Nouveau scancale bancaire, nouveau record !

Article lu sur 24hgold.com : Les plus grandes banques mondiales se sont entendus pour trafiquer le taux interbancaire, le Libor pour faire de plus gros profits et pour cacher leurs positions moribondes.

Après la révélation d’une entente sur le lait, la lessive, les croquettes pour chiens, des soupçons portent sur les taux interbancaires. Le Libor est ainsi soupçonné par les régulateurs du monde entier d’avoir été volontairement faussé. Il aurait été maintenu artificiellement bas entre 2006 et 2009 par les grands établissements bancaires, qui fournissent les données servant à son calcul.

Le Libor est un taux servant de référence sur le marché financier, reflet des conditions auxquelles les banques se prêtent entre elles. Il est fixé chaque jour à 11 heures précises (à Londres), à partir d’un sondage auprès d’un panel de banques interrogées sur les taux qu’elles pratiquent ce jour. Puis il est publié par l’association des banques britanniques, la respectable British Bankers’ Association. Le Libor se décline sur les dix plus grandes devises mondiales et quinze maturités, d’un jour à douze mois. Soit 150 chiffres quotidiens.

Le scandale a éclaté l’été dernier, quand UBS a brisé l’omerta. L’établissement suisse annonce avoir obtenu du régulateur américain la promesse de bénéficier de la clémence des autorités en échange de sa coopération. L’affaire monte en puissance quand le courtier américain Charles Schwab accuse onze banques d’avoir violé les lois antitrust. Mi-février, le Financial Times révèle qu’UBS a suspendu des traders à Zurich, dont un responsable de l’activité taux. Des traders sont remerciés à JPMorgan Chase, Deutsche Bank, Royal Bank of Scotland. Peu à peu apparaissent les pièces d’un puzzle géant met tant en cause seize des plus grands établissements bancaires dans le monde entier.

Les enquêteurs soupçonnent deux types d’entorses: des manipulations de cours et une atteinte aux règles de la concurrence. D’où l’implication à la fois de gendarmes des marchés, comme la FSA britannique, et de régulateurs chargés de s’assurer du respect des règles de la concurrence. Sur le seul territoire américain, le ministère de la Justice, le régulateur des matières premières et le FBI se partagent ainsi la tâche.
Enjeu colossal

Quel aurait été l’intérêt des banques à fausser le baromètre de la finance mondiale? Plusieurs hypothèses sont avancées. La première est liée à la crise de liquidités. En plein maelström financier, les banques avaient intérêt à ce que le Libor ne monte pas vers les sommets afin de ne pas paraître vulnérables. Autre piste, la manipulation de cours aurait permis à des traders de s’assurer de belles plus-values dans leurs portefeuilles.

L’enjeu est colossal: maints produits dérivés échangés sur les marchés de matières premières (Liffe, marché de Chicago) utilisent le Libor comme base de calcul. Les taux de cet indice servent également d’index à un grand nombre de taux d’intérêt, que ce soit dans les financements ou les crédits aux particuliers. « Si elle était prouvée, une manipulation de ces taux d’intérêt impliquerait un coût très important pour l’économie européenne », a jugé le commissaire européen chargé de la Concurrence, Joaquin Almunia. Sur la sellette, la British Bankers’ Association a annoncé qu’elle était en train de passer en revue sa méthodologie.