Quand Estrosi feint de s’opposer au « mariage » gay…

Christian Estrosi s’exprimait aujourd’hui, au micro de RTL, sur le sujet du « mariage » homosexuel. S’il a déclaré ne pas être « favorable » à l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, le maire UMP de Nice a néanmoins estimé que, si la loi était votée, il fallait « la respecter« , soulignant qu’il serait « respectueux des lois de la République » et qu’il ne s’opposerait donc pas à la célébration d’un mariage homosexuel s’il devenait légal. Christian Estrosi refuse en effet de passer pour « rétrograde sur le fond sur ce sujet« , alors même qu’il « célèbre devant Marianne les pacs signés devant les tribunaux de grande instance ».

En adoptant un discours aussi convenu, l’ancien ministre feint d’ignorer les enjeux sous-jacents à la polémique suscitée par ces maires qui refuseront de célébrer demain le « mariage » homosexuel. Car ce qui en jeu, ici, c’est évidemment le maintien de la distinction entre le légal et le légitime.
Si tout ce qui est légal est légitime, alors Monsieur Estrosi aurait sans doute acquité les dignitaires nazis jugés à Nuremberg -ce dont on peut douter-, lesquels se réclamaient en effet de la loi… Dans le cas contraire, il lui faudra admettre des principes supérieurs à loi, à l’aune desquels il peut juger la loi. Si on abandonne au contraire toute référence à des critères qui se situent au delà de la loi, alors celle-ci devient à elle-même sa propre mesure et tire d’elle-même sa propre justification : ou comment sombrer dans l’arbitraire du législateur. La déliquescence du lien social et du tissu humain dans nos sociétés contemporaines est nourrie par ce refus de toute métaphysique au dessus de nos têtes :  dans le prolongement du pêché originel, l’homme veut être à lui-même son propre dieu.

Soulignons enfin qu’il n’est pas « rétrograde« , contrairement à ce que suggère l’ancien ministre, de refuser le « mariage » homosexuel : car le débat ne porte pas sur un mouvement naturel de la société mais sur la remise en cause de sa structure organique.

Jean de Rouen