Presque trois fois plus de clandestins – officiels – pour l’UE en 2014 selon Frontex

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Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières, vient de publier son rapport trimestriel, pour la fin 2014. Avec des chiffres qui font plus qu’« interpeller » Sans compter qu’ils ne concernent que « les étrangers détectés par les gardes-frontières », autrement dit les clandestins « officiels ». L’organisme pour la sécurité et les frontières extérieures révèle que 274.000 personnes sont entrées clandestinement dans l’UE en 2014 contre 100.000 en 2013, soit une augmentation de 180 %, un quasi triplement.

+ 180 % de clandestins pour l’UE (Frontex)
Les entrées sont chaque jour plus importantes que les sorties. Sur l’année écoulée, les États de l’Union ont signifié 112.362 refus d’entrée aux migrants (-13 %). Ils ont également procédé à 157.324 renvois effectifs de clandestins (-2 %). Le nombre de séjours illégaux vient de passer la barre historique des 400.000 détectés en douze mois (+21 %). Tandis que les demandes d’asile ont dépassé les 470.000 (+38 %), principalement répartis entre l’Allemagne, la Suède et, dans une moindre mesure, la France, qui accueille près de 70.000 demandeurs par an.

170.000 clandestins sont arrivés par la mer en Italie, et plus de 50.000 en Grèce. « L’île de Lampedusa demeure une porte d’entrée béante, tout comme la Grèce, et l’on se demande bien comment les États réussiront à gérer un tel afflux », a reconnu un responsable de la Police aux frontières (PAF) à Paris. Rien que pendant l’été 2014, il est entré en Europe presque trois fois plus de clandestins que durant le pire trimestre du printemps arabe de 2011…

Les raisons majeures, la porte-parole de Frontex les détaille : « Une situation dramatique en Syrie, en Erythrée, [les Syriens et les Érythréens sont les deux groupes les plus importants] au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo, en Irak combinée au fait que la Libye est de facto un État défaillant où la loi n’est pas appliquée. Cela a créé des conditions idéales pour les trafiquants de personnes qui opèrent en Libye en toute impunité ».

Et ils opèrent. Le nombre de passeurs appréhendés est passé en douze mois de 7.137 à 9.376 (+31 %). Et de nombreux navires ont été dépêchés au plus près des côtes des pays sources pour dissuader les départs, depuis la Libye ou l’Égypte notamment. Mais Frontex a le bon sens de remarquer le paradoxe de cette soi-disant politique de dissuasion : « Les réseaux criminels ont exploité la présence des vaisseaux italiens déployés à proximité des côtes libyennes dans le cadre de l’opération “ Mare Nostrum ” », laissant aux États accueillants le soin de finir le passage… Plus de police, plus de sécurité !

L’immigration : un faux débat
Au Royaume-Uni, le Bureau national des statistiques a aussi révélé à la fin février, que le solde migratoire au Royaume-Uni a connu en 2014 une hausse « significative ». « Entre septembre 2013 et septembre 2014, quelque 624.000 étrangers sont arrivés sur le sol britannique, contre 530.000 pour la période précédente », indique le rapport. Et seulement 327.000 personnes ont quitté le pays. Cette augmentation du solde migratoire a suscité un vif débat politique dans lequel l’Ukip (parti anti-immigration), mais aussi le parti travailliste ont tancé le premier Ministre David Cameron, pour avoir failli à sa promesse de réduire « avant la fin de son mandat le nombre net d’immigrants à quelques dizaines de milliers par an ».

A moins de deux mois des élections où les conservateurs ne sont pas certains de l’emporter, l’attaque est facile. C’est oublier le tout récent rapport de Migration Watch, qui rappelle que le nombre d’immigrés a littéralement quadruplé pendant les années au pouvoir du Parti travailliste ; et que c’était une politique en grande partie concertée afin de gagner un potentiel électoral, une main d’œuvre pas chère, et engendrer, au mépris des citoyens non sollicités, une Grande-Bretagne multiculturelle. Mais le nouveau gouvernement libéral-conservateur n’a fait, il est vrai, que légèrement diminué la donne. L’immigration serait-elle un faux débat ?

Le DHS contre les mesures immigrationnistes d’Obama ? Que nenni !
Il semblerait que oui. Peut en témoigner le vote du 3 mars du projet de loi permettant le financement du Département de la Sécurité intérieure (DHS) aux États-Unis. Depuis un mois, les Républicains mettaient en balance son approbation – quelque 40 milliards de dollars tout de même – avec le refus des mesures exécutives du président Barack Obama relatives à la réforme de l’immigration, qui ouvriraient la voie à la régularisation de cinq millions de clandestins – au moins. Dans ce bras de fer avec la Maison Blanche, une partie du Congrès était même prête à fermer le Département. C’est finalement du fait d’un seul tiers des Républicains et de toutes les voix démocrates que le plan de financement est passé : la raison, c’est-à-dire les envies de pouvoir et les pressions, a « débloqué » la situation… L’amendement empêchant l’application des mesures immigrationnistes d’Obama, n’y sera pas inclus. Gageons qu’il ne le sera nulle part, ou bien émasculé dans sa teneur.

Les États-Unis montrent la voie. L’Europe doit suivre – et, manifestement, suit.

 

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