Eglise : Le synode pan-amazonien s’annonce terrifiant

Ci-dessous la traduction et les commentaires de Jeanne Smits sur les travaux préparatoires au synode pan-amazonien qui se déroulera à l’automne prochain à Rome. A retrouver en intégralité sur le blog de l’auteur.

Trouvé sur le blog de Jeanne Smits : « L’Instrumentum Laboris (instrument de travail) en vue du synode Pan amazonien qui se tiendra en octobre prochain à Rome a été publié en langue espagnole le 17 juin. Il tient (hélas) les promesses du document préparatoire, déjà imprégné de syncrétisme religieux que j’ai commenté ici : (« Le synode pour l’Amazonie sur un vecteur pour la théologie indienne ») et ici : (« anticolonialisme et prise en compte des spiritualités païennes »).

Dans ses premières parties que je vous propose de découvrir succinctement ici, l’Instrumentum Laboris adopte un langage de reconnaissance et d’appréciation systématique, jusqu’à l’absurde, des formes de vie indigènes en Amazonie. Le mythe du bon sauvage n’est pas loin, pas plus que celui de l’avènement ici-bas d’un monde idéal atteint grâce à l’harmonie avec la nature.

J’ai traduit quelques passages de ces premières parties : les citations ci-dessous ne constituent donc pas la traduction officielle du texte et elles sont choisies de manière à mettre en évidence certaine constantes. Arrivée à peu près à la moitié de l’Instrumentum – j’espère avoir le temps d’aller plus loin dans les jours qui viennent – je suis bien obligée de constater que les notions classiques de l’évangélisation sont spectaculairement absentes.

Première remarque : l’Amazonie devient ici une sorte de lieu idéal et idéalisé, victime d’indicibles injustices qu’il faut réparer en revenant le plus possible au statu quo antérieur, en même temps qu’elle est présentée comme une sorte d’idéal de la vie religieuse en tant que lien avec le Dieu créateur.

Dans la suite de cet article, je retiens la numérotation du document. Les citations traduites intégralement sont en caractères romains, les résumés sont en italique, mes éventuels commentaires sont en gras.

Enfin, la traduction n’est pas des plus élégantes, je suis allée vite pour aller à l’essentiel. Pardon pour les fautes de frappe !

*

 

2. Reconnaître l’irruption de l’Amazonie comme un sujet nouveau. Ce nouveau sujet, qui n’a pas été considéré suffisamment dans le contexte national ou mondial ni dans la vie de l’Eglise est aujourd’hui un interlocuteur privilégié.

Pardon pour le charabia : je restitue ce que je lis. L’Amazonie est donc devenu une entité avec laquelle on dialogue « en Eglise »

 

3. (…) Se laisser interpeller sérieusement par les périphéries géographiques existentielles. Ce processus doit se poursuivre pendant et après le synode comme un élément central de la vie future de l’Eglise. (…)

Central, vous avez bien lu. Si l’Eglise est désorientée,  serait-ce parce qu’elle se tourne insuffisamment vers l’Amazonie ?

 

5. L’Eglise toujours plus synodale est en contact avec « la réalité contrastée d’une Amazonie pleine de vie et de sagesse »; il faut voir et écouter dans la logique d’Evangelii Gaudium,  juger et agir à travers la conversion écologique de Laudato si’;  juger et agir à travers la conversion à la synodalité ecclésiale exposée dans Episcopalis communio.

Tout cela constituait-il donc un plan dont on espère nous faire vivre l’aboutissement à l’automne prochain ?

 

6.  Ce paragraphe reconnaît le don de la Providence que fut l’évangélisation de l’Amérique latine malgré la colonisation militaire, politique et culturelle et au-delà de l’avarice et de l’ambition des colons. Rappel du don de leur vie par de nombreux missionnaires. Mais : « Fréquemment, l’annonce du Christ s’est réalisée en connivence avec les pouvoirs qui exploitaient les ressources et opprimer les populations. »

7. Aujourd’hui l’Eglise a l’occasion historique de se différencier nettement des nouveaux pouvoirs colonisateurs en écoutant les peuples d’Amazonie pour pouvoir exercer avec transparence son rôle prophétique. La crise socio-environnementale ouvre de nouvelles opportunités pour présenter le Christ dans toute sa potentialité libératrice et humaine. (…)

Heureuse faute, acte II ? Amazonie est ensuite présentée comme « source de vie ».

 

8. La vie en Amazonie s’identifie entre autres choses avec l’eau. L’Amazonie est comme l’artère du continent et du monde, elle coule comme les veines de la flore et de la faune du territoire, comme demeure de ses peuples, de ses cultures et de ses expressions spirituelles. Comme dans l’Eden, l’eau est source de vie, mais aussi connexion entre les différentes manifestations de la vie, où tout est lié.


On n’est pas loin de la divinisation des éléments de la nature, qui est d’ailleurs propre aux « expressions spirituelles » indigènes.

 
9. Elle régule les cycles de l’eau, de l’énergie et du carbone au niveau planétaire…  Selon des experts internationaux l’Amazonie est la deuxième zone la plus vulnérable de la planète après l’Arctique, relativement au changement climatique d’origine anthropogénique.

On l’attendait, celui-là !

 

Vie en abondance

11. Jésus offre une vie en plénitude, une vie pleine de Dieu, vite salvifique (zoe) qui commence dans la création et qui se manifeste dans ce qu’il y a de plus élémental dans la vie (bios). En Amazonie, elle se reflète en son abondante biodiversité et les cultures. C’est-à-dire une vie pleine et intègre, une vie qui chante, un chant à la vie, comme le chant des rivières. C’est une vie qui danse et qui représente la divinité dans notre relation à elle. (…)


??? Je répète : ???

 
Le bien vivre

12. La recherche par les peuples indigènes d’Amazonie de la vie en abondance se concrétise dans ce qu’ils appellent le « bien vivre ». Il s’agit de vivres en « harmonie avec soi-même, avec la nature, avec les êtres humains et avec l’être suprême, puisqu’il y a une intercommunication entre tout le cosmos, où il n’y a ni excluant ni exclu, où nous puissions tous forger un projet de pleine vie.”

Une note précise qu’il s’agit là du « cri du sumak kawsay en Amazonie » : les enseignements ancestraux des peuples indigènes. Cette expression traduite par « bien vivre » signifie le rejet de la modernité capitaliste. S’il faut en croire ce site,  cette notion « associe des apports culturels occidentaux et modernes tels que le marxisme, anarchisme, féminisme et l’écologie ». Son langage est très présent dans l’ensemble du document.

 

13. Une telle compréhension de la vie se caractérise par la connectivité et l’harmonie des relations entre l’eau, le territoire et la nature, la vie communautaire et la culture, Dieu et les différentes forces spirituelles. Pour eux, « bien vivre » c’est comprendre la centralité du caractère relationnel transcendant des êtres humains et de la création, et cela suppose un « bien faire ».  On ne peut pas déconnecter les dimensions matérielles et spirituelles. Ce mode intégral s’exprime dans leurs propres manières de s’organiser, qui part de la famille et de la communauté, et qui embrasse un usage responsable de tous les biens de la création. Certains d’entre eux parlent de cheminer vers la « terre sans maux » ou à la recherche de « la colline sainte » ; des images qui reflètent le mouvement et la notion communautaire de l’existence.


« Dieu et les différentes forces spirituelles » ? Quelles sont-elles ? Quelle est cette marche vers un paradis communautaire ici-bas ? Je crois qu’il n’est pas nécessaire de faire un dessin.

 
Vie menacée

14 Tous les droits fondamentaux des peuples originels menacés. Responsables:  Les entreprises d’extraction, souvent en connivence avec les autorités locales nationales et même les autorités traditionnelles indiennes. “ Comme le dit le pape François, ceux qui suivent de tels intérêts paraîtraient être déconnectés ou indifférents par rapport aux cris des pauvres de la terre.

15  Parmi tous les malheurs causés par cette situation d’exploitation, la vie en Amazonie est menacée par « la perte de sa culture originelle et  de son identité ( langue, pratiques spirituelles et coutumes) ».


La perte des  pratiques spirituelles animistes, polythéistes, chamaniques, immanentistes, avec le culte de la terre serait donc un grand malheur…

 
Défendre la vie, confronter l’exploitation

17  Les communautés consultées ont aussi insisté sur le lien entre la menace contre la vie biologique et la vie spirituelle, c’est-à-dire menace intégrale. (…) Prendre soin de la vie s’oppose à la culture du déchet, du mensonge, de l’exploitation et de l’oppression. En même temps, cela suppose de s’opposer à une vision insatiable de la croissance sans limites, à l’idolâtrie de l’argent, un monde déconnecté ( de ses racines, de son environnement), à une culture de mort. Pour résumer, la défense de la vie suppose la défense du territoire, de ses ressources ou biens naturels, mais aussi de la vie et de la culture des peuples,  la fortification de son organisation, la pleine exigibilité de ces droits et la possibilité d’être écouté. Pour reprendre les paroles de ces mêmes indigènes : « Nous, indigènes de Guaviare (Colombie) sommes-faisons partie de la nature parce que nous sommes eau, air, terre et vie du milieu ambiant créé par Dieu. C’est pourquoi, nous demandons que cessent les mauvais traitements et l’extermination de la Terre Mère. La terre a du sang et elle se vide de son sang, les multinationales ont coupé les veines de notre Terre Mère. Nous voulons que notre clameur indigène soit écoutée par tout le monde. »

« Nous sommes-faisons partie de la nature parce que nous sommes eau, air, terre et vie du milieu ambiant créé par Dieu.  »Relisez encore cette phrase: bien plus que « tout est lié », il s’agit de dire que tout est dans tout et réciproquement, de rejoindre l’idée selon laquelle l’homme n’est qu’un élément de la vie intégrale, voire de la conscience universelle.

 

Une clameur pour vivre

18.  Les menaces et les agressions contre la vie entraînent des clameurs, aussi bien des peuples que de la terre. Partant de ces clameurs comme lieu théologique (un lieu d’où l’on pense la foi) on peut entreprendre des chemins de conversion, de communion et de dialogue, des chemins de l’Esprit, d’abondance et du « bien vivre ». L’image de la vie et du « bien vivre » comme « chemin vers la colline sainte » implique une communion avec les pèlerins et avec la nature dans son ensemble, c’est-à-dire, un chemin d’intégration avec l’abondance de la vie, avec histoire et avec l’avenir. Ces nouveaux chemins se font nécessaires, vu que les grandes distances géographiques et la méga-diversité culturelle de l’Amazonie sont des réalités qui n’ont pas encore été résolues dans le domaine pastoral. (…)

Encore le charabia. Mais notez la qualification des « clameurs » comme « lieux théologiques » d’où part la conversion. La conversion écologique, cela va de soi.

 

Chapitre II. Territoire

Territoire,  Vie et révélation de Dieu

19. (…) Nous pouvons dire que l’Amazonie – ou tout autre espace territorial indigène ou communautaire –  n’est pas seulement un ubi (un espace géographique), mais que c’est aussi un quid,  c’est-à-dire, un lieu de sens pour la foi ou l’expérience de Dieu dans l’histoire. Le territoire est un lieu théologique depuis lequel on vit la foi, c’est aussi une source singulière de révélation de Dieu. Ces espaces sont des épiphanies où se manifeste la réserve de vie et de sagesse pour la planète, une vie et une sagesse qui parle de Dieu. En Amazonie se manifestent les « caresses de Dieu » qui s’incarne dans l’histoire.

« Epiphanie », la jungle amazonienne et ses dangers terrifiants, ses tribus soumises aux sorciers (qui ne sont décidément pas des enfants de chœur) ?

 

Un territoire où tout est lié

21. (…) Dans le territoire amazonien il n’existe pas de partie qui puisse subsister par elle-même avec seulement des relations extérieures, il s’agit plutôt de dimensions qui existent constitutivement en relation, formant un tout vital. D’où vient que le territoire amazonien offre un enseignement vital pour comprendre intégralement nos relations avec les autres, avec la nature et avec Dieu, comme l’affirme le pape François.

Enfoncés, Aristote et saint Thomas – et toute l’indicible richesse de notre héritage chrétien !

 

Territoire d’espérance et du « bien vivre »

24.  L’Amazonie est le lieu de la proposition du « bien vivre », de promesses et d’espérance pour de nouveaux chemins de vie. La vie en Amazonie est intégrée et unie au territoire, il n’y a ni séparation ni division entre les parties. Cette unité englobe toute l’existence : le travail, le repos, les relations humaines, les rites et les célébrations. Tous se partage, les espaces privés – typiques de la modernité – sont minimes. La vie est un chemin communautaire où les tâches et les responsabilités se divisent et se  partage en fonction du bien commun. Il n’y a pas de place pour l’idée de l’individu détaché de la communauté ou de son territoire.

Relisez bien : le mirage communiste n’est pas loin.

 

25. La vie des communautés amazoniennes qui n’ont pas encore été affectées par l’influence de la civilisation occidentale, se reflète dans la croyance et dans les rites concernant l’action des esprits, de la divinité –  que l’on nomme de nombreuses manières – avec et dans le territoire, avec la nature et en relation avec elle. Cette cosmovision se résume dans le mantra de François : « Tout est lié. »

Le vocabulaire est ici intéressant, puisque le pape François est crédité d’un « mantra » quasi panthéiste et que les croyances en l’action des esprits que l’on obtient grâce à des rites ne sont pas critiquées. Est-il nécessaire de dire qu’elles sont pourtant très gravement contraires à notre foi et que ces rites d’appel des esprits sont tout aussi gravement interdits comme relevant du commerce avec les démons ?

 

26. L’intégration de la création, de la vie considérée comme une totalité qui embarque toute l’existence, est au fondement de la culture traditionnelle qui se transmet de génération en génération à travers l’écoute de la sagesse ancestrale, réserves vives de la spiritualité et de la culture indigène. Cette sagesse inspire le soin et le respect de la création, avec une conscience claire de ses limites, interdisant qu’on en abuse. Abuser de la nature, c’est abuser des ancêtres, des frères et des sœurs, la création et du créateur, en hypothéquant l’avenir.

Bons sauvages… Mais attention, plus loin on dénonce justement ce nom de « sauvages ».

 

27.  Les cosmovisions  amazoniennes et chrétiennes sont toutes les deux en crise…

CHAPITRE III Le temps (Kairos)

Temps de grâce

28.  L’Amazonie vit un moment de grâce, un Kairos. Le synode d’Amazonie est ainsi le temps où l’Esprit Saint ouvre de nouveaux chemins…

29.  Les peuples amazoniens originels ont beaucoup à nous apprendre. Reconnaissons que depuis des milliers d’années ils prennent soin de leur terre, de l’eau et de la forêt, et qu’ils ont réussi jusqu’à aujourd’hui à les préserver pour que l’humanité puisse bénéficier de la jouissance des dons gratuits de la création de Dieu. Les nouveaux chemins d’évangélisation doivent se construire en dialogue avec ces sagesses ancestrales où se manifestent les semences du Verbe.

J’ai acheté il n’y a pas si longtemps un livre sur les us et coutumes de certaines tribus d’Amazonie. Les sagesses ancestrales laissent, je vous l’assure, pas mal de choses à désirer.

 

Temps d’inculturation et d’interculturalité

30. L’Eglise s’est faite chair en montant sa boutique – son “tapiri” (?) – en Amazonie. Se confirme ainsi un cheminement qui a commencé avec le concile Vatican II pour toute l’Eglise…  ( dialogue interculturel)  La diversité originelle qu’offre la région de l’Amazonie – biologique, religieux et culturel – évoque une nouvelle Pentecôte.

Le ton de ce paragraphe est étrange mais aboutit bien à la  glorification d’une nouvelle approche de l’évangélisation. On y voit surtout la contradiction entre la Pentecôte qui est la venue du Saint Esprit après la mort et la résurrection du Christ et son  assimilation à la « diversité originelle » qui serait en quelque sorte constitutive d’un bien en soi.

 

Temps d’espérance

33.  Le synode d’Amazonie se convertit ainsi en un signe d’espérance pour le peuple d’Amazonie et pour toute l’humanité. C’est une grande occasion pour que l’Eglise puisse découvrir la présence incarnée et active de Dieu : dans les manifestations les plus diverses de la création, dans la spiritualité des peuples originels ; dans les expressions de la religiosité populaire ; dans les différentes organisations populaires qui résistent aux grands projets ; dans la proposition d’une économie productive, durable et solidaire qui respecte la nature. Ces dernières années la mission de l’Eglise est réalisée dans l’alliance avec les aspirations et les luttes pour la vie et pour le respect de la nature des peuples amazoniens et de leurs propres organisations.

La présence incarnée et active de Dieu n’est plus ici le Christ vrai Dieu et vrai homme avec nous jusqu’à la fin des temps : elle se manifeste à travers la matière de la création et la « spiritualité des peuples originels ». Nous nageons ici, ce me semble, en pleine hérésie relativiste.

 

34.  Par la force du Saint Esprit, l’Eglise, identifiée avec cette histoire de croix et de résurrection, veut apprendre, dialoguer et répondre avec espérance et allégresse au signe des temps, ensemble avec les peuples d’Amazonie. Nous espérons qu’un tel apprentissage, que ce dialogue et cette co-responsabilité, puissent aussi s’étendre à tous les coins de la planète qui aspire à la plénitude intégrale de la vie dans tous les sens du mot. Nous croyons que ce Kairos de l’Amazonie, comme temps de Dieu, convoque et provoque, c’est un temps de grâce de libération, de mémoire et de conversion, de défis et d’espérance.

Tous en pagne !

Et puis, quelle étrange manière de parler de l’histoire du salut (« cette histoire de croix et de résurrection »)…

 

Chapitre IV. Dialogue.

36. Comme l’Amazonie est un monde pluriethnique, pluriculturel et pluri-religieux, la communication, et par tant l’évangélisation exigent des rencontres et des convivialités qui favorisent le dialogue. …

37.  Le dialogue pour tous.  Le dialogue de recherche l’échange, le consensus et la communication, les accords et les alliances, « mais sans perdre la question de fond », c’est-à-dire la « préoccupation pour une société juste, capable de mémoire et sans exclusion”.  Pacte social et culturel : Pour ce pacte, l’Amazonie représente un pars pro toto,  un paradigme, une espérance pour le monde.

Depuis quand la question de fond est-elle la préoccupation pour une société juste, capable de mémoire et sans exclusion ? La grande question n’est-elle pas celle de notre salut individuel dans le bonheur éternel auprès de Dieu ?

 

Dialogue avec les peuples amazoniens.

38. Il faut un dialogue à propos des blessures infligées par les longues périodes de colonisation aux peuples amazoniens.  De nombreux obstacles à une évangélisation dialogique et ouverte à l’altérité culturelle sont de caractère historique et se cachent derrière certaines doctrines pétrifiées.

L’important, c’est de bouger, ensemble et différents mais toujours en mouvement ! C’est la dimension hégélienne qui se cache derrière cette Novlangue.

 

Dialogue et apprentissage

39.  De nombreux peuples amazoniens sont constitutivement dialogiques et communicatifs. Il existe un ample et nécessaire champ de dialogue entre les spiritualités, les credos et les religions amazoniennes qui exigent un rapprochement cordial des diverses cultures. Le respect de cet espace ne signifie pas relativiser ses propres convictions, mais consiste à reconnaître d’autres chemins qui cherchent à élucider le mystère inépuisable de Dieu. L’ouverture non sincère à l’autre, ainsi qu’une attitude corporatiste, qui réserve le salut exclusivement à son propre credo, sont destructrices de ce même credo. C’est ce qu’a expliqué Jésus au docteur de la loi dans la parabole du bon samaritain. L’amour vécu dans n’importe quelle religion est agréable à Dieu. (…)

Je vous renvoie ici à la déclaration d’Abu Dhabi, on n’en est pas si loin.

Notons aussi que la mention d’une « attitude corporatiste » pour rejeter, sans la nommer, la vérité « Hors de l’Eglise, point de salut », confine au génie. Marxiste, bien sûr.

 

40.  Le dialogue en faveur de l’avenir de la Planète et de la vie relève de la Pentecôte…  Nous découvrons notre identité à partir de la rencontre avec l’autre, à partir des différences et des coïncidences qui nous montrent l’opacité de la réalité et du mystère de la présence de Dieu.

En clair : la vérité est bien trop complexe et multiforme pour que nous n’ayons pas besoin des trésors de la sagesse primitive, y compris pour comprendre nos propres croyances.

 

PARTIE II  la clameur de la terre et des pauvres

57  Voici les “PIAV”, peuples indigènes volontairement isolés du monde qui  résistent au modèle actuel de développement économique prédateur, génocide, écocide.

Et combien juste est leur résistance aux influences occidentales, comprend-on à travers ce paragraphe et les suivants.

 

61 Dénonce le défaut de reconnaissance des droits territoriaux des indigènes et des PIAV

62 Il faut défendre leurs droits et leurs territoires et prévoir une pastorale d’ensemble pour les grandes zones frontalières.

Les familles amazoniennes

75.  C’est dans les familles que palpite la cosmovivance. Il s’agit de diverses connaissances et pratiques millénaires dans des domaines variés comme l’agriculture, la médecine, la chasse et la pêche, en harmonie avec Dieu, la nature et la communauté. C’est aussi dans la famille que se transmettent les valeurs culturelles, comme l’amour de la terre, la réciprocité, la solidarité, le vécu du présent, le sens de la famille, la simplicité, le travail communautaire, l’organisation propre, la médecine et l’éducation ancestrale. En outre la culture orale (histoire, croyance et chant), avec ses couleurs, ses habits, son alimentation, ses langues et ses rites font partie de cet héritage qui se transmet en famille. En définitive, c’est dans la famille qu’on apprend à vivre en harmonie : entre peuples, entre générations, avec la nature, en dialogue avec les esprits.

Le « dialogue avec les esprits » est vraiment de trop, à moins qu’il ne s’agisse aux yeux des rédacteurs de l’essentiel. Je vous renvoie aux remarques ci-dessus sur le commerce avec les démons.

 

76.  Dénonciation du fait qu’on ait appelé des indigènes « sauvages » ou « primitifs ».
Parmi les recommandations de ce chapitre, il faut :

– écouter le chant qui s’apprend famille comme mode d’expression de la prophétie dans le monde amazonien.

Quelle prophétie ? Venant d’où ?

 

  Promouvoir le rôle de la femme en reconnaissant son rôle fondamental dans la formation et la continuité des cultures, dans la spiritualité, dans les communautés et les familles. Il est nécessaire d’assumer le rôle de leadership féminin au sein de l’Eglise.

Cela était déjà esquissé dans le document préparatoire : la spiritualité et la culture indigènes ne conçoivent pas l’homme sans la femme ni la femme sans l’homme ; c’est une dualité que l’Eglise devrait donc respecter, y compris sur le plan liturgique. Un point à creuser.

 

— Affirmer une pastorale familiale suivant les indications de l’exhortation apostolique Amoris laetitia… qui accompagne, intègre et n’exclut pas la famille blessée.  Une pastorale sacramentelle qui fortifie et console chacun sans exclure personne. Une formation permanente des agents pastoraux tenant compte des récents synodes et de la réalité familiale en Amazonie.

 

La communion pour tous ?

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