Gilets jaunes : un neurochirurgien demande un moratoire sur les armes sub-létales

Fiorina, étudiante blessée lors de la manifestation des "Gilets jaunes" du 8 décembre

« Le professeur Laurent Thines, neurochirurgien au CHU de Besançon, vient de mettre en ligne une pétition pour demander à terme l’arrêt des flash-ball, LBD, grenades lacrymogène ou de désencerclement dans les manifestations. Des armes sub-létales qui, écrit-il, sont extrêmement dangereuses.

Cette pétition publiée sur le site Change.org  est destinée au ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.

Les différents mouvements de revendication qui ont eu lieu ces dernières années dans notre pays (manifestations de lycéens, écologistes, travailleurs, gilets jaunes) ont montré que de nombreux concitoyens ont été gravement blessés par l’utilisation de lanceurs de balle de défense (flash-ball, LBD40) ou de grenades (de type lacrymogène ou désencerclement).

Ce neurochirurgien a été particulièrement choqué par les photos de personnes blessées lors des manifestations, en particulier depuis la mobilisation des « Gilets jaunes ». Il précise dans cette pétition intulée « Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes sub-létales »  que les

 lésions constatées et prises en charge par Nous, personnels soignants, dues à ces armes utilisées sur des personnes parfois très jeunes ou âgées, exerçant leur droit à manifester, sont choquantes et inacceptables : énucléation, amputation d’extrémité de membre, fracas maxillo-facial et dentaire, traumatisme cranio-cérébral engageant le pronostic vital… Tant de vies ont été ainsi sacrifiées…

C’est pourquoi le chirurgien s’adresse prioritairement à ces collègues. « On  a la légitimité pour prendre la parole sur ce sujet. Des confrères d’autres villes m’ont signalé ces blessures. Des dommages corporels qu’il dénoncait déjà lors du Grand Débat organisé à Besançon.

Au cours de ce débat du 18 janvier, le professeur de médecine affichait son soutien aux « Gilets jaunes ». Lorsque Laurent Thines écoute le président de la République Emmanuel Macron dire que « les Français n’ont pas le sens de l’effort », il prend cette phrase comme un « coup de tonnerre ». « Comment ce président peut il être aussi déconnecté de la vie quotidienne des Français ? »

Cette France qui a le sens de l’effort, déclarait-il avec une lègère émotion dans la voix, c’est celle qui travaille dans les hôpitaux. Ces gens sauvent des vies tous les jours et leurs salaires ne sont pas revalorisés.

Laurent Thines précise qu’il n’intervient pas dans une démarche personnelle,

Je n’ai aucun intérêt à défendre ce mouvement, je gagne bien ma vie, je suis passionné

mais souligne-t-il à l’intention du délégué général de La République en marche, Stanislas Guérini,  présent dans la salle,

J’entends la souffrance et le sentiment d’injustice dans ce pays.

A la fin de son intervention, applaudie par les « Gilets jaunes », Laurent Thinès évoquait déjà ce moratoire pour l’usage des armes sub-létales lors des manifestations.

Quand on prend une balle de flash-ball dans le corps, on a une chance sur cinq de mourir ou d’avoir des handicaps. Est-ce acceptable ? Nous sommes en France pas dans une dictature. La violence appelle la violence. La situation n’est plus tenable. »

Source France3