4e Dimanche après Pâques – textes et commentaire

Nous vous proposons une présentation des textes liturgiques propres à ce dimanche (rite catholique traditionnel), avec leur commentaire.

« Vivre en baptisés, fidèles à Dieu, dans les conditions mouvantes et difficiles de la vie d’ici-bas, n’est possible qu’avec le secours de Dieu. C’est de lui que vient tout don parfait (ép.) ; c’est lui qui fixe nos cœurs là où sont les vraies joies (coll.). La présence de l’Esprit-Saint lui-même, l’Esprit de vérité, qui rend témoignage au Christ et nous introduit au cœur du mystère chrétien (év.), achève de nous donner l’assurance et la paix surnaturelles qui sont un des plus précieux bienfaits de la vie chrétienne. »

Dom G. Lefèbvre

 

TEXTES AVEC COMMENTAIRE DE DOM GUÉRANGER
(dans l’Année liturgiquedisponible ici avec ses autres livres)

« Introït (Ps. 97, 1 et 2) :
Chantez au Seigneur un cantique nouveau, alléluia ; car le Seigneur a opéré des merveilles, alléluia, Il a révélé sa justice aux yeux des nations, alléluia, alléluia, alléluia.
(Ps. Ibid, 1)
Sa droite et son saint bras l’ont fait triompher.

Dans l’Introït, l’Église, adoptant un des plus beaux cantiques du Psalmiste, célèbre avec enthousiasme les bienfaits que le Seigneur son Époux a répandus sur elle, toutes les nations appelées à connaître ses grandeurs, à recevoir l’effusion de la sainteté dont il est la source, le salut auquel il a appelé tout les hommes.

Comblés des bienfaits de Dieu qui les unit en un seul peuple par ses divins Sacrements, les fidèles doivent s’élever à l’amour des préceptes du Seigneur, et aspirer aux délices éternelles qu’il leur promet : l’Église implore pour eux cette grâce dans la Collecte.

Collecte :
Dieu, qui donnez aux cœurs de vos fidèles une même volonté : accordez à vos peuples d’aimer ce que vous leur commandez, de désirer ce que vous leur promettez ; afin qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs demeurent fixés là où sont les joies véritables.

ÉPÎTRE.
Lecture de l’Épître du Bienheureux Apôtre Jacques (Iac. 1, 17-21.) :
Mes bien-aimés, toute grâce excellente et tout don parfait descend d’en haut, et vient du Père des lumières, chez qui il n’y a pas de variation, ni d’ombre, ni de changement. De sa propre volonté il nous a engendrés par la parole de vérité, afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures. Vous le savez, mes frères bien-aimés. Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, et lent à se mettre en colère, car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. C’est pourquoi, rejetant toute souillure et tout excès de méchanceté, recevez avec douceur la parole entrée en vous qui peut sauver vos âmes.

Les faveurs répandues sur le peuple chrétien procèdent de la haute et sereine bonté du Père céleste. Il est le principe de tout dans l’ordre de la nature ; et si, dans l’ordre de la grâce, nous sommes devenus ses enfants, c’est parce que lui-même a envoyé vers nous son Verbe consubstantiel, qui est la Parole de vérité, par laquelle nous sommes devenus, au moyen du Baptême, les fils de Dieu. Il suit de là que nous devons imiter, autant qu’il est possible à notre faiblesse, le calme divin de notre Père qui est dans les cieux, et nous garantir de cette agitation passionnée qui est le caractère d’une vie toute terrestre, tandis que la nôtre doit être du ciel où Dieu nous attire. Le saint Apôtre nous avertit de recevoir dans la douceur cette Parole qui nous fait ce que nous sommes. Elle est, selon sa doctrine, une greffe de salut entée sur nos âmes. Qu’elle s’y développe, que son succès ne soit pas traversé par nous, et nous serons sauvés.

Allelúia, allelúia. V/. La droite du Seigneur a fait éclater sa puissance ; la droite du Seigneur m’a exalté. (Ps. 117, 16.)
Allelúia. V/. Le Christ ressuscité d’entre les morts ne meurt plus la mort n’aura plus d’empire sur lui. Alléluia.

Dans le premier Verset alléluiatique, le Christ ressuscité célèbre, par la voix du Psalmiste, la puissance du Père qui lui a donné la victoire dans sa résurrection. Le second, emprunté à saint Paul, proclame la vie immortelle de notre divin ressuscité.

ÉVANGILE
Suite du Saint Évangile selon saint Jean (Ioann. 16, 5-14.) :
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Je vais à celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : Où allez-vous ? Mais, parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur. Cependant, je vous dis la vérité : il vous est utile que je m’en aille ; car, si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra point à vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai. Et lorsqu’il sera venu, il convaincra le monde ne ce qui concerne le péché, la justice et le jugement. En ce qui concerne le péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi ; en ce qui concerne la justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me verrez plus ; en ce qui concerne le jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé. J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité. Car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera l’avenir. Il me glorifiera, parce qu’il recevra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera.

Les Apôtres furent attristés lorsque Jésus leur eut dit : « Je m’en vais. » Ne le sommes-nous pas aussi, nous qui, depuis sa naissance en Bethléem, l’avons suivi constamment, grâce à la sainte Liturgie qui nous attachait à ses pas ? Encore quelques jours, et il va s’élever au ciel, et l’année va perdre ce charme qu’elle empruntait, jour par jour, aux actions et aux discours de notre Emmanuel. Il ne veut pas cependant que nous nous laissions aller à une trop grande tristesse. Il nous annonce qu’en sa place le divin Consolateur, le Paraclet, va descendre sur la terre, et qu’il restera avec nous pour nous éclairer et nous fortifier jusqu’à la fin des temps. Profitons avec Jésus des dernières heures ; bientôt il sera temps de nous préparer à recevoir l’hôte céleste qui doit venir le remplacer.

Jésus, qui prononçait ces paroles la veille de sa Passion, ne se borne pas à nous montrer la venue de l’Esprit-Saint comme la consolation de ses fidèles ; il nous la fait voir en même temps comme redoutable à ceux qui auront méconnu leur Sauveur. Les paroles de Jésus sont aussi mystérieuses que terribles ; empruntons-en l’explication à saint Augustin, le Docteur des docteurs. « Lorsque l’Esprit-Saint sera venu, dit le Sauveur, il convaincra le monde en ce qui touche le péché. » Pourquoi ? « parce que les hommes n’ont pas cru en Jésus. » Combien, en effet, sera grande la responsabilité de ceux qui, ayant été les témoins des merveilles opérées par le Rédempteur, ne se rendront pas à sa parole ! Jérusalem entendra dire que l’Esprit est descendu sur les disciples de Jésus, et elle demeurera aussi indifférente qu’elle le fut aux prodiges qui lui désignaient son Messie. La venue de l’Esprit-Saint sera comme le prélude de la ruine de cette ville déicide. Jésus ajoute que « le Paraclet convaincra le monde au sujet de la justice, parce que, dit-il, je vais au Père, et que vous ne me verrez plus ». Les Apôtres et ceux qui croiront à leur parole seront saints et justes par la foi. Ils croiront en celui qui s’en est allé au Père, en celui que leurs yeux ne verront plus en ce monde. Jérusalem, au contraire, ne gardera souvenir de lui que pour le blasphémer ; la justice, la sainteté, la foi de ceux qui auront cru seront sa condamnation, et l’Esprit-Saint l’abandonnera à son sort. Jésus dit encore : « Le Paraclet convaincra le monde en ce qui touche le jugement. » Et pourquoi ? « Parce que le prince du monde est déjà jugé. » Ceux qui ne suivent pas Jésus-Christ ont cependant un chef qu’ils suivent. Ce chef est Satan. Or, le jugement de Satan est déjà prononcé. L’Esprit-Saint avertit donc les disciples du monde que leur prince est pour jamais plongé dans la réprobation. Qu’ils y réfléchissent ; car, ajoute saint Augustin, « l’orgueil de l’homme aurait tort de compter sur l’indulgence ; qu’il se donne la peine de contempler le supplice auquel sont livrés les anges superbes [36]. »

Offertoire (Ps. 65, 1-2 et 16.) :
Poussez vers Dieu des cris de joie, ô terre entière, chantez un hymne à son nom ; venez, entendez, vous tous qui craignez Dieu et je vous raconterai tout ce qu’il a fait à mon âme, alléluia.

Dans l’Offertoire, le chrétien emploie les paroles de David pour célébrer les bienfaits de Dieu envers son âme. Il associe la terre entière à sa reconnaissance, et avec raison ; car les faveurs dont le chrétien est comblé sont le bien commun du genre humain, que Jésus ressuscité a appelé tout entier à prendre part, dans les divins Sacrements, aux grâces de la Rédemption.

Secrète :
O Dieu, qui, par les échanges admirables de ce sacrifice, nous avez rendus participants de votre divinité une et souveraine : faites, nous vous en supplions, que comme nous connaissons votre vérité, de même nous la suivions par une conduite digne d’elle.

La sainte Église, qui prend ses délices dans la contemplation de la vérité, dont Jésus ressuscité lui prodigue les trésors, demande pour ses enfants, dans la Secrète, la grâce de mener une vie pure, afin qu’ils puissent mériter d’être admis à voir éternellement cette auguste vérité dans sa source.

Communion :
Quand le Consolateur, l’Esprit de vérité sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement, alléluia, alléluia.

L’Antienne de la Communion reproduit les paroles mystérieuses de l’Évangile que nous venons d’interpréter, et dans lesquelles la venue du divin Esprit nous est montrée comme devant apporter en même temps la récompense aux croyants et le châtiment aux incrédules.

Postcommunion :
Assistez-nous, Seigneur notre Dieu, afin qu’au moyen de ce sacrement reçu par nous avec foi, nous soyons purifiés de nos vices et arrachés à tous les périls.

En offrant ses actions de grâces pour le divin Mystère auquel ils viennent de participer, la sainte Église enseigne à ses enfants, dans la Postcommunion, que l’Eucharistie a en même temps la vertu de nous purifier de nos péchés et de nous préserver des dangers auxquels nous vivons exposés.

Pour terminer cette journée, nous emprunterons cette belle Préface à l’antique Missel gothique publié par dom Mabillon, et qui a été en usage autrefois dans un grand nombre d’Églises des Gaules.

CONTESTATIO.
Dignum et justum est ; æquum et salutare est : nos tibi hic et ubique semper gratias agere, Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus. Sed in hac die Resurrectionis Domini nostri Jesu Christi Filii tui gratulatio major exsultat in cordibus nostris. Hic est enim dies, in quo nobis exorta est perpetuæ causa lætitiæ. Hic est dies resurrectionis humanæ, et vitæ natalis æternæ. Hic est dies, in quo satiati sumus mane misericordia tua : quo nobis ille Benedictus, qui venit in nomine Domini, Deus noster inluxit nobis. Hic enim Dominus noster Jesus Christus Filius tuus adimplens Prophetias temporibus præstitutis, visitavit nos post biduum, die tertia resurrexit. Hic est enim dies tanti muneris benedictione signatus : qui hodierna festivitate gaudentibus in toto orbe mortalibus frequentatur. Quia omnium mors perempta est in cruce Christi ; et in Resurrectione ejus omnium vita surrexit. Il est digne et juste, équitable et salutaire, que nous vous rendions grâces en tout temps et en tous lieux, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel : mais dans ce jour de la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ votre Fils, une allégresse plus grande fait tressaillir nos cœurs. Car c’est ici le jour en lequel nous est apparue la cause des joies éternelles. C’est le jour de la résurrection de l’humanité et le principe de la vie qui ne doit pas finir. C’est le jour où dès le matin nous avons été rassasiés par votre miséricorde, où il a lui sur nous, celui qui est béni et qui vient au nom du Seigneur, celui qui est notre Dieu. C’est le jour où notre Seigneur Jésus-Christ votre Fils, accomplissant les prophéties au temps marqué, nous a visités après deux jours, en ressuscitant le troisième. C’est le jour béni par le souvenir de si grands bienfaits, que, par toute la terre, il est la source de la joie des mortels ; car si la mort a succombé sur la Croix même du Christ, la vie de tous les hommes s’est relevée dans sa Résurrection.

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3 commentaires concernant l'article “4e Dimanche après Pâques – textes et commentaire”

  1. Très bien !
    Mais serait-il possible d’avoir cette rubrique la veille ?
    En effet, ce serait l’idéal pour méditer la messe et s’y préparer…
    Vers midi, cela est trop tard !
    Très cordialement.
    En union de prière.

  2. Oui vous avez raison, c’est ce que nous essayons de faire d’habitude. Mais en ce moment il y a un manque de temps (Contre-info recrute!)
    Nous allons faire un effort sur cette rubrique.

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