« Casse-toi de là sale français ! T’es pas chez toi ici, casse-toi ! »

« Comment décrire l’état d’esprit qui est celui, actuel, de Michel del Burgo ? Colère ? Dégoût ? Incompréhension ? C’est un peu tout à la fois. Mardi soir, vers 18 h 30, le grand chef cuisinier qui s’apprête à ouvrir un restaurant de grand prestige à Carcassonne a été victime d’une agression qu’il ne s’explique pas. Et qui le rend malade. Il raconte.

«Je sortais de mon établissement et me rendais en centre-ville en voiture en passant par le quartier la Conte. Je me suis arrêté à hauteur du bureau de tabac, de l’autre côté de la chaussée, pour répondre à un appel téléphonique… Tandis que je discutais, j’ai entendu des cris : «casse-toi de là, sale Français. T’es pas chez toi ici, casse toi !», raconte-t-il. «Sur le moment, ajoute-t-il, je n’ai pas pris ces invectives pour moi». Et de poursuivre sa conversation… «Tout d’un coup, une pierre est venue briser la vitre latérale du véhicule utilitaire, un petit camion frigo. Et puis une seconde a fait exploser le pare-brise», raconte Michel Del Burgo qui n’a eu d’autre choix que de démarrer et partir.

Hier, bien sûr, il a déposé plainte au commissariat de police pour cette agression qu’il ne s’explique pas. «Pourquoi est-ce que je n’aurais rien à faire à la Conte ? J’ai peut-être une tête à claques ?», s’interroge Michel del Burgo. «J’ai quitté Carcassonne il y a 14 ans, et j’ai travaillé dans plusieurs pays où je n’ai jamais subi le moindre acte raciste. Et là, je reviens ici, dans une ville que j’ai quittée belle et tranquille, pour vivre ça ?», s’indigne le Chef. «C’est mon devoir aujourd’hui de raconter cette histoire car je sais que je ne suis pas le seul à subir ce genre d’agression. J’aime ma ville. Dans son ensemble. Mais c’est sur, désormais, je ne passerai plus par la Conte», ajoute Michel Del Burgo.

C’est sans rapport évidemment, mais hier les propos de Jean-François Copé portant sur le «racisme anti-français» ont suscité de vifs débats. Ici, manifestement, il ne s’agit pas de mots, mais de faits. »

Source :  La Dépêche du Midi