[Reportage exclusif pour CI] Homs : la ville fantôme

Capture d’écran 2014-09-03 à 14.47.42Homs, capitale de la province qui porte son nom, a été très touchée par de multiples affrontements destructeurs entre islamistes et armée syrienne de 2011 jusqu’au printemps 2014. Reportage.

Au terme de deux ans et demi de conflit, un accord était trouvé le 9 mai dernier entre les deux parties : les islamistes évacuaient les quartiers qu’ils occupaient dans le centre de la ville avec l’autorisation de n’emporter qu’une arme chacun.

Les faubourgs de Homs continuent à vivre malgré les quelques magasins pillés ou brûlés que l’on devine, le quartier « arménien » (qui n’en compte plus un seul !) est dévasté, les volets baissés et l’évêque de Homs affirme qu’une voiture piégée explose tous les quinze jours. La guerre a fait son œuvre et continue à terroriser la population qui n’aspire qu’à la paix.

Monseigneur Jean Abdo Arbach est évêque de Homs, Hama et Yabroud depuis deux ans, il avait été rappelé en pleine guerre alors qu’il vivait paisiblement en Argentine depuis des années. « Mes fidèles argentins me demandaient souvent si j’avais peur, ma réponse est toujours non. La Syrie est mon pays et il est normal que d’y sois alors que mon peuple souffre. Mon espérance dépasse ma peur et s’il faut que je sois martyr, je le serai » confie-t-il avec un sourire désarmant.

Quelques rues plus loin, le spectacle est apocalyptique.

Les immeubles sont effondrés et le centre-ville n’est plus qu’un enchevêtrement de poutres et de gravas. Quelques personnes vont et viennent pour constater les dégâts. D’autres, plus chanceux, remontent dans un appartement qui a été miraculeusement sauvé. Quelques bénévoles de l’association Français SOS Chrétiens d’Orient sont là, une Syrienne les interpelle : « Comment la France qui est un pays chrétien peut-elle cautionner les actes de ces monstres ? » 

Continuer la lecture de « [Reportage exclusif pour CI] Homs : la ville fantôme »

[Reportage exclusif pour CI] Syrie : Yabroud a échappé au pire

Capture d’écran 2014-09-01 à 19.40.18Difficile d’entrer à Yabroud, seuls les locaux sont autorisés à le faire depuis que la ville a été reprise par l’armée syrienne il y a à peine deux mois. Les gardes armés sont nombreux à parcourir les rues, notamment en ce jour où les enfants chrétiens ont organisé un spectacle…

Reportage.

L’entrée de l’église est très contrôlée, une précaution avec laquelle personne ne s’amuse. Cette ville de 50.000 habitants, dont 5.000 chrétiens ne veut pas revivre ce qu’elle tente d’oublier.

Au début de la crise syrienne, une partie de la population sunnite de Yabroud profite des revendications entendues ici ou là à travers le pays pour s’organiser et tenter de récupérer de l’argent en faisant mine de s’opposer au régime. Les Chrétiens refusent prudemment de choisir un camp, et continuent à vivre paisiblement, aucune menace réelle ne pèse ni sur eux ni sur la ville.

Mais rapidement, des groupes armés sont arrivés des villages avoisinants, demandant notamment aux Chrétiens une taxe contre laquelle ils promettaient une protection. Rapidement, le père Georges Haddad (photo), qui s’occupe de collecter et remettre la somme d’argent réclamée, réalise que les intentions sont crapuleuses et que ces bandes sont absolument incapables de protéger quiconque. La situation se dégrade, les pillages et demandes de rançon se multiplient. Les autorités chrétiennes décident alors de diminuer la somme d’argent versée avant de la stopper complètement.

« Au printemps 2014, poursuit le père Georges, la situation devenait vraiment critique et j’ai décidé d’évacuer la ville de tous mes fidèles. En quelques heures tous sont partis sauf quelques familles chrétiennes qui voulaient rester ». Un exode assez rapide puis trois jours plus tard l’armée syrienne appuyée du Hezbollah encadre la ville et parvient à la reprendre. « Une tactique qui a permis d’éviter un bombardement de la ville par l’armée » se félicite le père.

Mais pendant trois jours durant, les islamistes n’ont pas hésité à profaner l’église nouvelle (l’ancienne était bien protégée et ses trésors très anciens étaient à Damas), à détruire les icônes, piller et brûler les maisons chrétiennes… « Ils prétendent combattre pour la démocratie et la liberté, soutenus dans ce combat par les États-Unis et l’Europe. La démocratie et la liberté nécessitent-elles de détruire églises et maisons ? » interroge ironiquement le père Georges… Dans la ville, majoritairement préservée, quelques maisons détruites, d’autres brûlées… A quelques exceptions près, seules les maisons chrétiennes ont été visées.

Difficile dès lors d’envisager à nouveau et sur le long terme la cohabitation, même si tous espèrent y parvenir : « nous avons vu des habitants de notre propre ville soutenir les djihadistes à leur arrivée… Comment voulez-vous que nous vivions sereinement à côté d’eux ? Nous ne pourrons vivre qu’avec ceux qui acceptent notre présence. Dans ces cas là, aucun problème » explique un chrétien qui tente de relancer péniblement son commerce.

Continuer la lecture de « [Reportage exclusif pour CI] Syrie : Yabroud a échappé au pire »

Egypte : quand la police n’est pas là, les islamistes mènent la danse

Depuis que les policiers égyptiens sont en grève, la presse évoque l’existence de nouveaux miliciens islamistes qui menacent de faire la loi afin de combler le vide sécuritaire. Ce sont ainsi des comités populaires religieux qui entendent faire régner l’ordre en Egypte, leur percée suscitant une inquiétude croissante. Ces groupes sont formés par la Jamaa Islamiya, un ex-groupe djihadiste converti à la politique depuis la chute de Moubarak et l’élection d’un islamiste à la présidence.

Assem Abdel Maged, membre du bureau politique de la Jamaa Islamiya, déclare sans détours au Figaro: «Que les fonctionnaires de police qui entendent poursuivre leur grève sachent qu’ils ne retrouveront pas leur poste une fois que nous aurons pris la relève. Une chose est sûre: nous ne laisserons pas la situation sécuritaire se détériorer.»

Il est vrai que si l’État n’assume plus les fonctions régaliennes qui participent à sa souveraineté, il s’expose à voir sa légitimité mise en cause par l’émergence de groupes politiques ou religieux qui prendront acte de sa démission. La nature a de toute façon horreur du vide : si l’État n’assure plus la sécurité du pays, les criminels seront soumis à la vindicte populaire, ou bien les particuliers rendront justice eux-mêmes. Rien d’étonnant donc au phénomène égyptien. Reste que dans le contexte, cette absence de police est favorable aux islamistes, lesquels ne perdent pas une occasion de »se rendre utile »… A suivre.

Syrie : Les chrétiens s’organisent face aux rebelles islamistes

Le million et demi de chrétiens syriens, catholiques ou, dans leur majorité, orthodoxes, s’efforcent de se tenir à l’écart du conflit, craignant d’être identifiés au régime de Bachar Al-Assad, qui leur a toujours accordé sa protection.

Martine Laroche-Joubert et Christophe Kenck, reporters à France 2, sont allés à leur rencontre à Qashmili, une ville à majorité kurde dans le nord du pays et dans le village de Sérekaniyé.

Les chrétiens de Syrie ne comptent plus que sur eux-mêmes. Ils tentent de s’organiser, avec des armes rudimentaires, contre les groupes extrémistes, islamistes et radicaux, qui mènent la rébellion. Beaucoup d’entre eux ont fui :

Les islamistes et l’extermination des éléphants

[un article inédit du journaliste Laurent Glauzy]

« Pour financer leurs guerres, les milices islamistes dirigent la contrebande de l’ivoire.

Cet après-midi du mois de septembre, les huit gardes-chasses de Kenia Wildlife Service se tiennent en embuscade derrière des buissons. D’après un informateur, des braconniers préparent une attaque. A l’issue de la fusillade qui dura quarante minutes, un Somalien, portant un fusil d’assaut automatique fut tué et onze autres contrebandiers furent blessés. Ainsi se déroule une journée de travail pour les gardes-chasses de Tsavo East, un des plus grands parcs du Kenya d’une superficie de 13 000 km².

L’Afrique recense 500 000 éléphants. Mais chaque année, les islamistes en abattent dix mille, et cette tendance augmente : en 2011, les douaniers ont confisqué plus de 23 tonnes de défenses d’éléphants destinées à la contrebande, un record pour ces vingt dernières années.

Ce commerce implique d’autres acteurs bien plus dangereux que de simples braconniers.
Continuer la lecture de « Les islamistes et l’extermination des éléphants »

C’était un 23 mai 1996 : mort en martyr du jeune Eugène Rodionov.

En février 1996, ce jeune soldat russe fut capturé par des rebelles musulmans  de Tchétchénie.

Il fut gardé prisonnier – et probablement torturé – pendant 100 jours.
Le 23 mai, le jour de ses 19 ans, parce qu’il avait encore une fois refusé d’abjurer le christianisme et d’embrasser la religion de Mahomet, il fut décapité au couteau.

Il est souvent considéré comme un saint en Russie.

Source

La talibanisation du Mali peut encore être évitée

Point de situation de Bernard Lugan :

Après la désastreuse intervention franco-otanienne en Libye qui a eu pour résultat de disloquer les équilibres régionaux, les fondamentalistes musulmans ont entrepris de faire du Sahel un nouvel Afghanistan. Créés par les services algériens -comme les jihadistes afghans le furent par les Américains-, ils ont pris leur totale autonomie avant de se retourner contre Alger. Aujourd’hui, les principaux groupes salafistes qui opèrent au Sahel et au Sahara sont dirigés par des Algériens et très majoritairement composés d’Algériens. Ils se sont armés en puisant dans les arsenaux libyens.
Ces groupes qui opéraient primitivement dans la partie « arabe » du Sahara ont noué des alliances avec certaines composantes touareg, ce qui leur a permis d’étendre leur zone d’influence. Aussi, quand, au mois de janvier 2012, éclata l’insurrection des Touareg du Mali regroupés dans le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), fondé par le colonel Ag Gamou, ancien de l’armée libyenne, une politique intelligente, et je n’ai eu de cesse de le dire, aurait consisté à soutenir ces derniers contre les islamistes.

Continuer la lecture de « La talibanisation du Mali peut encore être évitée »

Après la Tunisie, l’Egypte s’embrase et les islamistes attendent leur heure

A peine deux semaines après la chute du régime de Ben Ali en Tunisie, voilà que l’Egypte de Moubarak s’embrase à son tour. Des milliers de manifestants se sont affrontés à la police dans les principales villes du pays, demandant la démission du président au pouvoir depuis 1981, la dissolution du gouvernement du Premier ministre Ahmed Nazef, la dissolution de l’Assemblée populaire et tenue de nouvelles élections, établissement d’un nouveau gouvernement soutenu par le peuple. Derrière des émeutes, qui ont fait pour l’heure trois morts dont un policier, il y a la diplomatie américaine et les Frères musulmans.
Continuer la lecture de « Après la Tunisie, l’Egypte s’embrase et les islamistes attendent leur heure »

« Ils m’ont traité de mécréant et d’ imam des juifs »

Quatre jours après avoir pris position dans les colonnes du Parisien en faveur d’une loi interdisant la burqa dans les lieux publics, l’imam de Drancy et président de la Conférence des imams, Hassen Chalghoumi, a déposé plainte contre X hier après-midi pour violences volontaires et menaces de mort.

Selon ses dires, un groupe de 80 islamistes aurait fait irruption lundi soir dans sa mosquée, à l’heure de la prière, et se serait emparé du micro. « D’après ce que m’ont dit mes conseillers, car j’étais absent au moment des faits, il y a eu une bousculade. Ils m’ont traité de mécréant et d’ imam des juifs . Pour moi, ces insultes ont valeur de fatwa  (condamnation) . »
Les autorités ont pris l’affaire au sérieux car cet imam de 36 ans, connu pour ses prises de position médiatiques en faveur d’un « islam de France » et d’un rapprochement avec la communauté juive, a déjà été victime de représailles en 2006 et 2009. A sa demande, Hassen Chalghoumi est depuis hier sous protection policière. Sa mosquée est placée sous surveillance.
Hier, les réactions de soutien se sont succédé de la part des responsables des autorités. Une compassion qu’étaient pourtant loin de partager hier soir les fidèles de la mosquée de Drancy. A la sortie de la prière, ces derniers donnaient une tout autre version des faits.
Selon une vingtaine d’entre eux, présents lundi soir, seules une dizaine de personnes extérieures à la mosquée se seraient présentées pour rencontrer l’imam et lui demander des explications sur ses propos sur la burqa. « Nous étions une centaine à assister à la prière, explique un fidèle. Quelques-uns ont peut-être traité l’imam d’ imam des juifs , mais personne n’a proféré de menaces de mort. » Toujours selon ces témoins, « il n’y avait pas d’islamistes. La personne qui a pris le micro est un habitué de la mosquée, qui a même conduit la prière plusieurs fois. Et tous les fidèles ont pris part au débat. » Dans la communauté musulmane de Drancy, des voix s’élèvent pour contester la légitimité d’Hassen Chalghoumi. « Qu’il dénonce la burqa, pourquoi pas, mais pas au nom de notre mosquée, résume Malik. Ses récentes déclarations nous choquent. » « Ce n’est pas un imam, renchérit une jeune croyante. Il a la compétence administrative et peut s’exprimer comme président de l’association cultuelle, mais il n’a pas le savoir théologique. » Embarrassé, un responsable de l’association appelle au calme : « Ce débat sur la burqa crée beaucoup de tensions. Nous aimerions que le calme et la sérénité reviennent dans la maison de Dieu. »
Source: Le Parisien