Que penser de la victoire de Trump ?

Mardi dernier, Donald Trump a surpris le monde entier en emportant l’élection américaine, alors que tous les pronostics le donnaient perdant. Nous ne pouvons que nous réjouir de la défaite de l’establishement qui avait parié sur sa rivale, mais nous restons lucides et ne sommes pas naïfs, il est bien trop tôt pour crier victoire, tant le système sait gérer ses défaites et les transformer en victoire pour lui.

Il y a 6 mois, les Anglais, eux aussi à la surprise générale et contre le système, votaient pour le Brexit. Depuis, que s’est-il passé hors effet d’annonce ? Rien, absolument rien, les Anglais sont toujours membres de l’Union Européenne, leur sortie est sans arrêt reportée et même renvoyée aux calendes grecques. Les gens qui n’ont que le mot démocratie à la bouche savent s’asseoir dessus quand icelle ne donne pas les résultats escomptés. Concernant Trump, le système ne peut pas faire la même chose et il est certain que le 20 janvier prochain, ce sera Trump qui succédera à Obama. Néanmoins, le système est déjà à l’oeuvre pour récupérer sa défaite, avec semble-t-il, la complicité de ce dernier lui-même.

On sait que le système sait retourner les personnes qu’il a combattues et qui ont néanmoins gagné contre lui. Celui qui était « dangereux« , « contre nos valeurs » devient acceptable, et ce d’autant plus si lui-même donne des gages. Or, depuis son élection, Trump a bien adouci son discours. Certes, on ne peut pas lui reprocher d’avoir perdu un ton agressif pour un ton plus policé (Trump est passé de statut de candidat à statut de président), mais, et c’est bien plus gênant, le changement a également eu lieu sur le fond. Qu’on en juge, si l’on en croit la presse :

Une proposition controversée de Donald Trump sur l’immigration musulmane retirée de son site web. Même si cette proposition est réapparue, le site web de Trump expliquant qu’il s’agit d’une erreur de manipulation.
Donald Trump songe à demander conseil à Bill clinton. Il faut savoir que trump connaît les Clinton depuis de très nombreuses années, ont joué au golf ensemble.
Clinton, Obamacare, Trump semble adoucir le ton, même si, selon cet article, Trump confirme le changement de diplomatie concernant la Syrie et la Russie, et semble se montrer toujours autant inflexible concernant l’immigration, bien qu’il n’aborde pas le sujet du mur qu’il a promis de construire à la frontière sud des Etats Unis.

Enfin, last but not least, Trump veut jouer un rôle dans le conflit Israël-Palestine. Certes, Trump semble moins lié aux lobbys sionistes que ne l’était Hillary, mais on sait que ce lobby a su mettre ses deux fers aux feu, et tout semble indiqué que Trump ne défendra pas la justice, mais au contraire la puissance agressive d’autant qu’il avait soutenu durant sa campagne électorale que Jerusalem devait être la capitale d’Israël, ce qui serait un scandale absolu. Néanmoins, là encore, il reste prudent disant : son « administration peut jouer un rôle important en aidant les parties à parvenir à une paix juste et durable, qui doit être négociée entre les parties elles-mêmes, et pas imposée par d’autres. » Bref, difficile de se réjouir réellement, même si ce discours est plus rassurant que celui que tenait Hillay Clinton.

Au final, de la victoire de Trump si elle nous réjouit pleinement en ce sens qu’elle est un camouflet pour le système, s’il ne fait aucun doute que Trump sera un meilleur président que ce qu’aurait été Clinton, nous en pensons qu’il est néanmoins trop tôt pour être totalement comblé, et on le jugera à l’usage.

Jean-Frédéric Poisson victime du lobby-qui-n’existe-pas

Hier, nous nous inquiétons de la liberté d’expression qui se réduit tous les jours un peu plus, et la judiciarisation toujours plus pesante du débat public. Hélas, chaque jour qui passe vient nous apporter de nouvelles preuves. Cette fois-ci, c’est un candidat à la primaire Les Républicains, parti consensuel s’il en est, qui en a fait les frais. Pourtant, vous allez le voir, il n’y a pas de quoi fouetter un chat, mais les bâilloneurs sont très susceptibles et il en faut très peu pour les faire sortir de leurs gonds.

Ainsi, dans une interview dans le cadre de la primaire des Républicains, Frédéric Poisson était invité à donner son opinion sur les élections américaines. Poisson a émis des réserves au sujet d’Hillary Clinton, jusque là, rien que de très normal, mais là où certains voient un scandale, c’est à cause des raisons qu’a fournies Poisson : En effet, ce dernier a jugé « dangereuses pour l’Europe et la France » la « proximité » de la candidate démocrate « avec les super-financiers de Wall Street » et sa « soumission aux lobbies sionistes ».

Il n’en a pas dit plus, mais c’en est trop pour certains. Plutôt que de réfuter les dires de Poisson avec des arguments et ainsi opposer arguments contre arguments comme cela devrait être dans un débat qui cherche la vérité, un certain lobby a sonné l’hallali : Le CRIF a publié un communiqué jugeant que ces « propos abjects » et « nauséabonds » méritent une « sanction exemplaire » et une « condamnation ferme » de la part de la commission d’organisation de la primaire de la droite et du centre. Pas moins.

On devrait penser que le parti Les Républicains viendrait en aide à l’un de ses candidats, bassement attaqué par un lobby que l’on n’a pas le droit de nommer car, paraît il, ce lobby n’existe pas. Eh bien, c’est exactement l’inverse qui s’est passé, ce parti se couchant littéralement devant le diktat du lobby-qui-n’existe-pas. Ainsi, Thierry Solère, président de ladite commission, a donné raison au Crif dans la foulée, faisant fi de la neutralité dont il est supposé être. « En tant que député de Boulogne/Boulogne-Billancourt, je condamne avec la plus grande force les propos de Jean-Frédéric Poisson », affirme-t-il, ajoutant que l’expression « lobby sioniste (…) nourrit les thèses conspirationnistes et a un caractère insidieusement antisémite. » Soyons sûrs que les autres candidats à la primaire partagent l’avis de Solère.

Quant à Poisson, s’il a arrondi les angles (jugeant maladroite la formulation), il n’a pas renié le fond de sa pensée, ce qui est à son honneur.