses organisaient déjà l’avenir, leur avenir.
Inutile de s’étonner de la nuit opaque qui entoure les carburants de synthèse français. L’Allemagne, l’U.R.S.S., la Grande-Bretagne, les Etats-Unis voient plus loin que les dirigeants français des carburants. La France a perdu le pétrole algéro-saharien par la faute des anglo-saxons qui déclenchèrent le baroud nord-africain. […]

source

10 commentaires concernant l'article “LIESI : la guerre scrète du pétrole, de Pierre Fontaine”

  1. Et l’on ne parle pas de Konrad killian, Alsacien géologue qui trouva au Fezzan des gisement de pétrole (sud de la lybie)dans les années 20′ et ami de Leclerc, que l’on retrouva sucidé à grenoble dans les années 50′ cet homme peu connue des jeunes génération est pour cause très peu de livre sur cet illustre chercheur furent publiés.

    un téléfilm konrad killian fut réalisé fin des années 70′ une seule diffusion à la télé qui étaient à l’époque un peu moins soviétoide que de nos jours.

  2. Prenez un carré de 350 km de coté, intallé dessus un panneau solaire géant et vous avez assez d’électricité pour toutes les activités en france.

    Mettez des panneaux solaire sur les toits de toutes les maisons et elles deviendront autonomse.

    Seul problème le rendement réel est d’a peut près 21/100 maxi(dans le commerce) mais les 40/100 et plus sont possible en laboratoire.

    Si on en à marre du pétrole …c ‘est si facile de s’en passer !

  3. Ce livre semble très instructif! En quelques paragraphes j’ai appris énormement, cela donne envie d’en lire plus.

  4. Des moteurs classiques ont fonctionné sur 1800 kms avec quatre litres d’eau , transitant par un maser.
    Un peuple indépendant ne peut pa

  5. J’ai lu -j’ai encore mais où?- le livre de Pierre Fontaine. J’ai souvenir d’une émission sur Konrad Kilian (Diff.par laoù il était suggéré qu’il avait été assassiné… J’en sais pas plus que vous

  6. J’ai lu -j’ai encore mais où?- le livre de Pierre Fontaine. J’ai souvenir d’une émission sur Konrad Kilian où il était suggéré qu’il avait été assassiné… J’en sais pas plus que vous. Mais ça mérite une étude approfondie… en avons nous le temps? il y en a tant!

  7. Rien à voir avec cette entrée, mais je suis étonné de ne rien voir sur sainte Geneviève (qui est quand même la patronne de Paris, et une des patronnes de la France) dont nous fêtons AUJOURD’HUI le 1500e anniversaire de la mort.

    Sainte Geneviève, née à Nanterre en 423, bénie et encouragée par saint l’évêque saint Germain d’Auxerre qui passa par là alors qu’elle avait 6 ans (429), voua très jeune sa virginité à Dieu.

    Lors du siège de Paris par les Huns, en 451 (elle avait 28 ans), elle convainquit les Parisiens de ne pas abandonner la ville :

    « Que les hommes fuient s’ils veulent, et s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous, les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications. »

    De fait, Attila (qui voulait surtout en découdre avec les Wisigoths, en Aquitaine) épargna Paris.

    Honorée de Clovis (dont elle obtint diverses faveurs pour la ville de Paris), elle mourut un an après lui, le 3 janvier 412 (il y a donc exactement 1500 ans AUJOURD’HUI).

    En 1793, les révolutionnaires estimèrent qu’il était de « salut public » d’aller détruire ses reliques…

    Inutile de demander ce que fait Delanoë, en 2012, pour honorer celle qui a sauvé Paris à plusieurs reprises (en 451, mais aussi en 465)…

  8. Aaaaaaaaaaargh !
    Il faut lire, bien entendu :
    « Elle mourut le 3 janvier 512 » [ et non 412 !!!] dans le message ci-dessus !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.