« L’effondrement du Yémen n’est plus qu’une question de temps »

La situation sanitaire du Yemen illustre parfaitement l’indignation à géométrie variable de la classe politique française. Toujours prompte à condamner la violence de l’armée arabe syrienne ou de l’armée russe contre les civils d’Alep ou d’Idlib, leur silence concernant la guerre de notre allié saoudien au sud de la péninsule est assourdissant. L’hypocrisie de la posture moralisatrice et de la « diplomatie sunnite » de nos dirigeants, se rend progressivement complice des pires atrocités.

Le Yémen est face à l’abîme. L’ONU a annoncé vendredi perdre le combat contre la famine qui menace le pays. Cinq millions d’enfants sont très sévèrement malnutris, 3/4 de la population dépend maintenant de l’aide humanitaire d’urgence.

Une aide que l’ONU a de plus en plus de mal à distribuer suite à la reprise des combats sur la route reliant le port commercial d’Hodeïda à la ville de Sanaa. A cela s’ajoute une situation économique catastrophique avec une monnaie qui a perdu 30 % de sa valeur en un mois. L’organisation demande à toutes les parties au conflit d’engager un dialogue politique pour une sortie de crise et de permettre un pont aérien pour évacuer les blessés et les malades.

L’effondrement du Yémen n’est plus qu’une question de temps. C’est le constat dressé par Mark Lowcock, le directeur des Affaires humanitaires de l’ONU : « Nous perdons notre combat contre la famine. Nous pourrions approcher un point de non-retour au-delà duquel il sera impossible d’éviter de nombreuses pertes de vies humaines dues à une famine généralisée dans le pays. »

En cause, la montée des prix des denrées liée à la dévaluation du riyal yéménite et la reprise des combats sur l’axe commercial d’Hodeïda à Sanaa qui pourrait plonger 3,5 millions de personnes dans l’insécurité alimentaire. Un chiffre qui viendrait s’ajouter aux 8 millions de yéménites dont 5 millions d’enfants déjà en situation de famine et aux 21 millions de personnes qui ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence. « La question aujourd’hui est de savoir qui peut faire quelque chose pour éviter cette catastrophe en devenir ? Les organisations humanitaires ne peuvent simplement pas répondre aux besoins de 29 millions de Yéménites. C’est intenable. »

Outre des mesures économiques et la reprise des négociations politiques, Marc Lowcock a surtout réclamé la mise en place d’un pont aérien. Celui-ci permettrait de soigner les malades qui ne peuvent plus bénéficier plus de soins au Yémen.

Source : RFI