Drames de la pornographie pour les actrices comme pour les consommateurs

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Lorsqu’on lui demande ce qu’elle voudrait dire aux consommateurs de films pornographiques, l’ancienne actrice porno américaine Shelley Lubben répond : « Vous participez à votre propre mise à mort. A la mort de votre famille et de votre femme. Je ne saurais vous dire combien de personnes dépendantes du porno ont perdu leurs familles et leur travail. C’est vraiment triste. Ils contribuent également au fait que des enfants soient violés. Vous voulez une bonne raison de ne pas regarder de porno ? Pensez au porno impliquant des enfants. Pensez qu’au moment où je vous parle, des petits enfants sont drogués et violés. Comment quiconque pourrait continuer à regarder du porno en sachant cela ? »

L’industrie du porno : un monde de triche, de mensonges et d’agressions pour les actrices
Son constat est sans appel : l’industrie de la pornographie n’est autre qu’un vaste réseau de trafic humain qui engendre des ravages considérables pour tous ceux qui s’en approchent.
Si les actrices persévèrent, c’est qu’elles ont besoin d’argent, que la plupart ont été violées et ne respectent plus ni leur propre personne ni leur propre corps, ou qu’elles ont été trompées et pensaient sincèrement entrer dans un monde fascinant et « sexy ».
Elle se souvient d’un monde de triche et de mensonge dans lequel la plupart des acteurs sont infectés de maladies sexuellement transmissibles sans que personne ne s’en inquiète. Les médecins ne sont pas de vrais médecins, les promesses ne sont jamais tenues et les menaces sont incessantes.
En échange d’une scène tournée, les réalisateurs promettent de l’argent, la couverture du DVD, un futur brillant… In fine, ils menacent de tout révéler aux familles, de ternir la réputation des actrices sur internet, ou même de les frapper. Un cercle vicieux dont il est terriblement difficile de s’extraire.

La pornographie ravage la vie d’actrices déjà fragiles ou dépendantes financièrement
Les témoignages sont désormais nombreux, mais les actrices sont toujours présentes. Le parcours de Shelley Lubben en dit un peu plus : « J’ai été abusée sexuellement à 9 ans par un adolescent et sa sœur. J’ai fait l’expérience d’une activité hétérosexuelle et homosexuelle très choquante alors que j’étais très jeune. En même temps j’ai grandi devant la télévision – autorisée à regarder des films d’horreur, des scènes sexuelles… J’ai tout appris de l’amour et du sexe par le biais d’un viol et à cause de la négligence de mes parents ».
En se rebellant contre son père, elle est partie chercher l’« amour » qu’il ne lui donnait pas dans les bras de plusieurs hommes. Son père l’a mise à la porte et elle a commencé à se prostituer… Être filmée ou non, quelle différence finalement…
Pour elle, l’immense majorité des acteurs de pornos n’a pas le « choix » : c’est une question d’argent renforcée par l’absence d’études. A fortiori quand avec le temps, les films deviennent de plus en plus violents. Pour Shelley Lubben, il est temps de dire que l’industrie pornographique nourrit le trafic sexuel dont elle est partie intégrante. Si le drame est évident pour les actrices violentées et jamais respectées, il n’en atteint pas moins les garçons (majoritairement) placés de l’autre côté de l’écran.
Le psychologue et éminent professeur de l’Université de Stanford, Phillip Zimbardo, a mis en garde contre les conséquences dramatiques de la pornographie sur la masculinité dans son dernier livre « Man (dis)connected ».

Un professeur d’université dénonce les ravages de la pornographie chez les consommateurs
En observant 20.000 jeunes hommes et leurs relations aux jeux vidéo et à la pornographie, le professeur a réalisé que ces activités sont terriblement néfastes sur leur masculinité. Il en résulte des problèmes de sociabilité, de scolarité et même de virilité.
Pour lui, le visionnage de pornographie mêlé à l’usage excessif de jeux vidéo produit une reprogrammation du cerveau masculin, qui cherche alors à s’échapper dans un monde virtuel plutôt que d’affronter la réalité, dans la vie comme en amour.
Il en appelle également à une meilleure éducation sexuelle à l’école, basée non seulement sur la biologie et la santé, mais aussi sur les émotions, le contact physique et la relation amoureuse.
En clair la pornographie est une calamité pour les actrices comme pour les consommateurs.

Le mal est pourtant largement répandu, dans tous les milieux, et personne n’ose élever la voix pour en dénoncer les ravages pourtant bien établis.