Histoire de France : le mauvais roman de Jean-Christian Petitfils

Voici (extraite du n°14 de la revue L’Héritage) une critique pertinente du livre néfaste de cet historien prisé « à droite ».
Critique d’autant plus bienvenue qu’elle fut semble-t-il la seule (il y a du boulot pour la vraie droite…). Merci à ce magazine que nous vous invitons à découvrir et soutenir.

Par Jérôme Lingon

« L’ouvrage scandaleux d’un « historien » fameux dans les milieux conservateurs — l’Histoire passionnée de la France de Jean Sévillia —, avait été sévèrement critiqué, à juste titre, dans un précédent numéro de cette revue.

Voici que son alter ego, Jean-Christian Petitfils, vient le concurrencer, dans la même catégorie, avec une Histoire de la France [1]Fayard, 2018, 1151 pages. hélas déformée par son idéologie et l’historiquement correct.

Au-delà de la tristesse de voir que ces deux personnalités de référence pour le peuple « de droite » ne devraient en réalité pas l’être, il faut tirer la sonnette d’alarme et contrer la propagande qu’ils font sur des points graves, appuyés par le crédit qu’ils ont acquis avec d’autres livres plus ciblés et neutres, et qui ne manquent pas de mérite (sur les XVIIe et XVIIIe siècle en France, pour Petitfils).

Un récidiviste

Le livre commis précédemment par Petitfils. On comprend, à sa lecture, qu’il exècre l’Inquisition…

Jean-Christian Petitfils s’était déjà tristement illustré il y a quelques années, en signant un livre sur le Christ[2]Jésus, Fayard, 2011, 670 pages., outrageusement sous-titré « Le Jésus de l’histoire ».[3]On peut en lire une critique ici. Il y contestait franchement la vérité historique des Evangiles, rejetant la position que l’Eglise tint jusqu’à la moitié du XXe siècle et suivait aveuglément une certaine école moderniste, sans expliquer pourquoi. Il osait mettre en doute les événements relatés dans les synoptiques, allant très loin dans le négationnisme [4]« Jésus n’a jamais comparu devant le Sanhédrin ». « Les évangélistes ont agrégé dans un procès fictif l’ensemble des éléments qui l’opposaient aux autorités juives ». (p. 320). ; il prenait à plusieurs reprises parti pour les Pharisiens contre les chrétiens. Ce n’était nullement un travail d’historien, mais un essai impie, partial et mal documenté, qui ne pouvait qu’affaiblir les bases de la foi des lecteurs appâtés par le nom de l’auteur et la façon orgueilleuse et fausse dont il présentait son livre.

Après s’être attaqué à la religion, notre historien [5]qui a fait toute sa carrière dans… la Banque ! devait s’en prendre à la nation.

Sous-titré impudemment ­— encore une fois — « le vrai roman national », son dernier ouvrage se présente lui-même dans l’avant-propos comme un travail équilibré, sérieux, dépassionné mais courageux [6]Le mot « courageux » est à prendre dans le sens que lui donne la « droite molle », ou « fausse droite », c’est-à-dire au sens de : qui ne suit pas la gauche dans toutes ses lubies, mais dans de nombreuses toutefois, et qui reste pétrifié concernant les sujets politiques, moraux ou historiques sur lesquels la gauche hausse la voix. face aux lubies du ministère de l’Éducation nationale et égal ou supérieur aux travaux des historiens les plus connus.

Bien sûr, ce pavé de plus de mille pages contient de nombreuses vérités, de belles lignes, d’utiles présentations de faits, mais les considérations personnelles douteuses et les erreurs, sur des sujets graves, sont trop lourdes et nombreuses pour qu’une telle lecture ne soit pas nocive.[7]et pas que la lecture directe, puisque l’auteur a pu étaler ses thèses les plus scandaleuses dans la presse « de droite » ou dans des émissions radiophoniques « de droite ». L’analogie du « gâteau empoisonné » — délicieux et sain hormis une toute petite touche de cyanure qui le rend impropre à la consommation — est insuffisante : le flacon de cyanure s’est ici renversé dans le moule.
Nous évoquerons dans ces lignes uniquement les points noirs les plus graves, sans prétendre être exhaustif.

Une France qui sort de nulle part

La date de naissance exacte de la France fait l’objet de divers points de vue parmi les historiens, mais nul ne peut nier ses origines gauloises et sa genèse mérovingienne. Or, en dépit de son volume, l’Histoire de la France de Petitfils commence brutalement en… 841.
Strictement rien sur ce qui précède.
Pas d’ethnogenèse. Aux oubliettes le matériau premier gaulois ! Inconnus le baptême de Clovis et ses guerriers, le pacte et les sacres de Reims, les paroles prophétiques de Saint Rémy !

Même les historiens républicains les plus à gauche n’oseraient pas aller si loin dans l’amnésie volontaire !

Toutes ces choses sont pourtant capitales et déterminent ce qu’est la France et sa vocation. Or, justement, Petitfils s’est créé sa petite théorie à lui sur ce qu’est cette nation, et il va jauger les événements et personnages qui se succèderont au fil des siècles à travers ce prisme, et en fonction de ses amours personnelles (De Gaulle, par exemple) ainsi que, bien sûr, des tabous du moment que notre homme respecte rigoureusement.

Les piliers branlants de la France selon Petitfils

« [la France] s’est bâtie sur quelques grands piliers fondateurs qu’on pourrait assimiler aux « lois fondamentales » de son histoire. Cinq d’entre eux nous paraissent essentiels. » (p. 14)

Les voici (l’auteur s’y réfère jusqu’à la fin de son livre) :

 « Un Etat-nation souverain et centralisé »

C’est exact. Petitfils précise toutefois directement que l’« élaboration [de la France]  s’est poursuivie sous la Révolution par la naissance de la République « une et indivisible », puis, à la période contemporaine, par l’émergence de la démocratie représentative et l’installation de la monarchie républicaine actuelle. On ne le sait que trop de nos jours : sans Etat-nation, il n’est pas de démocratie véritable.[8]Et alors ? » (p. 15). Dire que la République et la démocratie représentative ont élaboré la France est un grave contresens : elles la déforment, nient ses principes fondateurs et l’effacent progressivement. Qu’on puisse ne pas s’en être rendu compte en 2019 signifie qu’on n’a pas compris ce qu’est la France et d’ailleurs, Petitfils n’arrive pas à la définir clairement.

« Un Etat de justice au service du Bien commun »

D’accord, mais dans la foulée, l’auteur montre qu’il ne sait pas ce qu’est la véritable justice : rendre à chacun ce qui lui est dû. Il la confond avec l’égalitarisme (traiter tout et tout le monde de la même façon,[9]Il cite notamment les « guerres de religion » ou la révocation de l’Edit de Nantes, au cours desquelles l’Etat aurait manqué à la justice (p.15). Son discours sur ces guerres est très convenu, très conforme à l’histoire officielle et donc injuste envers le « parti catholique ». ce qui est le contraire de la justice !) ou l’étatisme. Pour lui, les allocations familiales ou la création de la Sécurité sociale en 1945 manifestent le sens de la justice de la France.

Par ailleurs, quand la justice s’est exercée, c’est lui qui décide si c’était légitime ou non.

Sur la sainte Inquisition, par exemple, il reprend soigneusement le couplet des antichrétiens et la présente d’aussi méchante façon qu’eux, sans aucune nuance, alors qu’elle fut un progrès net et indéniable dans la procédure judiciaire (recours aux avocats…).

« Un Etat laïque aux racines chrétiennes »

L’auteur souligne à juste titre que l’Etat en France a toujours été laïque et que la laïcité a pris plusieurs formes et couvre plusieurs acceptions.

Cela dit il y a une différence radicale entre l’Etat chrétien (et dirigé par des laïcs) des rois et la République qui n’a rien de chrétien (quant à ses racines chrétiennes, laissons ce rêve à l’auteur), et qui est même maçonnique ; mais Petitfils ne semble pas au courant, en dépit de multiples déclarations, y compris récentes, telle celle de François Hollande, président de la République et donc a priori bien placé pour donner son avis : « Si l’on croit dans la République, il faut passer par la franc-maçonnerie ! » [10]Allocution devant le Grand Orient de France en 2012.

Signalons à ce propos que tout au long de ce très copieux roman, le rôle de la franc-maçonnerie et des sociétés secrètes n’est pas abordé… Cela suffit à juger l’œuvre et sa profondeur.

Ce traitement superficiel vaut aussi sur le plan des idées, même si c’est moins flagrant : l’immense champ de bataille idéologique que constitue l’histoire de France est trop légèrement labouré.

« Un Etat marqué par des valeurs universelles »

Ce « pilier » n’est pas exactement formulé, mais la description qu’en fait Petitfils est correcte. Ce n’est pas tant que des « valeurs » soient universelles (beaucoup le sont, et beaucoup d’Etats en sont marqués, non ?), que la France a toujours eu une propension « missionnaire » et interventionniste ; au service de la civilisation et de la Chrétienté autrefois, au service d’idéologies funestes aujourd’hui.

Tout le monde il est français

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« Un Etat multiethnique mais assimilateur »

Petitfils va jouer sur le mot « mutiethnique » de façon perverse.
En effet, la France a toujours comporté diverses ethnies, divers peuples, et la Gaule diverses tribus.
Mais il y a une définition et une unité ethniques de la France, et la composition raciale de la population de ce pays n’a que peu changé depuis deux mille cinq cents ans au moins, et pas changé depuis sa conception (arrivée des Francs).
Nous nous contenterons à ce sujet de renvoyer le lecteur au b.a.-ba qui avait été publié dans le numéro 12 de L’Héritage.

Ce n’est pas parce qu’elle comporte plusieurs ethnies qu’elle doit par principe accueillir toutes les ethnies, c’est pourtant le raisonnement aberrant et criminel de Jean-Christian Petitfils, qui assène abusivement qu’« il n’y a pas d’ethnie ou de race française ».

Il y a du reste une petite différence entre abriter des ethnies fort proches à divers points de vue, et accueillir des populations de race, culture et civilisation totalement différentes qui, sous l’effet du nombre et du métissage promu et généralisé, vont faire disparaître le peuple historique, « matière première » de la nation (ce qu’ignore l’auteur tout au long du livre).

La France est un ensemble de peuples, qui composent eux-mêmes un peuple, même si cette réalité de diversité française s’estompe hélas sous les coups du jacobinisme puis de l’uniformisation globale.

Les rois de France disaient « mes peuples ».

Petitfils le nie plus tard (nous soulignons) : « Or la vocation historique de la France, des rois capétiens à la République, a toujours été de former une nation unitaire, transcendant les micro-nationalismes. Il n’y a pas de « peuple corse », a dit et répété le Conseil constitutionnel, mais un seul peuple français. »  Quelle référence ! Quel argument d’autorité ! Quelle démonstration !

Petitfils se contredit encore quand il vante la France qui serait récemment devenue multiethnique (et ce serait très bien), alors qu’il expliquait initialement qu’elle l’avait toujours été : « Qu’elle soit devenue une nation multi-
ethnique tient à plusieurs facteurs : son passé colonial, sa tradition de pays des droits de l’homme, accordant le droit d’asile aux victimes de persécutions ou aux réfugiés de guerre, mais aussi à son besoin de main-d’œuvre non qualifiée (le patronat se servant souvent, il faut en convenir, de ce moyen cynique pour maintenir la pression sur les bas salaires.)
 »[11]p. 1075. Plusieurs de ces assertions sont erronées ou mal présentées, et Petitfils ne se penche pas sur les facteurs plus politiquement incorrects et les acteurs du projet mondialiste.
Finalement, cette prétendue caractéristique multiethnique n’est-elle donc pas intrinsèque, mais moderne et républicaine ? Il faudrait savoir…

Quand on lit la façon dont l’auteur décrit la réalité de la submersion migratoire, on se demande dans quel monde il vit :

« [la France] a su faire des Italiens, des Espagnols, des Belges, des Portugais, des Polonais, des Russes, des Allemands, des Juifs fuyant les persécutions nazies, des réfugiés du Viêt Nam communiste, des Maghrébins et des Africains subsahariens, venus de ses anciennes possessions, d’excellents Français. »[12]Ibid.

De Gaulle plutôt que Sainte Jeanne d’Arc

L’extraordinaire et émouvante épopée johannique est expédiée en quelques pages sèches et la mission véritable de la sainte de la patrie[13]Le rétablissement de l’autorité politique légitime et le règne du Christ. est à peine évoquée ; un marxiste n’en dirait pas davantage.

En revanche, les pages sur De Gaulle, plus nombreuses, ont un ton admiratif et même franchement enamouré…

Le traitement de la 2e Guerre mondiale relève d’une propagande très convenue ; quant à l’épisode algérien, il est scandaleusement narré.

À aucun moment n’est évoqué le caractère cynique, orgueilleux et inhumain de l’attitude du général, [14]« du colonel » devrait-on dire plutôt, en toute rigueur légale et historique. faisant croire très officiellement qu’il acceptait le pouvoir pour maintenir l’Algérie française, avant de — en trahissant sa parole et ceux qui l’avaient naïvement appelé au secours au prix d’un soulèvement — tirer un trait sur cette province française (et lui céder en prime le Sahara et ses précieux gisements), sur les soldats morts (pour rien, du coup) de la guerre gagnée face au FLN, sur les Pieds-Noirs expulsés et les musulmans pro-français abandonnés à une mort atroce (aux alentours de 150 000), etc. : Petitfils ne les évoque même pas ! Ils n’existent tout simplement pas pour l’« historien » dont la préoccupation est de faire l’éloge d’un homme qui le fascine !

Vichy et le Maréchal

Dans le traitement de cette période, notre essayiste prend pour référence, et ne s’en cache pas, l’Américain Robert Paxton qui, dans les années 70, va avec Klarsfeld diffuser une nouvelle vision de l’Occupation et de l’Etat français. C’était mal parti. Et l’ajout du prisme militant de l’auteur donne un mélange de vrai et de faux, de jugements péremptoires ou anachroniques, d’affirmations gratuites, etc.

Petitfils essaye de trouver des critiques à formuler sur la personne du Maréchal. Cela donne : « C’était surtout un homme du XIXe siècle qui ignorait tout de la guerre moderne. » [15]p. 817 Manqué. Quand il était ministre de la Guerre dans les années 30, le Maréchal réclamait des crédits — qu’on lui refusait systématiquement — pour moderniser l’armée et fabriquer davantage de chars et d’avions. Il savait de quoi il parlait car, dès la fin de la guerre de 14-18, il fut le premier à préconiser l’emploi du char, non seulement dans la défensive mais dans l’offensive, et à préconiser aussi l’idée du couple « char-avion », et cela bien avant De Gaulle. [16]Pétain — De Gaulle, colonel Le Pargneux, Ed. des Cimes, p. 14.

Pour ce qui est de la Révolution nationale, l’auteur est d’abord plutôt honnête dans sa présentation : politique familiale et rurale, corporations…

Les critiques sont assez ridicules : « La Francisque gallique, symbolisant la hache à double tranchant des guerriers francs (toujours ce goût de la régression psychanalytique vers le passé lointain) […] ». [17]p. 832
Voilà comment « l’historien » « de droite » apprécie le recours symbolique aux racines d’une nation…

Autre exemple significatif de sa pensée, à propos de la politique de réarmement moral de la « France nouvelle » : « il y avait beaucoup plus inquiétant que ce parfum suranné d’Ancien Régime et d’ordre moral […] »

Avant d’embrayer, naturellement, sur les malheurs des Juifs — notion récurrente chez Petitfils[18]dans son Jésus mais ici aussi à plusieurs reprises. Par exemple quand l’autorité royale a sévi contre les « boucs émissaires habituels », avec Philippe Le Bel, c’était forcément injuste et sans aucun fondement légitime, tout comme la législation de Vichy en la matière. — dont il accable l’Etat français de façon bien ingrate. En effet, et à aucun moment l’auteur ne le signale, le Maréchal s’est opposé autant que possible aux menées allemandes en la matière, négociant pied-à-pied, et parvenant à sauver les Juifs français avec un succès remarquable, salué par les Juifs honnêtes tel Eric Zemmour.

Pour Petitfils, si « la communauté juive française ne fut pas anéantie, contrairement à ce qui se passa dans d’autres pays » c’est seulement grâce aux gestes de solidarité des Français qui cachèrent les concernés.[19] p. 843. Et, énorme bobard sur la même page : « des milliers de Juifs sont morts de mauvais traitements dans les camps français ou assassinés par la Milice ». Petitfils est le seul à avoir entendu parler de milliers de Juifs assassinés par la Milice : même les auteurs gauchistes n’en parlent pas. Va-t-il réparer cette calomnie ?

Léon Poliakov, historien juif, notait pourtant lui-même que « du sort relativement plus clément des Juifs de France, Vichy fut en fait le facteur prépondérant. » [20]Bréviaire de la haine, Ed. Calmann-Lévy, 1974, p. 196.

S’il n’y avait pas eu l’inévitable armistice que dénonce Petitfils et que le Maréchal ainsi que toutes les forces militaires qui le pouvaient avaient embarqué pour l’Afrique du Nord pour continuer la guerre en 1940 comme le suggère notre fin stratège, abandonnant donc la métropole à une occupation totale [21]Sans de « zone libre », où ils ont pu se réfugier, et d’ailleurs n’y pas porter « l’étoile jaune » par opposition ferme du Maréchal. sous l’égide d’un Gauleiter, les Juifs de France auraient connu un sort autrement plus terrible.

Voici un autre passage qui plaira aux catholiques ayant promu le livre de Petitfils sans visiblement l’avoir lu dans les détails : « Si Vichy n’osa revenir sur le principe fondamental de la laïcité — cet indispensable espace de paix religieuse —, se gardant de rendre l’enseignement religieux obligatoire, il est certain qu’un cléricalisme digne de l’ordre moral de 1873 fut appliqué. » (p. 847)
Petitfils confirme qu’il n’a pas compris ce qu’était vraiment la laïcité républicaine, ni l’enseignement social de l’Église.

Et cet autre passage « salé » qui montre qu’il n’a pas compris non plus ce qu’était la France, tenant le même discours anti-identitaire que nos cosmopolites les plus éminents : « Plus graves furent les atteintes portées à l’idéal universaliste de la France et à sa tradition d’accueil et d’assimilation […] » (p. 848)
L’auteur fait une ahurissante confusion entre la vocation de la France à l’universel par son rayonnement et l’idée qu’elle devrait elle-même être un espace ouvert à tous les vents, à tous les avidités, à toutes les invasions. C’est peut-être la clef de son engagement immigrationniste, pour ne pas dire « remplaciste »,[22]pour utiliser un néologisme assez commode, connexe à l’expression éloquente de « Grand Remplacement ». à moins qu’il n’y ait des motivations personnelles, ce qui serait « un classique », mais que nous n’aurions pas à aborder ici.

Les jugements partiaux et douteux se multiplient, dans ce genre : « dès l’année 1941, les illusions s’étaient dissipées : non seulement la Révolution nationale ne faisait pas recette, mais elle s’opérait en sens imprévu […] » (vers un Etat centralisateur).

« Le régime du Maréchal a représenté une compromission inacceptable au regard de la nation, de sa souveraineté et de son histoire millénaire » [23]p. 849 s’enflamme l’auteur dans une phrase pas très française, elle.[24]« au regard de la nation » ne veut rien dire ici. Les problèmes de style et d’exactitude des termes sont récurrents dans l’ouvrage.

En revanche, notre sévère juge n’a qu’un regard doux et bienveillant à poser sur les politiciens récents, dont il évoque les « œuvres » sur de longues pages en fin d’ouvrage[25]sans qu’on y apprenne quoi que ce soit. Le Jean-Christian Petitfils politologue n’est guère convaincant. : tous ces politiciens qui ont détruit l’identité française et la civilisation chrétienne, et réduit la France à l’état de simple province de l’Union européenne n’ont pas l’excuse de la menace et de la contrainte…

Cette perte d’indépendance ne dérange pas Petitfils quand c’est au profit des euro-mondialistes : « La création de l’euro semble avoir aggravé les réactions de repli et les résurgences nationalistes. […] une sortie unilatérale de la monnaie unique conduirait — n’en déplaise aux populistes de tous bords — à un cataclysme planétaire ».[26]p. 1068. Et ça donne des leçons de souveraineté ?!

Bref…

On ne soupçonne guère que le livre de Petitfils ait été écrit par un chrétien : l’approche est naturaliste et laïciste. Quand on y ajoute son républicanisme, son démocratisme, son gaullisme aveugle et aveuglant, son progressisme, son ignorance de ce qu’est réellement la France, son mépris de ses origines, son impasse complète sur l’« Etat profond » et le rôle des réseaux secrets, etc., il n’y a finalement pas grand-chose à sauver.

Il est effrayant de voir que les milieux de droite réactionnaire n’ont pour références actuelles dans le domaine historique, dont l’influence dans le champ politique est considérable, que Jean Sévillia et Jean-Christian Petitfils. Deux partisans de la France « black-blanc-beur » — qui risque de devenir la France métissée, et donc plus du tout la France —, qui inventent une histoire de France compatible avec leur biais idéologique, et qui, sur bien des points, reprennent et confortent l’historiquement correct.

Il n’est pas étonnant que les deux auteurs aient accès aux grands médias : ils font ce qu’il faut pour mériter cette respectabilité « républicaine ».

On peut être surpris de l’absence de critique dans les médias de droite nationale.

Vite, place à de nouveaux vrais historiens !

Nous en avons plus que jamais besoin, autant que de bons chefs politiques ! »

Notes   [ + ]

1. Fayard, 2018, 1151 pages.
2. Jésus, Fayard, 2011, 670 pages.
3. On peut en lire une critique ici.
4. « Jésus n’a jamais comparu devant le Sanhédrin ». « Les évangélistes ont agrégé dans un procès fictif l’ensemble des éléments qui l’opposaient aux autorités juives ». (p. 320).
5. qui a fait toute sa carrière dans… la Banque !
6. Le mot « courageux » est à prendre dans le sens que lui donne la « droite molle », ou « fausse droite », c’est-à-dire au sens de : qui ne suit pas la gauche dans toutes ses lubies, mais dans de nombreuses toutefois, et qui reste pétrifié concernant les sujets politiques, moraux ou historiques sur lesquels la gauche hausse la voix.
7. et pas que la lecture directe, puisque l’auteur a pu étaler ses thèses les plus scandaleuses dans la presse « de droite » ou dans des émissions radiophoniques « de droite ».
8. Et alors ?
9. Il cite notamment les « guerres de religion » ou la révocation de l’Edit de Nantes, au cours desquelles l’Etat aurait manqué à la justice (p.15). Son discours sur ces guerres est très convenu, très conforme à l’histoire officielle et donc injuste envers le « parti catholique ».
10. Allocution devant le Grand Orient de France en 2012.
11. p. 1075. Plusieurs de ces assertions sont erronées ou mal présentées, et Petitfils ne se penche pas sur les facteurs plus politiquement incorrects et les acteurs du projet mondialiste.
12. Ibid.
13. Le rétablissement de l’autorité politique légitime et le règne du Christ.
14. « du colonel » devrait-on dire plutôt, en toute rigueur légale et historique.
15. p. 817
16. Pétain — De Gaulle, colonel Le Pargneux, Ed. des Cimes, p. 14.
17. p. 832
18. dans son Jésus mais ici aussi à plusieurs reprises. Par exemple quand l’autorité royale a sévi contre les « boucs émissaires habituels », avec Philippe Le Bel, c’était forcément injuste et sans aucun fondement légitime, tout comme la législation de Vichy en la matière.
19. p. 843. Et, énorme bobard sur la même page : « des milliers de Juifs sont morts de mauvais traitements dans les camps français ou assassinés par la Milice ». Petitfils est le seul à avoir entendu parler de milliers de Juifs assassinés par la Milice : même les auteurs gauchistes n’en parlent pas. Va-t-il réparer cette calomnie ?
20. Bréviaire de la haine, Ed. Calmann-Lévy, 1974, p. 196.
21. Sans de « zone libre », où ils ont pu se réfugier, et d’ailleurs n’y pas porter « l’étoile jaune » par opposition ferme du Maréchal.
22. pour utiliser un néologisme assez commode, connexe à l’expression éloquente de « Grand Remplacement ».
23. p. 849
24. « au regard de la nation » ne veut rien dire ici. Les problèmes de style et d’exactitude des termes sont récurrents dans l’ouvrage.
25. sans qu’on y apprenne quoi que ce soit. Le Jean-Christian Petitfils politologue n’est guère convaincant.
26. p. 1068.